Même sans oreilles, les serpents entendent les sons aériens

Les gens pensent qu'ils ne ressentent que les vibrations provenant du sol, affirme dans un communiqué la professeure Christina Zdenek, de l'Université du Queensland en Australie.

La professeure et ses collègues ont mené une série d’expériences pour prouver une fois pour toutes que les serpents peuvent entendre les sons aériens.

Pour réussir à percer le mystère, la professeure Zdenek et ses collègues ont mené plus de 300 expériences avec 19 serpents de 5 genres différents.

« Nos travaux sont les premiers à utiliser des serpents non anesthésiés et libres de leurs mouvements. »

L’équipe a placé les reptiles dans une pièce insonorisée pour observer leurs réactions individuelles à trois sons, chacun comprenant une gamme de fréquences de 1 à 50 Hz, de 150 à 300 Hz et de 300 à 450 Hz.

À titre de comparaison, la fréquence de la voix humaine se situe entre 100 et 250 Hz, et celle des oiseaux qui gazouillent, à environ 8000 Hz. L’un des sons produisait des vibrations au sol, tandis que les deux autres étaient uniquement aériens.

Les comportements observés étaient des mouvements du corps, de la tête et de langue, et des sifflements.

Notre recherche révèle qu'ils [les serpents] réagissent aux ondes sonores qui se propagent dans l'air, et peut-être même aux voix humaines, explique la professeure Zdenek, auteure principale des travaux publiés dans la revue PLOS ONE (Nouvelle fenêtre).

Les observations récoltées montrent que les serpents réagissent aux sons aériens et terrestres, au moins dans la gamme de fréquences de 0 à 450 Hz.

De plus, les chercheurs ont établi que les réactions comportementales dépendent fortement de l’espèce du serpent.

Par exemple, le python woma (Aspidites ramsayi) a tendance à bouger davantage et à s'approcher d’un son, alors que le taïpan s’en éloigne, note la Pre Zdenek.

« Le python woma est un grand serpent nocturne qui n’a pas beaucoup de prédateurs, si bien qu’il est moins prudent et a tendance à s'approcher du son. »

De plus, il présente un comportement intéressant dit périscopique, durant lequel il lève le tiers avant de son corps dans un mouvement qui rappelle la curiosité.

Le taïpan, plus petit que le python, réagit plus prudemment au son et semble plus défensif. Dans son milieu naturel, le taïpan doit constamment surveiller les prédateurs tels que les rapaces, particulièrement durant le jour. Pour cette raison, il a tendance à fuir le son, ajoute-t-elle.

La Pre Zdenek pense que son étude met fin au mythe de la surdité des serpents.

Ils entendent les sons, mais certainement pas aussi bien que vous et moi, estime la chercheuse, qui ajoute que les serpents ne peuvent capter que les basses fréquences sous 600 Hz.

Nous savons très peu de choses sur la façon dont la plupart des espèces de serpents s'orientent dans différents environnements du monde entier.

Nos résultats améliorent notre compréhension encore limitée des serpents, ce qui pourrait aider les humains à mieux cerner leurs comportements et ainsi éviter leurs morsures, estime la chercheuse.