Après un mois, l’efficacité des 80 policiers spéciaux de la CTT est toujours controversée

Le financement pour les 80 policiers supplémentaires n'a été confirmé que jusqu'au 26 mars pour le moment.
Photo : Radio-Canada / Mark Bochsler
Cela fait un mois que les 80 policiers parcourent le réseau de transport de Toronto, en réponse à la hausse drastique de violence dans les transports de la Ville. À l’heure du premier bilan, les avis divergent quant à l’efficacité de la mesure.
Le porte-parole de la Commission de transports de Toronto (CTT), Stuart Green, précise que l’agence est encore en train de collecter et vérifier les données concernant les incidents qui ont été enregistrés depuis le début de ce nouveau programme.
Pourtant, plusieurs défenseurs sur la question de la sécurité dans les transports ont soulevé plusieurs questions quant à l’efficacité de l’initiative, la durée de cette dernière et la façon dont elle sera financée.
Le chef de la police de Toronto, Myron Demkiw, affirme que de nombreuses arrestations ont déjà été faites, et sont directement liées à cette présence policière accrue.
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Lors d’une réunion du conseil d’administration de la police la semaine dernière, il a ainsi présenté quelques exemples.
Le 6 février, un suspect a été arrêté par une patrouille à la station Bloor-Yonge. Ce dernier a été accusé de plusieurs agressions sexuelles qui se seraient déroulées au sein du réseau de la CTT.
Plus récemment, le 28 février, les policiers ont empêché ce qui apparaît être une tentative de vol à l'extérieur de la station de Pioneer Village qui impliquait deux suspects.
Une mesure réactionnaire selon plusieurs défenseurs des utilisateurs
Certains se demandent toutefois si la mesure a réellement un effet et jugent que l’argent pourrait être mieux dépensé.
Augmenter le nombre de policiers est une mesure réactionnaire. Ça ne règle pas le problème à sa source
, affirme August Puranauth, un défenseur des usagers au sein du groupe TTCRiders.
Il explique que son groupe s’inquiète que ce remède soit finalement pire que le mal.
Des dires mêmes des rapports de la CTT, plus de présence policière va rendre le système moins sécuritaire pour les personnes qui sont noires ou autochtones parce qu’ils sont plus susceptibles d’avoir des altercations avec la police
, explique August Puranauth.

Les policiers supplémentaires ont été envoyés dans le système de transports publics après une hausse de la violence (archives).
Photo : CBC
Il estime qu’une alternative serait d’augmenter la fréquence du service au lieu de la réduire comme cela est prévu plus tard ce mois-ci. Il considère que moins d’attente engendrerait moins de frustration et ultimement moins de violence.
TTCRiders milite aussi pour augmenter le nombre d’employés réguliers dans le système de transport. Le conseiller municipal Gord Perks appuie d’ailleurs cette idée.
Ces emplois remplissent de nombreuses fonctions. Ils rendent le système plus accueillant, mais cela ajoute plus d’yeux sur le système. La course à l’automatisation et la réduction du personnel ont des effets secondaires sur la sécurité
, explique Gord Perks.
Selon lui, ajouter plus de policiers n’est pas un plan viable à long terme.
Avoir des policiers ou des agents de sécurité dans chaque véhicule, c’est tout simplement quelque chose qu’on ne peut pas se payer. Aucune ne le peut
, précise-t-il.
La CTT est à la recherche de financement pour le long terme
Le service de la police de Toronto a fourni le financement pour les policiers supplémentaires pour février et jusqu’au 26 mars. La question de l’argent pour le plus long terme est en ce moment à l'étude avec la CTT, selon un rapport de l’agence publié le 28 février.
Le directeur d’un autre groupe de défense des transports publics, CodeRedTo, Cameron MacLeod, pense que la discussion sur les policiers au sein du réseau de transport est une distraction de problème systémique plus large qui doit être réglé.
La CTT ne peut être une agence de logement. La CTT ne peut pas être une agence en santé mentale.
J’aimerais voir la Ville, la province et le gouvernement fédéral poser le regard sur d’autres services sociaux que nous avons et les financer correctement, afin que CTT n’ait pas à faire le travail d’autres agences alors qu’elle fait elle-même face à des réductions de budget
, explique-t-il.
Selon lui, les policiers supplémentaires ne sont pour autant pas équipés pour régler les problèmes à l’origine de la violence dans l’espace public.
Payer des heures supplémentaires pour quelques policiers afin de compenser le manque de soutien en santé mentale ou le manque de logements n’est en fin de compte pas une bonne utilisation du budget
, explique Cameron MacLeod.
Le chef de la police de Toronto, Myron Demkiw, assure toutefois que ces policiers ne sont pas seulement là pour faire appliquer la loi, mais aussi pour faire de la prévention et assurer un service d’assistance.
D'après les informations de Tyler Cheese