Réflexions sur la pensée des Premières Nations au Cégep Beauce-Appalaches
Le Cégep Beauce-Appalaches est le seul de la grande région de Québec à offrir un cours de philosophie dédié entièrement aux Premières Nations.
Etienne Gourde est enseigant en philosophie au Cégep Beauce-Appalaches depuis 2018.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
Le cours Réflexions sur la pensée des Premières Nations du Cégep Beauce-Appalaches est unique. « Je voulais créer une ouverture pour que cette pensée soit entendue », explique Etienne Gourde qui a bâti le cours de toutes pièces et qui l’enseigne depuis deux ans dans une région où les contacts avec les Premières Nations sont presque inexistants.
Le Beauceron est riche d’une expérience de 10 ans dans la communauté innue d'Unamen Shipu en Basse-Côte-Nord, où il a enseigné au secondaire. Ma famille a grandi là, mes enfants ont été à l’école, on a appris la langue, la culture.
Avec ce bagage qu’il traîne avec lui au quotidien, l’enseignant s’entoure d’amis des Premières Nations qui viennent partager leur savoir durant la session. Médérik Sioui, historien-consultant est l’un d’eux, ils se sont penchés ensemble sur le nom du cours. Il a vu la beauté de nos cultures et de nos nations, il veut le partager avec nos jeunes, mais dans une posture bienveillante.
« On en apprend sur notre ignorance face aux Premières Nations, les préjugés, les stéréotypes, les communautés et l’histoire. »
Le cours en est à sa deuxième année d’existence, 25 étudiants y sont inscrits. La façon dont j’ai construit le cours, je pars de ce qu’ils savent déjà et on le construit avec ça
, précise Etienne Gourde.
Chaque étudiant participe aux dialogues. Une étudiante a posé une question sur les stéréotypes à l’égard des Autochtones au grand plaisir de Médérik Sioui. J’aime les jeunes qui sont prêts à le dire, les réserves, les hommes violents, les Ski-Doo qui traînent dehors.
« Ça a permis d’aborder ces questions-là et de déconstruire ces mythes et ces préjugés. »
Perspective historique des Premières Nations
Une vidéo sur l’histoire de Montréal tirée du parcours Cité Mémoire, incluant la vision autochtone, a été présentée aux étudiants pendant le cours, question de leur donner une meilleure perspective historique de la fondation de la métropole québécoise.
C’est un peu déstabilisant pour les jeunes qui arrivent avec une conception de ce qu’ils ont appris à l’école
, explique Etienne Gourde. Pour Médérik Sioui, il est important d’expliquer qu’il y a plusieurs perspectives. Les gens pensent que l'histoire est une trame narrative unique
, note l’historien.
Des auteurs et philosophes autochtones comme Georges Sioui, Vine Deloria, Taiaiake Alfred et Glen Coulthard sont étudiés.
Les sujets sont nombreux en classe. Les jeunes que j’ai en ce moment, la crise d’Oka, ils ne connaissent pas ça. Pourquoi il y a de la résistance et la réconciliation, c’est à démystifier
, lance l’enseignant en philosophie.
Réactions positives
Le Cégep Beauce-Appalaches n’a pas hésité à ajouter du contenu pendant l’année avec la présence de conférenciers des Premières Nations pour l’ensemble des étudiants. Ça enrichit grandement notre offre de cours complémentaires
, explique Jean-Philippe Vachon, directeur des études et de la vie étudiante au Cégep Beauce-Appalaches.
« On veut former des étudiants et des citoyens complets. Il faut être capable d’informer les étudiants sur la réalité qui les entoure. »
Eva Sylvestre a suivi le cours l’an dernier. Les connaissances acquises lui servent dans son parcours universitaire aujourd’hui en sciences politiques. Ça nous apporte un autre côté de la médaille qu’on n’a pas exploré du tout.
Pour elle, il ne fait pas de doute que ce cours devrait être intégré dans les parcours collégiaux
.