Au tour des villes d’Ottawa et de Gatineau de bannir l’application TikTok

Les villes de Gatineau et d'Ottawa emboitent le pas au gouvernement fédéral, au Québec et à d'autres municipalités, et interdisent l'utilisation de l'application TikTok à leurs employés. Les explications de Patrick Foucault.
Photo : (Dado Ruvic/Reuters)
Les villes d'Ottawa et de Gatineau rejoignent le cercle des municipalités canadiennes qui ont banni l’application TikTok pour des raisons de sécurité.
Le 1er mars dernier, l'administration de la Ville de Gatineau a demandé à ses employés de désinstaller l’application de réseautage social de leur téléphone de travail, comme l'a récemment suggéré l'Union des municipalités du Québec (UMQ).
La Ville allègue que « cette mesure est préventive et vise à protéger les données institutionnelles. Toutefois, la Ville va conserver sa présence sur la plateforme puisqu’il n’est pas question, pour l’instant, d’interdire l’utilisation de TikTok par les institutions », a expliqué le Service des communications de la Ville de Gatineau par courriel, jeudi.
La Ville d'Ottawa lui emboîte le pas
De son côté, la Ville d'Ottawa a pris une décision similaire.
Dans une note de service, la direction a confirmé qu'à partir de ce jeudi, son service d'information et de technologie (ITS) restreindra l'accès à l'application TikTok pour tous les appareils mobiles de l'entreprise et les appareils personnels qui accèdent aux informations gérées par la Ville, pour des raisons de cybersécurité
.
Par ailleurs, la Ville affirme que cette décision fait suite à des décisions similaires prises par le gouvernement du Canada et plusieurs gouvernements provinciaux en réponse à l'utilisation de l'application Web
, peut-on lire dans le communiqué.
La liste des villes, institutions et organisations au pays qui ont pris la décision de bannir la très populaire application de partage de vidéo TikTok continue de s’allonger.
Le gouvernement fédéral et les provinces de l’Alberta, du Nouveau-Brunswick et du Québec , notamment, ont déjà tourné le dos à l’application TikTok.
Les villes de Hamilton et de London en Ontario, tout comme les services de police de Niagara et de Waterloo, entre autres, ont aussi choisi d'interdire l'usage de l'application par ses employés. Il en va de même pour la Ville de Laval.
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Une question de sécurité
Selon Antoine Normand, président d’IN-SEC-M, la grappe canadienne en cybersécurité, tout le monde devrait s’en préoccuper, pas seulement les villes. Ce sont toutes les organisations qui doivent leur emboîter le pas, indique-t-il.
L’expert fait savoir qu’à partir du moment où une application comme TikTok est installée sur un appareil, il faut présumer qu’elle a accès à tout ce qu’il y a sur cet appareil : la caméra, le microphone, la liste des contacts, les messages textes, tout comme les courriels reçus
.
De l’avis d’Antoine Normand, les fonctionnaires sont particulièrement vulnérables, car ils ont accès à des informations sensibles.
Un fonctionnaire dans une ville qui fait du télétravail reçoit des courriels, des documents, des informations privées de citoyens. On pourrait présumer que l’ensemble de ces informations sont accessibles par l’application TikTok et, par défaut, par le gouvernement chinois qui est en partie le propriétaire de TikTok. Autrement, pour protéger la vie privée des citoyens et des organisations qui font affaire avec la Ville, on devrait s’abstenir d’utiliser des applications qui sont très intrusives comme TikTok.
Par ailleurs, l’expert mentionne qu’on doit faire également attention à d’autres applications comme Facebook, Twitter, Instagram, etc. qui ont accès aux mêmes types d’informations que TikTok, même si la loi qui régit ces dernières soit différente.
Antoine Normand pense que la position actuelle de TikTok résulte d’une question de géopolitique. Il argue que les gouvernements occidentaux ont de plus en plus d'inquiétudes à l'égard de la Chine.
Il croit également que la place qui a été donnée à ce pays dans les réseaux de communication, dans l’hébergement des données et au sein même des réseaux gouvernementaux est trop importante. Il cite, par exemple, le cas de la GRC
qui utilisait des pièces d’origine chinoise dans son réseau de communication.Avec les informations de Nafi Alibert et de Patrick Foucault