Les patrons des chaînes d’alimentation disent ne pas être responsables des prix élevés
Le patron de Loblaw, Galen G. Weston, lors de son audition au Comité parlementaire de l'agriculture et de l'agroalimentaire
Photo : The Canadian Press / Spencer Colby
Les patrons des plus grandes chaînes d'alimentation du Canada ont rejeté les allégations selon lesquelles ils tireraient profit de la forte inflation.
Ils ont affirmé à l’unisson mercredi, devant un comité parlementaire aux Communes, qu'ils n'étaient pas la cause des prix élevés des aliments.
Nous ne profitons pas de l'inflation, peu importe combien de fois vous le dites... Ce n'est tout simplement pas vrai
, a déclaré Michael Medline, le PDG d'Empire Foods, qui possède Sobeys, FreshCo, Farm Boy, Foodland et d'autres chaînes.
Le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire enquête sur les causes de l'inflation alimentaire, qui a atteint un niveau record.
M. Medline a été convoqué tout comme son concurrent Galen Weston, qui dirige Loblaws, et Eric La Flèche, président de Metro, propriétaire de Food Basics et d'autres chaînes.
Ces trois chaînes d'épiceries constituent la majorité de l'industrie canadienne de l'alimentation, avec des milliers de magasins à travers le pays. Les bénéfices des trois entreprises ont fortement augmenté pendant la pandémie, mais elles affirment que leurs marges bénéficiaires sur les aliments sont très minces.
C'est une folie de suggérer qu'une épicerie non rentable est en quelque sorte meilleure pour les clients
, a déclaré M. Medline. Comme tous les Canadiens, nous avons hâte de voir la fin de cette période d'inflation difficile.
Des marges bénéficiaires extrêmement faibles
De son côté, M. Weston a insisté sur le fait que les bénéfices plus élevés de Loblaws sont principalement attribuables à la hausse des ventes d'articles non alimentaires, comme les dépenses discrétionnaires chez Shoppers Drug Mart, sa ligne de vêtements Joe Fresh et sa filiale de services financiers.
« Aussi inattendu que cela puisse paraître, les chaînes d'épiceries fonctionnent avec des marges bénéficiaires extrêmement faibles, ce qui signifie que nous avons une influence minimale sur l'inflation. »
Le patron de Loblaw a ajouté que la marge bénéficiaire de la branche épicerie de l'entreprise est d'environ 4 %.
Cela signifie que, même si l'industrie ne faisait aucun profit, une facture d'épicerie de 25 $ coûterait tout de même 24 $
, a-t-il déclaré. Alors l'affirmation selon laquelle les épiciers canadiens peuvent corriger l'inflation des prix des aliments est tout simplement fausse.
M. Weston a cité le gel très médiatisé des prix de son entreprise pour des milliers d'articles de la marque Sans nom pendant la période des fêtes. Les critiques l'ont rejeté comme un coup publicitaire, mais M. Weston a soutenu que ce gel des prix avait permis aux Canadiens d'économiser 45 millions de dollars à la caisse enregistreuse pendant les trois mois qu'a duré cette mesure..
Il a également déclaré que sa société avait repoussé les augmentations de prix en refusant d'accepter 500 millions de dollars d'augmentations de coûts injustifiées
de la part des fournisseurs. Il a également affirmé que sur des produits tels que le lait, le beurre, certains fromages et l'huile végétale, l'entreprise perd en fait de l'argent à chaque vente.
Nos prix de détail n'ont pas augmenté plus vite que nos coûts
, a indiqué M. Weston. Ainsi, peu importe le nombre de fois que vous le lisez sur Twitter, l'idée que les épiciers sont à l'origine de l'inflation alimentaire est non seulement fausse, elle est impossible.
Nous n'en profitons pas
M. La Flèche est allé encore plus loin en affirmant que la marge bénéficiaire de son entreprise sur son activité alimentaire est en fait inférieure aujourd'hui à ce qu'elle était auparavant.
« Notre marge bénéficiaire sur les aliments a en fait diminué, bien qu'elle ait été compensée par une marge plus élevée sur les produits pharmaceutiques. »
Se concentrer sur les épiciers ne résoudra pas le problème de l'inflation alimentaire, car nous ne la causons pas et nous n'en profitons pas
, a insisté M. La Flèche devant le comité.
Devoir de transparence
Les prix des aliments dans les épiceries ont augmenté de 11,4 % en janvier par rapport à l'an dernier. C'est aussi près du double du taux d'inflation global, qui était de 5,9 % en janvier.
Lors d'une conférence de presse tenue mercredi après-midi à Mississauga, en Ontario, la ministre de l'Économie, Chrystia Freeland, s'est dite heureuse de voir que le comité entend les grands épiciers.
La vice-première ministre a déclaré que les PDG devaient expliquer pourquoi les prix avaient considérablement augmenté dans leurs supermarchés.
Les PDG ont assurément le devoir envers nous tous d'être transparents concernant les raisons pour lesquelles ces prix sont si élevés, a soutenu Mme Freeland. Et j'espère qu'ils vont nous dire que les prix vont commencer à baisser.
D'autres hauts dirigeants de ces grands épiciers avaient déjà témoigné aux Communes, mais les néo-démocrates, en particulier, avaient déploré l'absence des PDG eux-mêmes.
Impôt sur les profits excessifs
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a inondé ses réseaux sociaux de messages annonçant son interrogatoire de Galen Weston, le milliardaire président et chef de la direction de Loblaw. Il a déclaré aux journalistes, mercredi, que plus de 2000 personnes avaient soumis au NPD
des questions à poser aux grands épiciers.Nous allons leur poser des questions difficiles. C'est l'une des réponses les plus importantes que nous ayons reçues du public
, a-t-il dit.
Les Canadiens nous disent qu'ils ont de la misère. Ils ont de la misère à faire leurs courses. En même temps, ces épiceries n'affichent pas seulement des profits normaux, des profits élevés : elles affichent des profits records. Elles n'ont jamais fait mieux. Leurs PDG touchent des primes énormes.
Interrogé sur ce que le NPDimpôt sur les profits excessifs
ciblant ce secteur, comme l'ont fait le Royaume-Uni et l'Espagne.