Des politiciennes de la région dénoncent les cyberviolences

La députée solidaire de Sherbrooke, Christine Labrie, avait notamment dénoncé les cyberviolences en 2019. (Photo d'archives)
Photo : iStock/Getty Images
La violence en ligne atteint un niveau inégalé, selon plusieurs experts. Aux premières loges, les femmes politiciennes, qui ne comptent plus le nombre de messages haineux reçus au cours de leur mandat. À un tel point que certaines d'entre elles demandent maintenant à Ottawa de légiférer. La députée solidaire de Sherbrooke, Christine Labrie, en sait quelque chose.
En 2019, elle a eu assez des insultes et des menaces reçues en ligne. Elle a dénoncé le tout à l’Assemblée nationale.
C'était de dénoncer les violences en ligne que subissent énormément de gens qui sont dans l'espace public, mais en particulier les femmes, notamment les femmes en politique
, explique-t-elle aujourd’hui.
Depuis, la députée de Sherbrooke a reçu d'innombrables témoignages de femmes qui, comme elle, ont subi de la cyberviolence.
Des conseillères municipales notamment d'un peu partout au Québec ont communiqué avec moi pour me parler de ce qu'elles vivaient. [...] Ça a levé un tabou, vraiment. À ce moment-là, les femmes se sont mises à plus dénoncer quand elles recevaient des messages comme ça
, souligne la députée de Sherbrooke.
Ces femmes sont loin d'être seules. L'automne dernier, une publication Facebook du Bloc québécois, où l'on voit la députée de Shefford, Andréanne Larouche, avec sa fille au Rwanda lors d'une conférence sur la présence des femmes en politique, a généré grand nombre de commentaires déplacés.
C'est très sournois. Parfois, c'est plus violent que d'autres. [...] J'ai reçu des commentaires que j'étais une criminelle. J'ai reçu toutes sortes de commentaires sur les réseaux sociaux, pas tous très joyeux. Vous voyez, comme ça, ce n’est pas toujours violent, mais parfois, c'est quand même des commentaires qui sont déplacés
, constate la députée, qui est aussi porte-parole en matière de condition féminine au Bloc québécois.
Appel à légiférer
La coréalisatrice du documentaire Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique, Guylaine Maroist, a passé les sept dernières années à documenter le phénomène de la haine en ligne.
« Pendant ces sept années-là, on a vu vraiment que la violence virtuelle, tout le cyberharcèlement fait aux femmes est vraiment néfaste. Aujourd'hui, ça atteint des niveaux inégalés. »
Elle était de passage à Ottawa lundi. Elle souhaite une loi fédérale pour forcer les réseaux sociaux à supprimer les contenus haineux de leurs plateformes, à l'image d’une initiative allemande.
En Allemagne, on exige des plateformes qu'elles retirent les contenus haineux, les menaces, etc., à l'intérieur de 24 h, sous peine d'une amende sévère. On parle de 50 millions d'euros
, explique-t-elle.
Andréanne Larouche l'appuie dans cette démarche. Le Canada est en retard, par exemple, par rapport à d'autres pays européens, qui ont des lois beaucoup plus mordantes pour faire en sorte que les cyberviolences, le message qu'on envoie, c'est que ça doit être pris autant au sérieux qu'une menace physique.
De son côté, Christine Labrie indique ne plus avoir reçu de menaces sérieuses depuis sa sortie publique et ses plaintes à la police. Elle comprend l’importance de s’attaquer au problème.
C'est une initiative qui est tout à fait pertinente. Assurément qu'on peut essayer de légiférer pour encadrer tout ça, mais je vous dirais que ça ne réglera pas tout, parce que les violences en ligne, c'est une des manifestations de toutes les formes de violences que subissent les femmes [...]. C'est les mentalités qu'il faut changer par rapport à ça
, soutient-elle.
Avec les informations de Marion Bérubé