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Après une rencontre avec le MPO, les pêcheurs d’appâts des Îles-de-la-Madeleine en colère

Des homardiers au port de Grande-Entrée.

Selon les pêcheurs, Pêches et Océans Canada n’a pas prévu verser de compensations financières aux pêcheurs qui seront sans revenus ni suggérer de solutions concrètes pour leur venir en aide. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Radio-Canada

Les membres du Regroupement des pêcheurs d’appâts des Îles-de-la-Madeleine ressortent bredouilles et en colère de leur rencontre avec la ministre des Pêches, Joyce Murray, de passage sur l’archipel.

La ministre de Pêches et Océans Canada a rencontré les pêcheurs touchés par la suspension de la pêche à la plie rouge et à la limande à queue jaune, annoncée le 23 février. Huit pêcheurs de l'archipel et une dizaine de leurs employés se retrouvent directement visés par la décision du ministère des Pêches et des Océans (MPO).

Selon les pêcheurs qui ont participé à la rencontre, Mme Murray n’avait aucune solution concrète ni aucune compensation financière à leur proposer. Ils espéraient obtenir des allocations de crabe des neiges pour compenser les pertes financières subies en raison de la décision du MPO.

On lui a apporté des solutions, mais elle, elle n’en avait pas beaucoup. Elle a dit qu’elle allait regarder ça à Ottawa, mais [on ne sait pas] combien de temps ça va prendre. C'est tout de suite qu'on attendait quelque chose et on n'a rien eu. [...] Je ne pense pas qu’on pourra pêcher ce printemps, mais on va essayer de garder le positif, se désole Paul-André Arseneau, membre du Regroupement des pêcheurs d'appâts des Îles-de-la-Madeleine.

S’il n’y a aucune solution du côté de nos paiements ou pour une autre pêcherie, c’est carrément la faillite pour nous autres, s’inquiète Jean-Frédéric Richard, ne disposant d’aucun autre permis de pêche. Il joint sa voix à celles d’autres pêcheurs d’appâts pour qui le temps presse puisque la saison s’ouvre dans environ un mois, généralement à la mi-avril, et dure 11 semaines.

En signe de protestation, Ghislain Cyr, qui pêche la plie rouge au filet maillant depuis 25 ans et d'autres poissons de fond, a placé ce matin des bacs de filets de pêche devant le bâtiment de Pêches et Océans Canada, à Cap-aux-Meules.

Un homme manifeste devant un bâtiment municipal.

Le pêcheur Ghislain Cyr pêche la plie rouge avec des filets maillants depuis 25 ans.

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Il souhaite ainsi démontrer au MPO que tout le temps et les sous consacrés à la préparation tombent à l’eau avec le moratoire.

On a mis au moins 600 heures pour nous mettre à jour et nous préparer [à la pêche à la plie rouge] ce printemps. Mais là, avec le moratoire, je vais être obligé de payer pour mettre tous mes filets de pêche au dépotoir. Mais je n’irai pas les porter au dépotoir, je préfère venir les porter ici [au bâtiment de Pêches et Océans Canada], explique le pêcheur d’expérience qui ne croit pas que la pêche rouvrira de sitôt.

« Ça me fait trop mal au cœur de voir la façon avec laquelle nous sommes traités. [...] J’en ai encore 72 filets de pêche que je pourrai venir porter à Pêches et Océans Canada. »

— Une citation de  Ghislain Cyr, pêcheur d'appâts madelinot
Un homme tient une lettre manuscrite.

Les pêcheurs du Regroupement ont écrit des lettres manuscrites qui racontent leur histoire. Ils comptent les donner à la ministre Murray.

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Le MPO à la recherche de solutions

La ministre des Pêches et des Océans, Joyce Murray, soutient qu’il ne serait pas simple d'attribuer des allocations de crabe aux pêcheurs d'appâts madelinots. Elle fait valoir que la situation est complexe et dit être à la recherche de solutions avec son gouvernement.

Ça fait partie de l’une des quatre solutions qu’ils [les membres du Regroupement] ont proposées et il faut analyser les options, mentionne-t-elle lors d'une conférence de presse aux côtés de la députée fédérale de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine, Diane Lebouthillier.

Elle dit avoir profité de son passage sur l’archipel pour écouter la réalité des pêcheurs d’appâts forcés de rester à quai pour une durée indéterminée en raison de ce moratoire. Je vais rentrer à Ottawa avec les informations [tirées des témoignages]. Nous allons en discuter, réfléchir et prendre des décisions au fil du temps. [...] Le plus tôt on peut offrir des solutions, le mieux ce sera pour tout le monde, assure-t-elle.

La ministre Joyce Murray.

La ministre des Pêches et des Océans, Joyce Murray, de passage aux Îles-de-la-Madeleine pour rencontrer le Regroupement des pêcheurs d'appâts des Îles.

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Le Bloc québécois et le Parti québécois soutiennent les pêcheurs d’appâts

Le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, et le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, digèrent mal que la ministre fédérale des Pêches n'ait pas de solution concrète à proposer aux pêcheurs d'appâts.

Si la ministre [Murray] débarque ici les mains vides pour dire aux pêcheurs "je vous écoute, mais je n’ai aucune solution à apporter au fait que j’ai géré les pêches de façon chaotique et maintenant vous êtes à la rue avec des paiements à faire et je n’ai rien à vous offrir", c’est absolument inacceptable, dénonce le député péquiste.

De plus selon l’élu madelinot, le MPO fait fausse route en voulant protéger la ressource par le biais d’un moratoire puisque, dans le rapport du Ministère, les experts écrivent que la mortalité par pêche représente une très faible proportion de la mortalité totale de la plie rouge dans le sud du golfe du Saint-Laurent, notamment.

Aussi, Yves-François Blanchet exige qu’Ottawa aide rapidement les pêcheurs d'appâts et déplore la tournure des événements.

« La ministre Murray aurait pu arriver avec au moins des hypothèses de solution. Que tout ne soit pas réglé déjà, donnons la chance à la coureuse, mais pas longtemps. Je pense que très rapidement dans les prochains jours, on va devoir la relancer au Parlement à Ottawa. »

— Une citation de  Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois

Par ailleurs, le député bloquiste a présenté en point de presse plus tôt en journée douze recommandations en matière de pêche. Celles-ci découlent de la table organisée par le parti politique et qui a réuni, en novembre, de nombreux acteurs de l'industrie à Sainte-Anne-des-Monts.

Parmi ces propositions, il demande au ministère des Pêches et Océans d'autoriser, chaque année, un départ en mer précoce pour les crabiers de la région. Yves-François Blanchet indique qu'une mise à l'eau des crabiers le 1er avril n'aurait pas d'impact majeur considérant la relative abondance de la ressource et les quotas de pêches, dit-il.

Aussi, il ne croit pas qu’une ouverture hâtive de la pêche aux crabes des neiges portera préjudice aux pêcheurs du Nouveau-Brunswick ni aux baleines noires de l’Atlantique Nord. En effet, cette différence de 10 jours à deux semaines chaque année est une période durant laquelle la baleine noire ne fait pas son transit aux nord-est des Îles-de-la-Madeleine, justifie-t-il.

Yves-François Blanchet lors d'une conférence de presse aux Îles-de-la-Madeleine.

Yves-François Blanchet, le chef du Bloc québécois, croit que la ministre des Pêches et Océans, Joyce Murray, a ignoré les réalités des pêcheurs madelinots dans sa décision de fermer la pêche à la plie rouge et à la limande à queue jaune.

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

La petite pêche à la limande et à la plie, dont la valeur au débarquement est d’un peu plus de 2 millions de dollars annuellement, servait essentiellement à approvisionner les homardiers madelinots en appâts frais.

D'après le reportage d'Isabelle Larose

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