Edmonton interdit le don de seringues stériles aux stations de transports en commun

Des travailleurs sociaux donnent à des personnes en situation d'itinérance ou aux prises avec des dépendances des vivres, du matériel d'injection sécuritaire et des trousses de naloxone dans les stations de train léger du centre-ville d'Edmonton.
Photo : Radio-Canada / Manuel Carrilos Avalos
À Edmonton, les intervenants de la réduction des méfaits critiquent l’interdiction municipale de donner des seringues gratuites et des pipes à des personnes en situation d'itinérance ou aux prises avec des dépendances dans les stations de transport en commun et les voies piétonnes.
Depuis le printemps dernier, des équipes de travailleurs sociaux du centre communautaire Boyle patrouillent dans des stations de transport en commun de la capitale pour offrir du soutien à ces personnes.
Ils interviennent dans le cadre d'un projet pilote inclus dans le plan pour la sécurité des transports adopté par le conseil municipal d'Edmonton, l'hiver dernier.
Le projet en question prévoit qu'un travailleur social et un agent de la paix patrouillent conjointement dans les aires du transport en commun pour renforcer la sécurité des usagers et des employés, mais aussi pour aider les personnes qui s'y réfugient.
Ces travailleurs leur offraient de la nourriture et de la naloxone, mais aussi du matériel stérile de consommation, mais depuis le 1er février, ils ne peuvent plus faire don de ce matériel, confirme Ryan Birch, directeur des services d’autobus pour Edmonton Transit Service (ETS).
Il ajoute que le changement au règlement municipal stipule que la consommation visible d'une substance contrôlée sur la propriété d’ETS est un comportement inapproprié.
L'objectif du changement adopté en juin dernier est de protéger les travailleurs des transports en commun. La consommation d’opioïdes dans les lieux publics peut poser des problèmes de sécurité
, dit Ryan Birch.
La Ville espère ainsi prévenir les altercations entre les employés et les consommateurs de drogues.
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Nous voulons aider les gens, mais nous voulons aussi que tout le monde soit en sécurité
, souligne pour sa part Steve Bradshaw, président du syndicat des employés d’ETS.
De son côté, le centre communautaire Boyle ne croit pas que cette distribution encourage la consommation de drogue dans les stations de transports en commun. Ils les consommaient déjà là; nous voulions juste qu’ils le fassent de façon sanitaire
, dit Elliott Tanti, directeur des communications du centre.
Les défenseurs de programmes de réduction des méfaits trouvent d'ailleurs cette interdiction inquiétante.
Cette décision met des vies en danger. Elle met les communautés en danger et va augmenter les coûts des soins de santé que nous devons tous payer
, dit Petra Schulz, du groupe Moms Stop the Harm.
Elle ajoute que les personnes souffrant de dépendance courent le risque de contracter des infections, comme sa fille, morte il y a deux ans d’une infection au cœur en raison d’une seringue contaminée.
Selon Rebecca Haines-Saah, spécialiste de la sociologie de la santé publique et professeure adjointe à l’Université de Calgary, distribuer des seringues et des pipes empêche la propagation des maladies infectieuses telles que l’hépatite B, l’hépatite C et le VIH.