Une vente aux enchères en ligne de chiens maltraités entraîne une enquête

Ce bernedoodle, mis en vente sur un site de vente aux enchères en ligne, était couvert de poils emmêlés, d'excréments et d'urine lorsqu'il a été récupéré, selon la propriétaire de Wild Willow Ranch and Rescue, Candice Cronin.
Photo : Radio-Canada / Trevor Brine
Le bureau du vétérinaire en chef du Manitoba enquête sur un cas possible de maltraitance ou de négligence envers deux chiens mis aux enchères lors d’une vente en ligne.
Les chiens, un mâle et une femelle, étaient couverts d’excréments et d’urine, souffraient d’infections multiples et étaient gravement amaigris, selon le groupe qui les a sauvés, Wild Willow Ranch and Rescue.
Les animaux faisaient partie d’une vente de consignation organisée en février par Grunthal Auction Services, qui proposait plus de 20 chiens à la vente.
Selon la propriétaire de Wild Willow Ranch and Rescue, Candice Cronin, les deux bernedoodles semblaient en mauvais état d’après leurs photos sur le site web de la vente.
Wild Willow Ranch and Rescue a remporté les enchères avec une mise de 135 $ pour chacun des chiens. D’autres chiens proposés à la vente ce jour-là coûtaient 11 $.
Le mâle était tellement mal en point qu’il pourrait avoir des problèmes d’oreilles à vie. Ses canaux auditifs étaient tellement enflés qu’on pouvait à peine regarder à l’intérieur
, dit Candice Cronin,
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Selon Candice Cronin, les signaux d’alarme se sont aggravés dès qu’ils ont organisé le ramassage des chiens avec le vendeur, qui insistait pour leur donner rendez-vous sur le stationnement d’une station-service, plutôt que chez lui.
De plus, le groupe n’a pas été autorisé à rencontrer les propriétaires des chiens.
Nous voulions vraiment être là pour voir l’état des chiens, l’environnement, s’il y avait d’autres chiens, mais ils ont refusé
, précise Candice Cronin.
Elle dit avoir été choquée lorsqu’elle est allée chercher les chiens.
Nous avons ouvert la camionnette et j’ai failli tomber à la renverse, car l’odeur qu’ils dégageaient était écrasante. C’était vraiment épouvantable. J’ai été très surprise
, souligne-t-elle.
Candice Cronin, qui travaille en médecine vétérinaire depuis 20 ans, indique que les deux animaux avaient des infections de l’oreille, étaient couverts de poils emmêlés, d’excréments et d’urine, et avaient des infections à levures dans les pattes. La femelle vomissait des boules de poils et des déchets.
« Le propriétaire nous a avoué qu’il les nourrissait avec les restes des porcs et du bétail qu’il abattait. »
Candice Cronin a immédiatement commencé à tout documenter par écrit, en prenant des photos et des vidéos qui ont été transmises au bureau du vétérinaire en chef. Ce dernier lui a répondu par courriel avoir confié à un agent de protection des animaux le mandat de mener une inspection en lien avec les préoccupations
qu'elle a soulevées.
Selon elle, il pourrait s’écouler des mois avant que les deux chiens soient suffisamment bien portants pour être adoptés.
Une pratique légale, mais pas éthique
La vente de chiens par l’intermédiaire d’une société de vente aux enchères ou de sites web tels que Kijiji est légale en vertu de la Loi provinciale sur la protection des animaux.
Ce n’est pas la première fois que des chiens sont mis en vente en ligne chez Grunthal Auction Services. Son copropriétaire, Darryl Enns, a été surpris par les réactions de colère suscitées cette fois-ci.
Est-ce le bonne façon de vendre un chien? Il reconnaît que le débat est pertinent. Les ventes aux enchères, rappelle-t-il, procurent aux vendeurs et aux acheteurs une occasion de se rencontrer pour vendre toutes sortes de choses, allant des tracteurs au bétail.
Il explique avoir vendu des veaux, des oies, des canards, des poules, mais en aucun cas la vente de ces animaux n'a suscité un débat aussi intense que celui qui porte sur la vente aux enchères de chiens.
La province indique que le personnel chargé de la protection des animaux a rencontré les propriétaires du marché aux enchères à la fin du mois de février pour discuter des chiens mis aux enchères dans le cadre de ventes de consignation.
Grunthal Auction Services a réagi à cette rencontre en annonçant qu'à l'avenir l'état de santé d'es chiens mis aux enchères serait au préalable évalué par un vétérinaire. L'entreprise s'engage aussi à aller constater sur les lieux les conditions de vie des chiens mis en vente.
De son côté, le vétérinaire Jonas Watson aimerait que la vente de chiens en ligne soit interdite.
Une société protectrice des animaux devrait vraiment se poser la question de savoir s’il est approprié ou non de vendre des animaux aux enchères
, souligne-t-il.
Selon lui, le bien-être des animaux ne fait pas l’objet d’une attention suffisante et ils sont vendus au plus offrant, ce qui ne signifie pas toujours qu’ils iront dans des endroits où il fait bon vivre.
Les animaux sont des créatures vivantes et sensibles, ce ne sont pas des voitures d’occasion ni des vélos volés, et ils devraient être traités avec un minimum de respect
, explique-t-il.
Avec les informations de Brittany Greenslade