Monsieur Cocktail victime d’une « fraude du président »

L'entreprise de Patrice Plante devra absorber les 200 000 $ perdus puisque ce type de fraude n'est pas couvert par les assurances.
Photo : Radio-Canada / Camille Carpentier
Le 7 février dernier est un jour sombre dans la vie de Patrice Plante, alias Monsieur Cocktail. Ce jour-là, des fraudeurs l’ont dépouillé de 200 000 $, mettant ainsi en péril l’entreprise qu’il a mis une décennie à bâtir.
J’en ai pleuré de rage
, lance l’entrepreneur Patrice Plante qui raconte son histoire pour empêcher que d’autres soient victimes de la « fraude du président ». Il s’est d’abord confié au quotidien Le Soleil puis à l’émission Première heure.
L’affaire a commencé en novembre lorsque le serveur courriel de l’entreprise a été piraté. Ce n’est que trois mois plus tard que les fraudeurs ont frappé. Le 7 février, un employé du service de la comptabilité a reçu un appel d’un faux avocat lui disant que Monsieur Cocktail procédait à une acquisition à l’internationale, que l’Autorité des marchés financiers (AMF) était au courant et qu’il fallait garder le tout secret, rapporte M. Plante.
L’employé en question a reçu un courriel de la part de son patron lui confirmant la transaction à venir. Le hic, c’est que le compte courriel avait été piraté trois mois plus tôt.
« C'était pas un courriel avec une faute de frappe, c'était littéralement mon courriel d'entreprise. »
La personne a subi beaucoup de pression de ce faux avocat là qui l’appelait aux 15 minutes. Trois heures plus tard, les fraudeurs ont littéralement vidé notre marge de crédit et notre compte de banque
, relate-t-il.
Qu’est-ce qu'une fraude du président?
Un courriel frauduleux, d’apparence soignée, qui est signé du nom du président de l’entreprise, est envoyé à des employés. Il peut contenir des informations très précises, ce qui rend la requête plus crédible. Généralement un soi-disant avocat personnifié par le fraudeur prend la relève pour organiser et donner des consignes spécifiques au transfert de fonds.
Dans certains cas, les fraudeurs communiquent par téléphone avec le contrôleur ou comptable de l’entreprise pour confirmer la transaction et demandent des informations personnelles sur la personne qui doit effectuer le transfert.
Source : Sûreté du Québec
Manipulation
Les escrocs utilisent les médias sociaux plusieurs mois avant de sévir afin de mieux connaître leurs victimes. Ils frappent quand la personne n’est pas en pleine possession de ses moyens et créent une bulle de bienveillance
, explique M. Plante.
Résultat : 200 000 $ ont été dérobés à l’entreprise de Québec. En l'espace de quelques jours, l’argent avait disparu après avoir été transféré dans plusieurs pays, selon M. Plante.
Ce type de fraude n’est pas couvert, puisqu’il n’est pas lié à un manquement à nos règlements, selon l’AMFIl s’agit d’une fraude de nature criminelle et ce sont les corps policiers qui doivent en être avisés
, a répondu par courriel Sylvain Théberge, directeur des relations médias.
Monsieur Cocktail doit donc absorber les pertes. Pour ce faire, il a dû notamment procéder à des mises à pied. Trois personnes, y compris l'employé aux finances qui a autorisé la transaction frauduleuse, ont perdu leur emploi.
L'entrepreneur promet qu'il va se relever de cette épreuve. C'est un autre défi sur la pile, c'est vraiment pas la fin du monde
, dit-il.
J’aimerais ça transformer ça en positif pour dire à tous les entrepreneurs du Québec : parlez-en
, conclut-il, en espérant que son histoire sensibilisera la population et en empêchera d’autres de vivre ce qu’il a vécu.
Avec la collaboration de Camille Carpentier
Conseils de prévention :
- Effectuer systématiquement des vérifications auprès de personnes en autorité au sein de l’entreprise avant de procéder à une transaction. Particulièrement s’il y a un caractère d’urgence.
- Communiquer directement avec le demandeur, en utilisant les coordonnées dont dispose l’entreprise, et non celles indiquées dans le courriel de la requête.
- Vérifier l’adresse courriel du demandeur. Généralement le courriel frauduleux est similaire à celui du président de l’entreprise mais comporte une lettre, un chiffre ou un caractère de plus.
- Mettre en place un protocole sécuritaire, tel un mot de passe confidentiel, qui augmente ainsi le niveau de sécurité des transactions de l’entreprise.
- Mettre en place des procédures spécifiques et désigner une personne compétente pour permettre des virements en urgence.
- Prévoir, systématiquement, un contre-appel de la banque en cas de virement au-dessus d’un certain montant.
- Limiter la communication d’informations sur l’organisation de l’entreprise, son organigramme, la communication d’informations individuelles, le site Internet de l’entreprise, les médias sociaux.
- Sensibiliser les employés pouvant être concernés à ne pas fournir leurs informations personnelles, comme la copie du permis de conduire ou un autre document, même si on l’exige.
Source : Sûreté du Québec