Le Comité olympique canadien se dissocie des gazouillis de l’ex-athlète Jamie Salé
L'ancienne championne olympique en patinage artistique est devenue une figure de proue des antivaccins en Amérique.

Jamie Salé en conférence de presse le lendemain de sa performance olympique en 2002 avec son coéquipier David Pelletier.
Photo : Associated Press / HANS DERYK
Le Comité olympique canadien (COC) rappelle que l'ancienne championne de patinage artistique Jamie Salé n'est pas une membre active d'Équipe Canada, mais il se dit néanmoins troublé par ses déclarations dans les réseaux sociaux.
Jamie Salé n'est pas étrangère à la controverse au sujet de la vaccination obligatoire, et elle ne s'en cache pas.
Elle accepte des entrevues de médias alternatifs de droite comme Rebel Media ou True North, lesquelles peuvent être facilement visionnées sur YouTube ou Twitter.
L'ancienne athlète originaire de l'Alberta a en outre appuyé sans hésitation, l'an dernier, le convoi dit de la liberté à Ottawa.
Elle a même affirmé que la COVID-19 était un canular et elle met toujours en garde le public contre la vaccination obligatoire, qu'elle compare à un crime contre l'humanité.
Jamie Salé et son coéquipier de l'époque David Pelletier ont remporté en 2002 l'or en couple lors des JO d'hiver de Salt Lake City à la suite d'un scandale.
Un soupçon de tricherie de la part de la juge française Marie-Reine Le Gougne avait permis de confirmer qu'elle avait favorisé le couple russe au détriment du couple canadien en échange d'un accord entre les fédérations française et russe de patinage pour favoriser un couple français en danse quelques jours plus tard.
Jamie Salé, qui est aujourd'hui motivatrice et conférencière, jouit d'une très grande popularité sur les réseaux sociaux où elle compte 108 000 abonnés sur Twitter seulement.
Son fil sur Twitter rassemble des déclarations que certains qualifieraient de douteuses et issues de sources que d'aucuns trouveraient contestables, au sujet des vaccins ou des masques par exemple.
La championne olympique de 45 ans soutient que les médias traditionnels ne diffusent que des mensonges
et que ceux qui nous gouvernent devraient être en prison
.
Ses déclarations font toutefois réagir, comme celles sur les masques contre la COVID-19 prescrits aux enfants qu'elle avait comparés à des violences à l'égard des mineurs
.
Son plus récent gazouillis la montre en train d'approuver le microbillet d'un individu non identifié qui accepterait volontiers d'assister sur Pay Per View à l'exécution de Bill Gates, d'Albert Bourla (le président de Pfizer, NDLR) ou encore du premier ministre Justin Trudeau.
Le Dr Brian Goldman avait critiqué dans un gazouillis le Toronto Star au début de février pour avoir rédigé un article au sujet de Salé, en soulignant que ses opinions en matière de santé publique mettaient la vie des Canadiens en danger
.
Réactions du Comité olympique canadien
Dans un courriel à Radio-Canada, le Comité olympique canadien écrit que, bien que le COC respecte la liberté d’expression des personnes, nous estimons que ses déclarations dans les médias sociaux sont profondément troublantes
.
Nous n’approuvons pas la propagation de fausses informations
, poursuit le porte-parole du Comité, Thomas Hall.
« Le COC a clairement affirmé tout au long de la pandémie que nous sommes plus forts ensemble et que nous respectons les mesures pour nous protéger et protéger nos communautés, incarnant ainsi notre message "Sois olympique". Nous invitons tout le monde à respecter les recommandations de leurs autorités sanitaires locales et celles de Santé Canada. »
La GRC dit qu'elle est au courant du billet controversé de Salé, mais qu'elle ne fait l'objet d'aucune enquête.
Règle générale, il faut qu’une enquête entraîne le dépôt d’accusations criminelles pour que la GRC confirme la tenue d’une enquête, la nature des accusations qui seront déposées et l’identité des personnes visées
, écrit sa porte-parole, la cpl Kim Chamberland dans un autre courriel.
L'avocat de la défense au criminel, Ari Goldkind, affirme qu'il n'y a pas lieu de déposer des accusations criminelles contre Jamie Salé, pas plus que contre celui dont elle a rediffusé le gazouillis.
Il faut faire, selon lui, la différence entre la liberté d'expression et le crime haineux, même si la ligne peut être mince entre les deux. Me Goldkind souligne que des gazouillis disgracieux, mensongers ou irrespectueux ne méritent pas que l'on poursuive leurs auteurs en justice.
Dans ce cas-ci, Jamie Salé n'a appelé à l'exécution de personne, mais qu'elle assisterait à leur exécution, même s'il est vrai que son gazouillis est odieux
, précise-t-il.
L'auteur du gazouillis initial pourrait peut-être faire l'objet d'une enquête policière, mais là encore, je ne suis pas convaincu qu'elle déboucherait sur des accusations criminelles
, dit-il, en rappelant qu'aucune menace de mort n'a été proférée contre le premier ministre Justin Trudeau.
Me Goldkind regrette que certains soient toujours prompts à censurer les opinions avec lesquelles ils sont en désaccord, parce qu'elles sont offensantes ou parce qu'elles disséminent de la désinformation dans le public.
Malheureusement, beaucoup de Canadiens ignorent la loi et le Code criminel est très clair sur la définition ou la nature d'un crime haineux
, poursuit-il.
L'avocat explique que la loi sur les crimes haineux prescrit qu'un individu qui prônerait la violence contre un groupe en particulier de la société risque d'encourir des accusations pénales.
James Sears a prôné la haine contre un groupe identifiable, c'est la notion même de discours haineux, mais sa position est très différente de ce que Jamie Salé a republié en ligne
, rappelle Me Goldkind au sujet du rédacteur en chef du magazine antisémite Your Ward News.
Me Goldkind rappelle que le principe même de la liberté d'expression consiste à protéger les opinions les plus dérangeantes et les plus odieuses, pourvu que personne ne transgresse la loi
.
Jamie Salé n'a pas répondu à notre demande d'entrevue avant la publication de cet article.