Santé : l’Ontario a un manque à gagner de 21,3 milliards, selon un rapport
La ministre de la Santé Sylvia Jones assure, elle, que son plan « fonctionne ».

L'Ontario risque d'être à court de milliers d'infirmières d'ici 2027-2028, malgré les efforts de recrutement actuels, selon le rapport du BRF.
Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui
Le gouvernement de Doug Ford n’a « pas affecté suffisamment de fonds » pour maintenir les programmes existants en santé et mettre en oeuvre ses promesses, selon le Bureau de la responsabilité financière de l'Ontario (BRF), qui anticipe un trou de 21,3 milliards de dollars et un manque de 33 000 employés d'ici 2027-2028.
En soustrayant le financement supplémentaire de 10,9 milliards promis pour la santé par Ottawa, il reste tout de même un trou budgétaire de plus de 10 milliards, note le BRF.
C'est sans parler de la pénurie de personnel médical.
Le BRF anticipe qu'il manquera toujours, d'ici 2027-2028, 33 000 infirmières et préposés aux bénéficiaires dans les hôpitaux et les foyers pour aînés ainsi que pour les soins à domicile, malgré les efforts de recrutement provinciaux.
Si la province ne parvient pas à combler cette pénurie prévue de personnel infirmier et de [préposés], elle ne pourra pas satisfaire ses engagements d’élargissement des services dans les hôpitaux, les services de soins à domicile et de soins de longue durée.
Par ailleurs, selon le BRF, le plan actuel du gouvernement Ford ne suffira pas à répondre à la demande grandissante d'une population vieillissante et en croissance, pour ce qui est de lits dans les hôpitaux et les centres de soins de longue durée.
- 500 lits de moins que les 7500 lits nécessaires d’ici 2027-2028 uniquement pour faire face à la croissance de la demande en services hospitaliers.
- Légère baisse des capacités pour les services de soins à domicile et de soins de longue durée par rapport aux besoins comparativement à 2019-2020.
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.
En 2022, les salaires du personnel infirmier de l’Ontario étaient les plus faibles au Canada.
En revanche, le rapport conclut que l'Ontario est en bonne voie de réduire la liste d’attente de chirurgie à 200 000 patients d’ici juillet 2024
.
Le gouvernement Ford se défend
Le premier ministre Doug Ford rétorque que le rapport du BRF et le manque à gagner de 21,3 milliards représentent uniquement une capture momentanée des chiffres, qui ne tient pas compte de la bonification des transferts fédéraux en santé.
Dans un communiqué, le bureau de la ministre de la Santé Sylvia Jones affirme que le rapport confirme
ce que le gouvernement dit depuis des mois
, soit que le statu quo est inacceptable
.
Le gouvernement dit agir en ayant recours aux cliniques privées, notamment, pour réduire les temps d'attente pour les interventions chirurgicales, en plus d'ajouter des lits dans les hôpitaux et de recruter du personnel.
Nous avons ajouté plus de lits dans les hôpitaux en 4 ans que les libéraux avant nous en 14 ans.
Notre plan fonctionne
, ajoute-t-elle.
Elle réfute l'affirmation selon laquelle l'Ontario est la province qui paie le moins les infirmières au pays.
Mme Jensen dit que la province se servira des fonds supplémentaires versés par le fédéral pour embaucher plus d'infirmières et accroître le nombre d'équipe de médecine familiale.
Un « échec », dit le NPD
Pour la chef néo-démocrate Marit Stiles, le rapport « montre » que le plan des progressistes-conservateurs pour la santé est un « échec ».
Elle accuse le premier ministre Doug Ford de faire passer « les profiteurs avant les patients ».
Son plan de privatiser [la santé] pour des raisons idéologiques ne fera qu'empirer les choses.
La porte-parole du NPD en matière de santé, France Gélinas, affirme « qu'au-delà du manque à gagner de 21 milliards, le problème plus large est celui de la pénurie de personnel en santé créée par le gouvernement Ford ».
Selon le BRF, pour maintenir les programmes existants et remplir ses engagements, le gouvernement devra bonifier son financement, en puisant dans ses fonds de réserve par exemple. L'autre option, dit le rapport : revoir les objectifs à la baisse.