La faillite de LA Renaissance prive l’économie madelinienne de 6 M$
La déroute de l'entreprise de transformation de produits marins pourrait provoquer la faillite d'autres entreprises des Îles-de-la-Madeleine.

Certaines entreprises madeliniennes qui attendaient des paiements de LA Renaissance perdent des centaines de milliers de dollars dans cette faillite. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
La faillite de LA Renaissance des Îles fait disparaître 5,94 millions de dollars de créances qui auraient dû se retrouver dans les poches d’entrepreneurs madelinots.
Pas moins de 75 % des 329 créanciers non garantis sont domiciliés aux Îles-de-la-Madeleine.
Les dettes de LA Renaissance à l’égard de ces créanciers ordinaires madelinots s’élèvent à 5,14 millions de dollars, mais ces derniers ne reverront pas les sommes qui leur étaient dues par l'entreprise de transformation des produits marins.
À cela s’ajoutent les réclamations de Menuiserie Lapierre ancestrale et de CTMA
Express qui totalisent 804 500 $. Ces deux entités madeliniennes sont considérées comme des créanciers garantis, car ils ont publié des hypothèques légales sur des biens appartenant à LA Renaissance, mais le recouvrement des sommes n’est pas pour autant garanti.Dans un rapport daté du 19 janvier, le syndic de faillite précisait que les hypothèques légales de Menuiserie Lapierre ancestrale sont toujours sous analyse
et que celles de CTMA Express pourraient être contestées en faillite par les créanciers
.
La faillite de LA Renaissance représente également une perte de 1,65 million de dollars de fonds publics. Pêches et Océans Canada, Développement économique Canada et Hydro-Québec figurent, entre autres, parmi les créanciers non garantis.
Une faillite qui pourrait en provoquer d’autres
Le directeur de la Chambre de commerce des Îles-de-la-Madeleine et candidat à la mairie, Antonin Valiquette, soutient que les impacts de la faillite de LA Renaissance sont considérables
dans l'archipel.
« Évidemment, c’est un dur coup. »
M. Valiquette n'exclut pas que la déroute de l’entreprise de transformation provoque tôt ou tard la faillite d'autres entreprises madeliniennes.
Il y a des entreprises qui vont avoir à faire un gros travail de planification et de resserrement budgétaire pour espérer s’en sortir
, indique-t-il. Pour l’instant, malheureusement, aucun type d’impact n’est exclu pour ces entreprises-là. Par contre, la plupart des entrepreneurs à qui j’ai parlé vont être capables de s’en sortir, mais en se donnant du mal en matière de gestion comptable et financière et en retardant des projets de développement et d’investissement.
Vendre au plus offrant?
La liquidation prochaine des biens de LA Renaissance servira d'abord à payer le créancier garanti Financement agricole Canada qui détient une hypothèque de 9,1 millions de dollars sur les installations et les équipements de l'entreprise. Le syndic responsable de la liquidation des biens a déjà affirmé que même cet organisme fédéral risque de ne pas être en mesure de se faire rembourser complètement sa dette.
Financement agricole Canada explique par courriel que les installations de LA Renaissance ne seront pas nécessairement vendues au plus offrant.
L'organisme fédéral affirme prendre en considération toutes les offres reçues
et traiter chacune d'elles avec diligence, sans limiter son analyse au montant offert
.
Le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, espère que Financement agricole Canada tiendra compte des intérêts des Madelinots quand viendra le temps de choisir un acquéreur.
Je m’attends à ce que le gouvernement fédéral encourage une communauté côtière dépendante de la pêche afin qu’on puisse faire des aménagements au bénéfice non seulement du créancier, mais aussi de la communauté
, affirme Joël Arseneau.
Au moins quatre repreneurs ont déjà signifié leur intérêt d'acheter en totalité ou en partie les actifs de LA Renaissance ; deux sont des entreprises gaspésiennes et deux sont madeliniennes.
La Municipalité et le MAPAQ
suivent de près le dossierLe maire intérimaire des Îles-de-la-Madeleine affirme être en communication avec les ministres responsables de l'Économie et des Pêcheries.
Gaétan Richard indique que des discussions avec Pierre Fitzgibbon et André Lamontagne ont déjà eu lieu depuis la faillite de l'entreprise jeudi et que d'autres sont à venir.
M. Richard dit favoriser la reprise par une entité madelinienne, mais il estime que la priorité est d'abord et avant tout est de relancer les usines de transformation de Gros-Cap et de Grande-Entrée à temps pour la nouvelle saison de pêche au crabe des neiges qui s'ouvre au début avril.
C'est quand même 146 emplois directs dans le milieu, donc des Madelinots et Madeleines qui travaillent dans ces usines-là
, affirme Gaétan Richard.
« C'est un dossier qu'on suit de très près. On espère qu'il va y avoir un aboutissement positif très rapidement. »
De son côté, le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Pêcheries (MAPAQ) est également préoccupé par la situation qui prévaut actuellement
et mentionne être conscient de l’importance des infrastructures (deux usines et viviers modernes) que détient l’entreprise pour le bon fonctionnement du secteur des pêches aux Îles
.
Nous souhaitons que les opérations de l’entreprise redémarrent le plus rapidement possible et que le choix qui sera retenu soit celui qui offre les meilleures perspectives de succès à long terme, et que les retombées économiques pour les îles soient maximisées
, affirme par courriel le relationniste du MAPAQ , Yohan Dallaire Boily.
La MAPAQgrand défi
.
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