Legault veut plus de flexibilité dans les conventions collectives du secteur public
À un mois de l'échéance des conventions collectives dans le secteur public, François Legault est revenu à la charge dans un message publié sur les réseaux sociaux samedi matin.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Le premier ministre François Legault demande plus de « flexibilité » dans les conventions collectives pour « changer le fonctionnement » du réseau de la santé, assurant qu'il ne s'agit aucunement de « réduire les avantages » des infirmières. De son côté, Magali Picard, présidente de la FTQ
, dénonce la diabolisation des syndicats par le premier ministre.À un mois de l'échéance des conventions collectives dans le secteur public, M. Legault est revenu à la charge au moyen d'un message publié sur les réseaux sociaux samedi matin.
La Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) tenait vendredi sa troisième journée de négociation avec Québec pendant que le Front commun intersyndical se plaignait lui aussi du peu de rencontres de négociation organisées à ce jour.
Les syndicats du secteur public ont été passablement irrités cette semaine par l'envoi par courriel d'une nouvelle offre de Québec touchant les conditions de travail des enseignants, des infirmières et des psychologues.
C'est que ceux-ci ont tous refusé de participer aux forums de discussion orchestrés par la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, n'y voyant pour le gouvernement qu'une manière de gagner du temps et de se perdre dans un plus vaste ensemble. Pour eux, les problèmes sont connus et doivent être réglés aux vraies
tables de négociation.

François Legault s'attire les foudres des Centrales syndicales à un mois de l'échéance des conventions collectives dans le secteur public. Le premier ministre les accuse de manquer de souplesse en refusant de participer à des forums de discussions que son gouvernement a mis en place pour trouver des solutions aux conditions de travail difficiles dans les réseaux de la santé et de l'éducation.Un reportage de Charlotte Dumoulin.
Dans son message de samedi matin, M. Legault déplore leur absence à ces forums, soutenant que les dirigeants syndicaux sont dans une logique de fermeture et ne veulent pas venir discuter autrement pour changer les choses
.
Je pourrais comprendre si au gouvernement on voulait couper dans les salaires ou les conditions de travail des infirmières et des enseignants, mais c'est le contraire : on veut améliorer leurs conditions!
écrit le premier ministre.
S'il dit espérer sincèrement
que les dirigeants syndicaux accepteront rapidement de faire partie de la solution
, M. Legault cherche surtout à gagner l'appui de la population et des travailleurs en santé et en éducation.
En attendant, c'est vous qui attendez à l'urgence et les infirmières qui travaillent dans des conditions difficiles. En attendant, les enseignants travaillent dans des conditions qui ne sont pas idéales
, écrit-il.
Pour réussir à vous donner des services plus performants et plus humains, on a d'abord et avant tout besoin de plus de flexibilité dans les conventions collectives
, affirme aussi M. Legault.
Le premier ministre assure que son gouvernement souhaite éliminer les irritants, éliminer le travail supplémentaire obligatoire, offrir des horaires qui permettent d'avoir une vie personnelle, une vie de famille normale
.
On comprend les infirmières qui tiennent le réseau public à bout de bras de ne pas vouloir perdre leurs avantages. Il faut trouver des solutions qui vont être gagnantes pour tout le monde et, pour ça, il faut discuter
, dit M. Legault.
Il affirme que c'est la même chose en éducation
et évoque l'ajout de personnel dans les classes difficiles pour aider les enseignants.
La présidente de la FTQfâchée
se dit En entrevue sur la chaîne RDI, la présidente de la FTQ
, Magali Picard, a dénoncé le message du premier ministre, qu’elle accuse de mentir à la population.Ce qui se passe présentement, c’est que le gouvernement Legault, avec la présidente du Conseil du trésor, veut que les syndicats se présentent à des forums de discussion, alors qu’on est en pleine négociation et qu’on n’a plus de temps pour les blablas.
Mme Picard assure au contraire que les syndicats sont prêts depuis des mois
à s’asseoir et à négocier, ajoutant que la FTQ avait déjà envoyé à François Legault et à Sonia LeBel son calendrier de négociation.
« Je ne sais pas pourquoi le gouvernement s’entête à ne pas se présenter aux tables. C’est choquant et je peux vous dire que ça n’aide personne, ni les travailleurs et travailleuses ni la population en général. »
La présidente demande à François Legault de cesser ses campagnes de désinformation qui, selon elle, visent à diaboliser les syndicats au Québec. C’est décevant de voir un premier ministre, en 2023, mener une campagne de diabolisation. Il faut que ça s’arrête!
a-t-elle martelé.
Un avis partagé par le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois, qui a déclaré sur son compte Twitter que la stratégie de François Legault consiste à monter l'opinion publique contre les syndicats pour excuser ses échecs
.
Mme Picard recommande au gouvernement de respecter le cadre législatif dans le contexte de la négociation. Est-ce que le gouvernement Legault essaie de gagner du temps ou est-ce qu’il ne sait pas trop où il s’en va? Nous, on a des propositions et des solutions concrètes.
Sonia LeBel n’a pas souhaité réagir aux propos de Magali Picard, mais dans une déclaration transmise aux médias, la présidente du Conseil du trésor se dit convaincue
de l’efficacité de ces forums de discussion. Parallèlement aux tables de négociation traditionnelles, il faut que tous les syndicats concernés par des enjeux communs viennent s’asseoir à une même table.
« Il faut améliorer l’organisation du travail dans nos hôpitaux, dans nos écoles. Il y a urgence d’agir et les syndicats doivent faire partie de la solution. »
Mme LeBel déclare avoir soumis pour 700 millions de dollars de propositions aux syndicats, y compris le déploiement d’aide en éducation ainsi que des bonifications de salaire et des congés supplémentaires pour les infirmières. Elle affirme par ailleurs se pencher sur une révision de la rémunération des psychologues.
Pour sa part, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a indiqué qu’elle n'accordait aucune entrevue samedi au sujet du message publié par le premier ministre sur les réseaux sociaux. Le syndicat, qui représente quelque 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques, dit souhaiter poursuivre les négociations. Une quatrième journée est prévue le 9 mars.
La porte-parole de Québec solidaire, Christine Labrie, se méfie des forums de discussion du gouvernement.
Ce que François Legault essaie de faire, c’est d’inviter les syndicats à négocier en dehors du processus habituel. Ça pose un risque important, parce que ce qui va être promis là, ce n’est pas certain que cela va être inclus aux conventions collectives
, a-t-elle déclaré.
Pour le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, la colère de François Legault ne sert pas les Québécois.
Pour les élèves du Québec, pour les patients dans le système de santé, François Legault a une obligation de résultat. Ce n’est pas en menant la chicane sur la place publique qu’il aura des résultats tangibles
, a indiqué le politicien.