La santé publique de Montréal recommande d’apaiser la circulation autour des grands parcs

La rue Notre-Dame, devant le parc de la Promenade-Bellerive.
Photo : Radio-Canada / Philippe-Antoine Saulnier
De grands parcs montréalais, comme le parc Angrignon et celui de la Promenade-Bellerive, sont entourés de voies de transport importantes qui nuisent à l'accessibilité de ces espaces verts par la population, autrement qu'en automobile.
C'est l'un des constats que font cinq organismes, dont la Direction régionale de la santé publique et le Conseil régional de l'environnement de Montréal, qui se sont penchés sur les environs de trois grands parcs.
Leur rapport recommande notamment de mettre en œuvre des mesures pour réduire la vitesse et le volume de circulation aux abords des grands parcs. Le document invite aussi la Ville de Montréal à bonifier la desserte en transport collectif, ainsi que les réseaux cyclables dans certains secteurs de la ville.
Parfois, les voitures passent très vite, il faut faire attention en traversant la rue
, dit Sergio, qui habite tout près du parc de la Promenade-Bellerive, dans l'est de Montréal.
La traversée de la rue Notre-Dame à la hauteur de la Promenade-Bellerive est l'un des obstacles recensés par les cinq organismes.
Les traverses piétonnes ne sont à peu près pas aménagées
, constate Anne Pelletier, chef de service à la Direction régionale de la santé publique de Montréal, en montrant les quatre voies de circulation que les piétons doivent franchir pour atteindre le parc. Il y a une vingtaine de secondes pour traverser la rue. Ça va pour un adulte moyen, mais quand on a des enfants, si on est une personne plus âgée, avec une mobilité réduite, alors les 20 secondes sont vraiment une course à obstacles!
Le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies très difficilement accessible

Le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies
Photo : Radio-Canada / Daniel Thomas
L'un des grands parcs les moins connus de la métropole se trouve à l'extrémité est de l'île, de part et d'autre de l'autoroute 40. Bien qu'il soit situé à proximité de certains quartiers défavorisés et mal desservis en espaces verts, Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles, le parc est très difficile d'accès à pied, à vélo ou en transports en commun.
La station BIXI la plus proche est à environ 50 minutes de marche et peu de voies cyclables permettent de se rendre au parc. L'aménagement du boulevard Gouin n'est aucunement adapté à la marche
, peut-on lire dans le document. De plus, la desserte par transports collectifs est très limitée.
Ce parc aurait le potentiel d'être vraiment plus utilisé qu'il l'est actuellement
, estime Anne Pelletier. Il ne peut pas remplir son rôle à son plein potentiel tant qu'il y aura autant d'obstacles pour l'utiliser.
Pour que la population de l'est de l'île puisse profiter de ce grand parc qui borde la rivière des Prairies et le fleuve Saint-Laurent, la priorité serait d'améliorer la desserte en transport collectif, selon Mme Pelletier. Une desserte qui ne serait pas seulement sur heures de pointe
, précise-t-elle, parce qu'un parc, tu n'y vas pas sur les heures de bureau nécessairement. C'est aussi les soirs et les fins de semaine
.
Changer la façon de voir les grands parcs urbains
Si les grands parcs sont si difficiles d'accès, autrement qu'en voiture, c'est peut-être parce qu'ils ont été, historiquement, considérés comme des équipements régionaux s'adressant à un vaste bassin de population, d'après Anne Pelletier. On oublie toutefois que de nombreux utilisateurs habitent à quelques rues à peine de ces espaces verts. Le rapport précise d'ailleurs que 40 % de la population montréalaise a accès à un parc à moins de 15 minutes de marche.
Mikael Saint-Pierre, urbaniste au Centre d'écologie urbaine, un organisme qui a participé à la réalisation du rapport, est d'avis que les décideurs et les professionnels municipaux au Québec ont tendance à s'occuper des parcs séparément du reste de la ville.
C'est parce qu'on a toujours fait comme ça qu'on fait encore comme ça
, explique-t-il. On va réfléchir [au] quadrilatère du parc, l'intérieur, sa programmation, son écologie et ses flux, mais on ne va pas nécessairement faire le lien avec ce qu'on appelle la deuxième peau du parc : les circulations vers le parc, les aménagements, les espaces publics autour du parc, même les fonctions autour du parc.
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Les cinq organismes signataires du rapport sur l'accessibilité des trois parcs en transports actifs et collectifs recommandent à la Ville de Montréal de considérer les grands parcs comme des générateurs de déplacements importants
, au même titre que les hôpitaux et les universités.
Une telle approche permettrait d'inclure les grands parcs dans l’analyse des tracés des lignes de transport collectif
. Les axes cyclables devraient aussi être reliés en réseaux de façon à rendre les grands parcs accessibles depuis tous les quartiers
.
Selon Robert Beaudry, responsable de l'urbanisme au comité exécutif de la Ville de Montréal, l'administration de Valérie Plante est déjà bien au fait de cette préoccupation et compte y remédier dans l'élaboration du futur Plan d'urbanisme et de mobilité, qui devrait être adopté au cours de 2024.
Toute la planification urbaine de notre territoire, [y compris] la planification de nos grands parcs et la connectivité de nos espaces verts entre eux, ce sera lié au développement de la mobilité
, explique M. Beaudry.
Le parc régional de la Pointe-aux-Prairies a aussi été ciblé relativement à son importance pour les résidents de l'est de l'île, poursuit le responsable de l'urbanisme. Certaines améliorations, comme l'ajout de stations BIXI et de supports à vélo, dépendent de l'arrondissement, précise-t-il.