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Plus de 7 % des décès découlent de l’aide médicale à mourir au Québec

Plus de 5000 personnes pourraient y avoir recours cette année, contre moins de 1000 il y a cinq ans.

Une médecin est au chevet d'un patient âgé.

L’aide médicale à mourir a été légalisée au Canada le 17 juin 2016.

Photo : iStock

Le Québec figure maintenant largement devant les Pays-Bas et la Belgique en ce qui a trait au recours à l’aide médicale à mourir. Pour comprendre cette progression rapide, la Commission sur les soins de fin de vie a lancé une consultation auprès de centaines de médecins.

Lors de la publication de son rapport annuel, en décembre dernier, la Commission sur les soins de fin de vie avait dévoilé que le recours à l’AMM représentait 5,1 % des décès enregistrés d'avril 2021 à mars 2022.

Cette proportion de décès a ainsi fait passer le Québec au premier rang dans le monde devant la Belgique et les Pays-Bas pour le recours à cette méthode.

Or, Radio-Canada a appris que ce pourcentage dépasse actuellement les 7 %. À ce rythme, plus de 5000 personnes y auront eu recours cette année, comparativement à 3663 l’an dernier. On en comptait moins de 1000 il y a cinq ans.

Cette tendance interpelle à ce point la Commission qu’elle vient de lancer une consultation auprès de centaines de médecins qui procurent l’AMM à des patients.

Une douzaine de questions vise à déterminer pourquoi les personnes souffrantes demandent l’AMM [et] quels sont les facteurs dominants de ce haut taux d’AMM au Québec.

Comme l’explique le président de la Commission, le Dr Michel Bureau, au Québec, il y en a plus qu'en Ontario, plus qu'en Europe, et c'est notre devoir de regarder s'il y a des causes évidentes à ça.

Un homme dans son bureau.

Le Dr Michel Bureau, président de la Commission sur les soins de fin de vie

Photo : Radio-Canada

Selon lui, là où il y a un risque, c'est que c'est tellement enjolivé dans la population que bien des personnes souffrantes vont dire au médecin : "Moi, je veux l'aide médicale à mourir" même si elles ne sont pas admissibles.

« La population doit comprendre que c'est un soin d'exception, un soin de dernier recours. On ne commence pas par ça. »

— Une citation de  Le Dr Michel Bureau, président de la Commission sur les soins de fin de vie

Le Dr Bureau plaide pour un meilleur accès aux soins palliatifs.

Un des doyens du milieu médical en matière d’AMM, le Dr Pierre Viens, ne s’inquiète aucunement de voir augmenter le pourcentage de décès découlant de l’AMM.

« Ça n’indique pas qu’il y a plus de cas de cancer, de SLA, etc. Ça indique simplement que plus de gens atteints de maladies graves, avec des souffrances, en fin de vie, sont conscients qu’il y a une façon de mourir dignement, humainement, par l’AMM. »

— Une citation de  Le Dr Pierre Viens

Dans la profession depuis 1963, le Dr Viens explique les écarts entre le Québec et d’autres législations par un contexte socioculturel bien différent, un contexte religieux différent.

Un homme dans son bureau.

Le Dr Pierre Viens est un médecin qui administre l'aide médicale à mourir.

Photo : Radio-Canada

À son avis, au Québec, c’est l’endroit dans le monde où l’AMM est la mieux encadrée : les gens ont compris.

Projet de loi

Dans son dernier rapport annuel, la Commission sur les soins de fin de vie souhaitait que le débat social se poursuive et qu’un projet de loi permettant aux personnes ayant reçu un diagnostic de trouble neurocognitif majeur grave et incurable de faire une demande anticipée d’AMM en prévision de l’inaptitude à consentir soit déposé dès la reprise des travaux parlementaires.

Jeudi, la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, Sonia Bélanger, doit déposer un nouveau projet de loi destiné à élargir l'aide médicale à mourir.

Certains éléments du projet de loi mort au feuilleton au printemps 2022 devraient s’y retrouver.

Ce projet de loi visait à rendre admissibles les personnes atteintes d’un handicap neuromoteur grave et incurable ainsi qu'à permettre une demande anticipée aux personnes atteintes d’une maladie grave et incurable menant à l’inaptitude à consentir.

Mercredi déjà, le réseau citoyen Vivre dans la dignité a réitéré sa position à ce sujet sur les réseaux sociaux. Nous nous opposerons fortement et respectueusement à cette initiative qui étendrait considérablement l'accès à l'aide médicale à mourir au Québec, a écrit cet organisme.

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