Crise du logement : « On n’est pas en mesure d’atteindre nos cibles », dit la Ville

La Ville vient de confirmer un prêt de 1,175 million de dollars pour l'acquisition d'un terrain pour un projet de logement social, piloté par l'organisme PECH.
Photo : Radio-Canada
L'administration Marchand est prête à acquérir des unités existantes pour donner un meilleur accès au logement abordable.
La Ville de Québec souhaite vraiment être proactive
, explique la conseillère municipale Marie-Pierre Boucher en entrevue à Radio-Canada. L'administration Marchand attend maintenant un signal de la part du gouvernement du Québec lors du prochain budget pour démarrer un projet d'acquisition d'immeubles.
On veut sortir des logements du marché spéculatif pour les garder abordables
, explique la conseillère responsable du dossier de l'Habitation. La Ville veut agir ainsi pour éviter de perdre d'autres logements. La construction de logements sociaux et abordables ne suffit plus à répondre à la demande en raison d'un manque d'investissements de Québec pour de nouvelles unités. L'administration Marchand cherche d'autres avenues.
C'est beau, créer des unités de logement. Si de l'autre côté, on en perd, on n'est pas avancés.
La Ville ne souhaite pas devenir propriétaire ni même gestionnaire d'un parc locatif. Elle est plutôt à la recherche de partenaires qu'elle pourra accompagner pour lancer ce type d'initiative. Sans dévoiler tous les détails, la conseillère souligne que plusieurs immeubles seront à vendre dans les prochaines années, selon les informations recueillies par la Ville qui assure une vigie du marché.

La conseillère attend des réponses à la crise du logement dans le prochain budget du gouvernement du Québec déposé au printemps.
Photo : Radio-Canada / HANS Campbell
L'administration Marchand entend utiliser tous les leviers à sa disposition pour avoir un premier droit de regard. Elle pourrait avoir recours, par exemple, au droit de préemption, nouvellement acquis par les villes, et à la réserve foncière qu'elle s'est créée pour être en mesure de faire une offre rapidement quand un terrain devient disponible.
La Ville songe également à mettre en place un quartier abordable
. Il s'agit d'un milieu de vie élaboré un peu à l'image des écoquartiers où l'on mise sur la construction de logements subventionnés pour différentes clientèles.
Programme à bout de ressources
L'administration Marchand cherche donc à développer une offre complémentaire aux logements sociaux et abordables financés par des programmes gouvernementaux existants, mais insuffisants. Présentement, si on regarde la courbe de ce qui se construit versus ce dont on a besoin, on n'y arrive pas
, reconnaît la conseillère.
À ce rythme, la Ville de Québec ne sera pas en mesure d'atteindre les objectifs qu'elle s'était fixés, soit de mettre en chantier plus de 500 logements sociaux et abordables chaque année pendant 5 ans. L'objectif demeure
, précise toutefois Marie-Pierre Boucher.
Pour l'instant, pas question de lever le ton pour faire entendre raison au gouvernement de la CAQ de réinvestir dans les programmes, comme AccèsLogis. La Ville de Québec compte actuellement plus de 700 unités de logement qui répondent aux critères du programme sans pouvoir voir le jour, faute de financement.

Les attentes sont élevées envers la nouvelle ministre responsable de l'Habitation, France-Élaine Duranceau.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
L'arrivée de la nouvelle ministre responsable de l'Habitation dans le gouvernement Legault pourrait peut-être permettre de faire avancer les choses, croit la conseillère. Une première rencontre a eu lieu début janvier. On a la même lecture de la situation
, dit Marie-Pierre Boucher. On a senti une grande ouverture de la part de France-Élaine Duranceau.
Le premier test de l'engagement de la nouvelle ministre à trouver des solutions pourra se mesurer dans le prochain exercice budgétaire du gouvernement, au printemps. L'administration Marchand va rencontrer sous peu le ministre des Finances, Éric Girard, pour lui faire part de sa liste de demandes. Les besoins en logements en feront partie.
50 nouveaux logements
S'il manque de financement pour de futurs projets, il se construit tout de même du logement social à Québec. Il s'agit de projets déjà subventionnés : 300 unités sont en chantier et devraient voir le jour d'ici 2024.
À cela, il faut ajouter 50 logements de plus. La Ville vient de confirmer un prêt de 1,175 million de dollars pour l'acquisition d'un terrain pour un projet de logement social, piloté par l'organisme PECH.

Un projet de 50 logements sociaux piloté par l'organisme PECH verra le jour dans le quartier Saint-Roch en 2024
Photo : Radio-Canada
Situé sur la rue Caron dans le quartier Saint-Roch, ce projet viendra en aide aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, de toxicomanie ou d'itinérance. Le projet comprend également la construction d'une unité réunissant sous le même toit différents professionnels.
L'objectif de la conseillère Marie-Pierre Boucher est de trouver des solutions pour éviter une rupture dans le temps. Un projet de logement social peut mettre quatre ans avant d'ouvrir ses portes.
La Ville a dans la mire l'année 2025, l'année où l'écart entre les besoins et l'offre va commencer à se creuser. Si on ne fait rien, on s'en va tous collectivement dans un mur
, ajoute-t-elle.