Des élections générales sont déclenchées à l’Île-du-Prince-Édouard

Les Prince-Édouardiens sont conviés aux urnes pour une élection générale. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / CBC / Shane Hennessey
Les Prince-Édouardiens iront aux urnes le 3 avril prochain. Dennis King, chef du Parti progressiste-conservateur au pouvoir depuis mai 2019, en a fait l'annonce lundi soir lors d'un rassemblement dans sa circonscription de Brackley-Hunter River.
Il s'est rendu à la résidence de la lieutenante-gouverneure Antoinette Perry lundi à Charlottetown pour lui demander de dissoudre l'Assemblée législative et de déclencher des élections générales.
« Nous avons une équipe de candidats qui est forte et diversifiée. J'ai hâte de montrer aux insulaires de quoi nous sommes capables dans les prochains jours et les prochaines semaines », a lancé Dennis King.
Un gouvernement minoritaire, puis majoritaire
Il y a actuellement 27 députés à l’Assemblée législative.
Les progressistes-conservateurs de Dennis King finissent donc leur mandat avec une majorité de 15 sièges.
Le soir de l'élection du 23 avril 2019, c'est un gouvernement minoritaire qui avait cependant été élu, avec 12 sièges. Le parti de Dennis King a remporté une élection décalée et deux élections partielles dans les quatre dernières années, devenant majoritaire à la suite d'une victoire le 2 novembre 2020.
La députée et ministre sortante de l’Éducation Natalie Jameson a été élue le 15 juillet 2019 dans la circonscription de Charlottetown-Hillsborough Park. Ce vote avait été reporté à cause du décès de Josh Underhay, candidat du Parti vert, dans un accident de bateau, quatre jours avant les élections.
Les deux autres gains ont été faits au détriment des libéraux dans Charlottetown-Winsloe, puis dans le château fort libéral de Cornwall-Meadowbank, en 2020 et 2021, respectivement.
Les progressistes conservateurs ont gagné en force
, a résumé Don Desserud, politologue et professeur au Département de sciences politiques de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard.
Une opposition officielle différente
Le Parti vert de l'Île-du-Prince-Édouard dirigé par Peter Bevan-Baker a marqué l'histoire en formant l'opposition officielle, avec huit élus en 2019.
Il [est] devenu l'opposition officielle pour la première fois dans l'histoire du Canada
, rappelle le politologue Don Desserud.
Les verts n'ont néanmoins pas réussi à faire des gains lors des élections complémentaires des dernières années. Ce parti n’a pas eu le pouvoir d'attraction qu'il aurait voulu, selon le politologue.
Comme opposition officielle, le Parti vert a quand même réussi à faire adopter une vingtaine de projets de loi, notamment celui qui encadre l’utilisation des accords de non-divulgation dans des cas de harcèlement, de discrimination ou d’inconduite sexuelle.
Ils ont trouvé une façon différente d'être un parti d'opposition. Ils ont décidé d’être plus proactifs que de simplement adresser des critiques au gouvernement
, dit Don Desserud.
Se remettre de sa défaite
Après avoir été au pouvoir durant 12 ans, le Parti libéral de l'Île-du-Prince-Édouard est devenu le troisième parti à l'Assemblée législative, avec seulement six élus lors des dernières élections.
Ils ne détiennent plus que quatre sièges à la dissolution de la Chambre.
Le Parti libéral est toujours en train de se remettre de sa défaite
, juge le politologue Don Desserud.
C'est très difficile d'être un parti au pouvoir pour des élections successives et de devenir le troisième parti. Ils essaient de se remettre sur pied et ils ont encore du chemin à parcourir
, ajoute le politologue.
Chef par intérim des libéraux pendant plus de trois ans, Sonny Gallant n’a pas présenté sa candidature en évoquant des problèmes de santé.
Les libéraux lancent ainsi leur campagne avec une nouvelle cheffe, Sharon Cameron, qui est en poste depuis novembre.
Objectif : un premier siège en une génération
Le Nouveau Parti démocratique (NPD
) devra quant à lui se battre encore une fois pour entrer à l'Assemblée législative.Ce parti n’y est plus représenté à l’Assemblée législative depuis 2000.
Ils ont eu un parcours très difficile. En 2015, le NPD a eu plus de voix que le Parti vert, mais il n'a pas obtenu de sièges. Puis en 2019, les résultats ont été désastreux
, rappelle Don Desserud.
Le NPD
n’a reçu que 3 % des voix au scrutin général de 2019.Depuis avril 2022, Michelle Neill est cheffe du parti. Elle a succédé à Joe Byrne, qui avait remis sa démission en 2020.
Dans ces élections, le NPD n’a rien à perdre, alors ils peuvent être très agressifs et faire tout ce qu'ils pensent être nécessaire pour attirer l'attention
, affirme le politologue.
Plusieurs crises en quatre ans
Le professeur en sciences politiques Don Desserud souligne que la façon dont le gouvernement King a géré certains dossiers devrait être la cible de critiques de la part des partis d'opposition dans ces élections.
Ils devraient parler essentiellement de l'efficacité de la réponse du gouvernement à certaines questions
, mentionne-t-il.
Il rappelle que ce gouvernement progressiste-conservateur a dû composer avec plusieurs crises. C'est la question de savoir si le gouvernement était préparé, s'il ne l'était pas, pourquoi il n'était pas préparé à ces crises
, ajoute-t-il.
Les difficultés d’accès au système de santé sont un exemple de ces enjeux qui devraient être abordés dans cette campagne, selon le politologue.
La liste de personnes qui sont en attente pour un médecin de famille a augmenté de façon considérable
, cite Don Desserud.
Cette liste compte presque 30 000 personnes à l’heure actuelle.
La crise du logement s’est également aggravée dans les dernières années. Le taux d'inoccupation est le plus bas du pays, soit 0,8 %.
Les politiques pour faire face aux changements climatiques devraient également animer les débats, selon Don Desserud. Le passage de deux tempêtes post-tropicales dévastatrices dans un intervalle de trois ans, Dorian et Fiona, met en évidence l’urgence de s'adapter.
Les partis d’opposition se disent prêts
Rencontré plus tôt dans la journée lundi, le chef du Parti vert, Peter Bevan-Baker, s’est dit prêt à se lancer dans la campagne électorale. Nous sommes vraiment en grande forme et je suis optimiste
, a-t-il dit.
Une dizaine de candidats ont déjà été choisis par le parti. D’autres nominations devraient être annoncées au cours de la semaine.
Peter Bevan-Baker est toutefois d’avis que le moment est mal choisi pour déclencher des élections. Il y a de nombreux problèmes sociaux qu’on devrait régler avant.
La cheffe du Parti libéral de l’Île-du-Prince-Édouard, Sharon Cameron, est du même avis. Une élection surprise n’est pas ce dont nous avons besoin en ce moment.
Une vingtaine de candidats sont tout de même prêts à annoncer leur candidature sous la bannière du Parti libéral.
Un candidat du NPD soutient que les coffres de son parti sont suffisamment garnis pour la campagne électorale. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour notre collecte de fonds à la fin de l’année dernière
, explique Herb Dickenson.