Le gaz produit à partir des résidus alimentaires de Québec brûlé à Rivière-du-Loup

Pour le moment, le méthane produit à l'usine de biométhanisation de Rivière-du-Loup est brûlé.
Photo : Radio-Canada
Après avoir parcouru près de 250 km en camion, les résidus alimentaires déposés dans des sacs mauves par des résidents de Québec ne sont que partiellement valorisés.
Ces matières, qui devraient être traitées à la nouvelle usine de biométhanisation de Québec, sont jusqu’à nouvel ordre envoyées dans la MRC de Rivière-du-Loup en raison de travaux de réparation des cuves.
Si le digestat et le liquide riche en azote produits à l’usine de biométhanisation située à Cacouna seront étendus sur les champs du Bas-Saint-Laurent, le biogaz lui est brûlé.
Le centre de biométhanisation gérée par la Société d'économie mixte en énergie renouvelable (SEMER) de Rivière-du-Loup n’a toujours pas les équipements nécessaires pour liquéfier le méthane produit afin de le vendre à Énergir.
Pourtant, la conseillère municipale responsable du dossier, Marie-Josée Asselin, affirmait mercredi en conférence de presse que l’objectif en attendant c’était vraiment de s’assurer que le geste que les citoyens avaient fait servait aux mêmes fins, c’est-à-dire faire du biogaz.
Le maire en a même ajouté en mêlée de presse jeudi. Les citoyens de Québec peuvent être rassurés, il n’y a rien qui se perd dans ce qu’on récupère
, a lancé Bruno Marchand.
Brûlé à la torchère
Sauf que le biogaz produit est brûlé à la torchère. Une situation qui est moins néfaste pour l’environnement que d’envoyer tous ses résidus alimentaires à l’incinérateur, estime Carl Desharnais, le directeur général adjoint pour les infrastructures durables à la Ville de Québec.
Il croit que la valorisation en digestat en vaut la peine même si le biogaz est brûlé. Quoique le biogaz est présentement brûlé de façon environnementale, il se produit quand même un fertilisant qu'on appelle le digestat. Le digestat, lui, est présentement valorisé en agriculture entre autres dans la région de Rivière-du-Loup.
« On préfère avoir un gain environnemental qui est plus petit avec Rivière-du-Loup que de ne pas en avoir un du tout. »
Confiance du citoyen
M. Desharnais insiste sur l’importance de l’implication des résidents. C'est vraiment un changement de culture qu'on est en train d'implanter au niveau du citoyen, puis la confiance du citoyen que son geste a une valeur est importante.
Il ajoute que tant que les résidents participent au programme du sac mauve, les équipements du système de tri sont testés, calibrés et améliorés
.
Selon le président de la SEMER, Michel Lagacé, pour chaque 30 tonnes de matières résiduelles envoyées au centre, on produit 4,2 tonnes de digestat, 450 litres de liquide et 268 m3 de biométhane, l’équivalent de 450 litres de gaz naturel liquéfié. C’est clair que c’est des quantités importantes de biométhane
, dit-il.
Contrairement au centre de Québec, qui pourra vendre du biogaz à l'état gazeux directement à Énergir, l’usine de Rivière-du-Loup doit abaisser la température du gaz pour atteindre -150 °C afin de le liquéfier. Cette dernière étape n'a toujours pas été réussie aux installations de Rivière-du-Loup, qui sont en fonction depuis 2015.
Selon la Ville de Québec, environ 800 tonnes de matière compostable ont déjà été envoyées à Rivière-du-Loup. L’administration Marchand affirme faire face à des retards dans la mise en service de son centre de biométhanisation.
Michel Lagacé affirme que le centre de Rivière-du-Loup a beaucoup de capacité d'accueil pour plus de matières résiduelles.
Le centre de Cacouna peut traiter 26 000 tonnes de matières résiduelles, mais en accueille actuellement 14 000, selon Michel Lagacé. On va [accueillir les matières résiduelles] tant et aussi longtemps que la Ville de Québec a besoin de nous
, ajoute-t-il.
En échange des matières, Québec recevra de l'inoculum bactérien de Rivière-du-Loup, ce qui devrait permettre à la capitale de gagner quelques mois dans la mise en service de son usine. Ces bactéries créent la flore qui décompose les boues d’égouts et matières résiduelles.
Contrairement au procédé dans plusieurs autres centres de biométhanisation de la province, le centre de Rivière-du-Loup emploie le même procédé que celui qui sera utilisé à Québec.
Selon la Ville de Québec, le centre de biométhanisation commencera la production de biogaz au cours de l’été.