Histoire et amitié se mélangent dans une partie de hockey entre joueurs cris et cowboys

À la troisième période, les joueurs cris revêtent des vêtements traditionnels et les cowboys mettent leurs fameux chapeaux, en plus de leurs jambières de cuir. (Photo d'archives)
Photo : Maple Creek News / Marcus Day
À chaque année, des centaines de personnes se réunissent dans un aréna à Maple Creek, en Saskatchewan, pour assister à la Battle of the Little Big Puck, une partie de hockey hors de l'ordinaire. Lors de l'événement, des joueurs cris et des cowboys locaux s'affrontent dans une partie amicale et caritative.
Ce sera la 40e partie du genre à avoir lieu dans la municipalité située près de la frontière avec l'Alberta. Elle regroupe des membres de la Première Nation Nekaneet et des concurrents de rodéo de la région.
À la troisième période, les joueurs cris revêtent des vêtements traditionnels et les cowboys mettent leurs fameux chapeaux, en plus de leurs jambières de cuir. Des policiers de la GRC prennent aussi part au jeu en tant qu'arbitres et enfilent leurs tuniques rouges.
Nous sommes tous voisins
, lance le chef de la Première Nation Nekaneet, Alvin Francins. Il a pris part à la première partie en 1979 et a joué tous les ans jusqu'à il y a environ 10 ans.

Trois amis ont eu l'idée de la Battle of the Little Big Puck en 1978. (Photo d'archives)
Photo : Maple Creek News / Kate Winquist
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Selon le chef, l'amitié, le respect mutuel et l'unité sont au cœur de l'événement. On rit les uns des autres et on s'amuse ensemble. C'est comme ça que le monde devrait être, c'est ça notre vision des choses.
Tous les ans, l'argent récolté est destiné au centre de soin local, à des activités pour les jeunes ou encore aux gens dans le besoin. Cette année, une partie des profits ira à Sandy Cooper, un jeune concurrent de rodéo saskatchewanais qui s'est brisé le cou et s'est retrouvé paralysé.
L'objectif, c'est la camaraderie
L'idée de la Battle of the Little Big Puck est née en 1978. Tom Reardon, le cowboy Nick Demchenko et leur ami Raymond Anderson, membre de la Première Nation Nekaneet, ont d'abord planifié une partie amicale, sans grandes prétentions.
Nous voulions seulement prévoir un dimanche après-midi amusant. Nous n'étions pas des visionnaires
, sourit Tom Reardon. C'est lui qui a trouvé un nom pour l'événement, s'inspirant de la bataille de Little Bighorn.

L'événement attire des centaines de spectateurs chaque année. (Photo d'archives)
Photo : Maple Creek News / Kate Winquist
Lors de la première partie, les joueurs ont récolté 180 $ pour l'hôpital local. Ça s'est terminé par une égalité. Les deux équipes ont gagné et on s'est dit que c'était très bien comme ça.
Quelques années plus tard, des membres de la communauté ont récupéré l'idée, imprimé des billets et l'ont transformée en un événement communautaire annuel, qui fête cette année ces 40 ans. L'objectif, c'est la camaraderie. C'est vraiment agréable
, lance Tom Reardon.
Sport et histoire
La mairesse de Maple Creek, Michelle McKenzie, estime que l'événement est aussi lié à l'histoire de la communauté.
Dans les années 1800, plusieurs Premières Nations de la région ont été déplacées dans d'autres parties de la province, mais le chef Nekaneet a refusé de partir.
D'abord sans financement du gouvernement fédéral, la communauté a tissé des liens avec les fermiers du secteur pour subsister. Elle a finalement reçu l'aval du gouvernement en 1913.

Le joueur de la Première Nation Nekaneet Harry Buffalocalf se prépare avant la partie, en 2020. (Photo d'archives)
Photo : Maple Creek News / Marcus Day
Ce respect et ces connaissances se sont transmis depuis le début. On ne retrouve pas ça ailleurs
, affirme la mairesse.
Elle-même métisse, elle assiste à la partie depuis qu'elle a 14 ans.
La couleur de peau ou qui vous êtes n'a pas d'importance, on vous accueille à bras ouverts en tant que membre de notre communauté.
L'aîné de la Première Nation Nekaneet Larry Oakes, âgé de 63 ans, enfile ses patins une nouvelle fois cette année, comme il l'a fait de nombreuses fois auparavant. L'ancien chef de la Première Nation souligne que tout le monde joue de son mieux.
Pour lutter contre le racisme ou la discrimination, les gens doivent faire quelque chose de concret. [Cette partie], c'est quelque chose que nous faisons tous ensemble.
Avec les informations de Bonnie Allen