La Colombie-Britannique investit massivement dans la santé et le logement

Le gouvernement de David Eby laissait entendre depuis quelques jours qu’il prioriserait les investissements massifs au détriment de la rigueur fiscale. Le budget présenté mardi montre qu'il tient sa promesse.

Quand les temps sont difficiles, c’est le moment où on a besoin que quelqu’un soit là pour nous, a souligné la ministre des Finances, Katrine Conroy, qui présentait son premier budget.

L’opposition ne voit toutefois pas ce premier budget d’un bon œil.

Malgré ce que David Eby et son gouvernement laissent croire, le budget 2023 offre très peu à la population générale, déplore le chef de l’opposition officielle, Kevin Falcon. Son parti qualifie d’ailleurs ce budget de pessimiste et de terne, arguant que le NPD ne respecte pas ses engagements envers les électeurs.

En matière de santé, Victoria investira près de 6,4 milliards de dollars sur trois ans, ce qui comprend 1 milliard de dollars pour des soins en santé mentale et la lutte contre les dépendances.

La province injectera également 4,2 milliards de dollars sur trois ans dans la construction de logements.

Le gouvernement annonce aussi une série de mesures ciblant des groupes particuliers.

Promesse enfin tenue

Les néo-démocrates, qui s'étaient engagés lors des élections de 2017 à mettre en place un crédit d’impôt pour les locataires, tiennent finalement leur promesse. Le crédit d’impôt, qui pourra atteindre 400 $, sera accessible aux ménages en colocation ayant des revenus annuels de moins de 80 000 $.

À compter du 1er avril, la Colombie-Britannique deviendra également la première province à couvrir le coût des contraceptifs sur ordonnance. 

Dès juillet, les prestations pour les familles avec enfants augmenteront de 10 % par mois. Pour les parents seuls, le gouvernement ajoute une bonification de 500 $ par année.

Victoria accède aussi à une demande des verts et de groupes d’intérêts et augmentera les prestations d’aide sociale ou d’invalidité, dont une hausse de l’allocation pour le logement de 125 $ par mois. 

En matière d'éducation, la province étend son programme d’aide alimentaire dans les écoles de la maternelle à la douzième année. 

Les étudiants postsecondaires recevront quant à eux une aide financière accrue. Le montant des prêts étudiants va doubler à compter de juin 2023.

Investissements massifs dans la santé et le logement

Au total, le budget alloué à la santé passera de 25,5 milliards de dollars en 2022-2023 à 30,7 milliards de dollars par année en 2025-2026. À ce moment-là, la santé représentera plus de 35 % du budget provincial.

L’argent supplémentaire sera alloué aux soins de santé, à l’embauche et la rétention de personnel ainsi qu’à la santé mentale et au traitement des dépendances.

Pour contrer la crise du logement, la province compte quadrupler ses investissements par rapport à 2017.

Victoria injectera 1,7 milliard sur trois ans pour la construction de résidences et 575 millions pour la construction de résidences étudiantes sur les campus universitaires. Plus de 1,5 milliard de dollars viseront l’aide aux personnes en situation d’itinérance grâce à la construction d’habitations modulaires et de centres de soins.

Augmentation de la taxe sur le carbone

À compter du 1er avril, et chaque année suivante à la même date, la taxe sur le carbone augmentera de 15 $ la tonne pour atteindre 170 $ la tonne en 2030.

Parallèlement, la province augmentera son crédit d’impôt progressif pour l’action climatique. Une famille de quatre personnes pourra recevoir jusqu’à 900 $ par année à compter de juillet 2023.

Victoria promet que, d’ici 2030, la majorité des personnes en Colombie-Britannique recevront davantage qu’elles ne paient avec la taxe sur le carbone. 

Le gouvernement doit aussi mettre en place un nouveau système de taxation sur le carbone pour les grands émetteurs, qui entrera en vigueur en 2024.

Des déficits pour les prochaines années

Ces mesures ont leur prix. Dans son budget présenté mardi, la province prévoit un déficit de 4,2 milliards de dollars, soit 5 % du budget total de la province, et ce, au moment où les économistes anticipent un ralentissement économique et des revenus à la baisse.

Nous ne pouvons pas contrôler les forces mondiales, a souligné Katrine Conroy, dans son discours. Mais nous pouvons faire des choix qui aideront la population à faire face à la tempête et à en sortir plus forte.

Selon la ministre des Finances, les investissements sont nécessaires, le coût de la vie et l’inflation (6,2 % en janvier, en baisse par rapport au mois précédent) demeurant élevés. 

Dans ses projections, le gouvernement n’anticipe pas de retour à l’équilibre budgétaire au cours des trois prochaines années. La dette devrait aussi graduellement augmenter pour financer des projets d’infrastructures.

Interrogé au sujet de ce premier déficit pour le gouvernement néo-démocrate, au pouvoir depuis 2017, la ministre des Finances a dit qu'elle voulait agir de façon prudente.

« Je ne dis pas que nous ne faisons pas attention aux déficits, mais ce n’est pas le bon moment pour effectuer des compressions. »

Le surplus pour l’année qui se termine versé contre la dette

En marge du budget, la ministre des Finances a aussi présenté la mise à jour budgétaire de la province. Pour 2022-2023, le gouvernement anticipe maintenant un surplus de 3,6 milliards de dollars. 

Cette mise à jour inclut des dépenses de 2,7 milliards de dollars supplémentaires annoncées depuis l’été, notamment pour les infrastructures, pour ralentir l’augmentation des tarifs de BC Ferries et les traitements contre le cancer. Elle comprend aussi un fonds pour la protection des locataires et le crédit d’impôt pour l’abordabilité, qui arrivera dans les chaumières en avril. 

Nous allons continuer à utiliser les surplus pour appuyer la population d’ici au 31 mars, a précisé Katrine Conroy. 

Tout surplus dégagé en date du 31 mars sera transféré au service de la dette.