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Bagarreur au hockey et à la maison, il a fait vivre un enfer à sa mère

L'homme est à l'aréna et porte un casque de hockey.

Carl-William Caron est allé jusqu'à étrangler sa mère, disant avoir « tripé » de l'avoir fait.

Photo : Facebook/Carl-William Caron

Un résident de Donnacona qui jouait les hommes forts sur la patinoire a battu sa mère à répétition, la faisant vivre dans un climat de terreur.

J'ai rarement vu une lettre comme celle-là, a confié le juge Sébastien Proulx après avoir lu les 12 pages écrites par la victime, une femme de 72 ans.

Votre mère est convaincue que vous allez la tuer, lance-t-il au fils, troublé par la lettre dans laquelle la mère décrit les impacts de ses agressions.

Lors de cette audience qui a eu lieu la semaine dernière au palais de justice de Québec, Carl-William Caron a plaidé coupable de harcèlement, de menaces et de voies de fait sur sa mère qu'il a entre autres étranglée à plusieurs reprises.

L'homme de 44 ans a été condamné à un peu plus de 4 ans de prison à la suite d'une entente entre les avocats de la poursuite et de la défense que le juge a acceptée.

En plus de l'emprisonnement, Caron a lui-même proposé d'ajouter une condition particulière, celle de ne plus avoir le droit de mettre les pieds à Donnacona.

Bagarreur

Alors qu'il violentait sa mère, Carl-William Caron participait à des matchs de hockey sénior où les équipes faisaient appel à ses services pour ses poings.

De nombreuses vidéos disponibles en ligne le montrent se livrant à de furieux combats sur la glace. Selon le site eliteprospects.com, il a cumulé plus de 400 minutes de pénalités en 53 matchs, n'inscrivant qu'un seul point. À l'époque où il jouait les durs sur la patinoire, il s'en prenait également à sa mère.

Ses agressions débutent en 2010, alors qu'il retourne vivre chez la victime en lui mentionnant qu'il y était chez  lui, selon le récit des faits présentés par l'avocat de la poursuite, Me Alexandre Morency.

La victime s'est sentie obligée de l'aider et l'endurer, puisqu'elle était sa mère, a relaté Me Morency.

Vêtu de sa toge, il consulte un document.

L'avocat de Caron, Me Benoît Labrecque, a révélé que son client a fait l'objet de sévices dans son enfance.

Photo : Radio-Canada / Yannick Bergeron

Violent verbalement, au départ, le fils s'en est par la suite pris physiquement à sa mère, et les agressions vont augmenter en quantité et en intensité, année après année.

Tellement que la victime est incapable de situer dans le temps et de décrire tous les assauts, car elle a été victime d'un grand nombre d'agressions, précise Me Morency.

Drogue

Alors qu'il soulève les partisans en défiant ses adversaires sur la glace, Caron consomme des drogues, ce qui le mène à endommager la maison familiale.

Il est souvent en proie à des hallucinations : il croit que la maison est en feu et jette de l'eau un peu partout, expose la poursuite.

Quand il est en colère, il s'en prend aussi aux objets et frappe dans les murs. La mère estime que son fils a causé 5000 $ en dommage à sa résidence.

Au surplus, elle s'est aussi endettée de près de 10 000 $ puisqu'elle assumait toutes les dépenses de son fils - loyer, nourriture, voiture - par peur qu'il s'en prenne à elle, précise Me Morency.

Carl-William Caron réclame aussi à sa mère l'argent provenant des chèques de sa pension de vieillesse.

Une spirale de violence

À l'été 2019 survient le premier épisode d'étranglement. Caron a pris sa mère à la gorge et l'a montée au mur. Quand il a relâché son emprise, la femme est tombée au sol et s'est fendu la tête.

Quelques semaines plus tard, il lui lance un couteau qui l'atteint au bras, lui infligeant une lacération.

En septembre 2021, il étrangle sa mère à quatre reprises, s'exécutant de la même façon. L'accusé la prend à la gorge, serre et relâche, pour ensuite recommencer, rapporte Me Morency du DPCP.

Lors du dernier événement, Caron mentionne à sa mère qu'il va un jour la tuer.

Le lendemain, il lui demande si elle a eu peur, tout en lui mentionnant que, lui, il a tripé.

Le fils répète qu'un jour il va la tuer et qu'il tuera ensuite d'autres personnes, souligne Me Morency.

La femme vit dans la crainte. Elle a toujours eu peur que ça se sache, que sa famille soit au fait de la situation, peut-on lire dans le résumé des faits.

Il porte la barbe, sur cette photo et une casquette des Nordiques de Québec.

Carl-William Caron a lui-même demandé de ne plus pouvoir aller à Donnacona.

Photo : Facebook/Carl-William Caron

Arrestation après des années de terreur

Après avoir souffert des attaques répétées de son fils pendant une dizaine d'années, la mère le dénonce à la police.

Après son arrestation, les agents ont permis à Caron de communiquer avec sa conjointe. Il en a profité pour lui dire de demander à sa mère de retirer sa plainte, ce qui lui a valu une accusation supplémentaire d'entrave à la justice.

Caron s'adresse au juge

Quand le juge lui a demandé s'il avait quelque chose à dire avant qu'il prononce la peine, le détenu a affirmé qu'il en aurait plusieurs.

J'aurais tellement aimé ça me faire aimer par mes parents que je leur en ai toujours voulu. C'est tout ce que j'ai à dire s'est finalement contenté d'exprimer Carl-William Caron.

Son avocat, Me Benoit Labrecque a souligné que son client a gardé à l'intérieur de lui des blessures de son enfance, sans vouloir préciser leur nature.

Il a ajouté que les sévices qu'il a pu subir dans sa jeunesse ne justifiaient pas ses gestes dégradants et inacceptables. Je suis pas fier, a soufflé Caron.

Peut-être qu'il y a eu de mauvais traitements dans votre enfance, a reconnu le juge Proulx, avant d'ajouter, à propos de la mère de Caron, que c'est elle qui vous a donné la vie.

Le quadragénaire est détenu depuis son arrestation, il lui reste donc un peu moins de deux ans à purger.

Conditions inusitées

À l'expiration de sa peine de détention, il devra respecter les conditions d'une probation de trois ans, pendant laquelle il ne pourra pas communiquer avec sa mère.

Caron a lui-même demandé d'élargir cette condition à d'autres membres de sa famille avec qui il ne semble plus vouloir avoir de contact.

Dans une autre demande inusitée, il a fait valoir qu'il serait même préférable qu'il n'ait plus le droit d'aller à Donnacona.

Son avocat s'est montré réticent face à cette demande inhabituelle, alors que le juge Proulx notait que Caron voulait ainsi renoncer à un droit constitutionnel.

J'en fais la demande et j'aimerais ça, a insisté Caron, malgré les réserves de son avocat.

Le juge a donné suite à sa demande. Pendant sa probation, Carl-William Caron n'aura pas le droit de se trouver sur le territoire de Donnacona, sauf s'il est en déplacement sur l'autoroute.

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