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Des activistes LGBTQ+ craignent la défiguration de la plage nudiste iconique de Toronto

Un homme nu au bord de la plage. Un panneau indique que les vêtements y sont optionnels.

Hanlan's Point est la seule plage nudiste de Toronto. Elle est aussi un lieu de rassemblement iconique pour la communauté LGBTQ+.

Photo : La Presse canadienne / Aaron Vincent Elkaim

La Ville de Toronto explore un nouvel aménagement d'un de ses parcs les plus emblématiques : les îles de Toronto. Mais des activistes de la communauté LGBTQ+ s'inquiètent de l'avenir de Hanlan’s Point, la plage en partie nudiste qui s'y trouve et pour laquelle ils éprouvent un fort attachement culturel et historique.

Les Torontois auront l'occasion de s'exprimer jeudi soir sur la suggestion de créer un espace événementiel situé aux abords de cette plage pour accueillir, entre autres, des festivals. Aucun plan n’est arrêté, et la Ville indique qu'il s'agirait d'un ajustement mineur.

Le sociologue Gary Kinsman, qui se rendait régulièrement à Hanlan’s Point à la fin des années 1970, déplore de son côté que la Municipalité a jusqu'ici remarquablement peu consulté la communauté queer pour un endroit historiquement très important pour ses membres.

La Ville refuse d'engager le type de dialogue et de consultation qui était nécessaire. Elle ne reconnaît absolument pas qu'il s'agit d'un espace social et sexuel pour les gais et les lesbiennes, et qu'elle va essayer de le développer, de faire de l'argent et de se débarrasser de notre présence.

Une citation de Gary Kinsman, professeur émérite, Département de sociologie, Université Laurentienne

Plongée dans la signification de Hanlan's Point

Il faut dire que cette plage, située sur le flanc ouest du groupe d’îles en face du centre-ville de la métropole, est un point de repère. Difficile d'accès et cachée, elle fait figure de havre de paix depuis plusieurs décennies et d’échappatoire à la répression policière contre les homosexuels lorsque celle-ci battait son plein.

Un article de tabloïd consulté à la bibliothèque spécialisée The ArQuives le décrit, dès 1951, comme un point de rencontre pour les hommes gais, où l’on peut se baigner nu sans inquiétude...ou presque.

D’autres archives rappellent que des agents de la police de Toronto harcelaient les nudistes sur place.

Une rare photo de cette époque montre un groupe d'hommes tout sourire sur la plage.

Un groupe de jeunes femmes et hommes assis sur la plage.

Cette photo a été prise durant les années 1950 sur la plage de Hanlan's Point, assure Ed Jackson.

Photo : Photo fournie par Ed Jackson

Selon l'historien communautaire et activiste queer Ed Jackson, aucun d'entre eux n'affichait ouvertement son orientation sexuelle.

En 1971, un premier pique-nique gai y était organisé, rassemblant plusieurs centaines de personnes. L’événement est aujourd’hui considéré comme un tournant dans le mouvement de revendication des droits LGBTQ+.

C'était la Fierté avant que la Fierté existe, résume Ed Jackson.

Cheri DiNovo, activiste queer, ministre et ancienne députée du Nouveau Parti démocratique de l'Ontario, se souvient de ce moment charnière. On riait, dansait, buvait et, surtout, on était entièrement nous-mêmes, fiers et hors du placard, dit-elle. Ce n'était pas rien à cette époque.

La même année, elle a participé à la première grande marche vers la colline du Parlement pour revendiquer les droits des personnes LGBTQ.

Cheri DiNovo montre un article avec une photo dans laquelle elle apparaît.

Cheri DiNovo montre un article de presse sur le pique-nique gai de 1971, dans lequel elle figure.

Photo : Radio-Canada

De nombreux autres pique-niques et rassemblements informels ont depuis eu lieu et ont contribué à renforcer le sentiment de quiétude de celles et ceux qui y venaient.

On s’y sentait en sécurité. Tu y allais avec tes amis pour sortir, avoir des rencontres sexuelles ou sociales et être ouvertement gai sans que rien ne t’arrive, se souvient Gary Kinsman. C'est un endroit vraiment unique. [À l’époque], il n'y avait pas beaucoup d'endroits où aller en tant qu'homosexuel.

Des vagues de persécution policière et de violence haineuse ont mis ce sentiment à l'épreuve dans les décennies suivantes, assure-t-il.

C'est en partie pour y mettre fin que la Ville a finalement permis le nudisme à Hanlan's Point en 1999, sous l’impulsion de Kyle Ray, le premier élu municipal torontois ouvertement gai.

La plage torontoise est désormais l’une des deux seules au pays à avoir officiellement ce statut.

Je pense que c'est toujours un endroit important, reprend Ed Jackson. Beaucoup de jeunes y vont, c'est devenu une sorte de rituel d'aller à la plage. Les vêtements étant facultatifs, c'est vraiment agréable.

Ed Jackson assis.

Ed Jackson considère que l'aménagement d'un espace dédié à l'événementiel aux abords de Hanlan's Point pourrait menacer l'héritage de l'endroit.

Photo : Radio-Canada

Le fait qu'il soit menacé par une zone de réunion publique ou un espace événementiel, ce sera très difficile, croit-il.

Deux réunions publiques pour discuter d'avenir

C’est fort de cet héritage que plusieurs activistes LGBTQ+ ont réclamé ces derniers jours des éclaircissements de la part de la Ville sur son plan directeur d’aménagement des îles, qui accueillent près de 1,5 million de visiteurs par an.

En réaction, la conseillère municipale Ausma Malik a annoncé la tenue de la réunion publique jeudi à 17 h 30 qui portera précisément sur le fameux espace événementiel proposé aux abords de Hanlan’s Point.

Nous sommes impatients de répondre à ces préoccupations, a-t-elle écrit dans un communiqué vendredi dernier. [Le plan directeur] n'est pas encore définitif et il existe des possibilités d'améliorer le résultat de ce processus.

La Ville cherche des moyens d'étendre la plage sans vêtements, d'améliorer la sécurité et l'accès et d'adopter une approche décisionnelle qui privilégie l'intégrité écologique et la durabilité dans toutes les îles de Toronto.

Une citation de Ausma Malik, conseillère du quartier 10, Spadina-Fort York

Par ailleurs, un atelier organisé au centre communautaire 519 se tiendra le 27 février et portera sur toutes les idées proposées dans le projet de plan directeur pour la plage.

Une décision sur le futur visage des îles de Toronto sera prise au cours de l’été, selon le calendrier affiché par la Ville.

Avec les informations de Mirna Djukic

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