Des citoyens de Rouyn-Noranda font analyser la poussière de leur maison

Julie Fortier et Jean Garant habitent dans le Vieux-Noranda.
Photo : Radio-Canada / Annie-Claude Luneau
Inquiets de la présence possible de contaminants, des citoyens de Rouyn-Noranda demandent à la santé publique de mener une étude approfondie sur la poussière dans les résidences.
Une vingtaine de ménages, dont une majorité habite dans le quartier Notre-Dame près de la Fonderie Horne, ont payé de leur poche pour faire analyser les poussières de leur maison par un laboratoire indépendant.
On s’est parlé entre voisins et on s’est dit qu’il faudrait qu’on accélère le processus d’aller chercher des données nous autres même pour se rassurer ou pour se dire qu’il faut sonner une sonnette d’alarme de façon plus intensive
, explique Julie Fortier, l’une des participantes de l’étude.
Ils ont reçu les résultats au cours des dernières semaines. Les taux de cadmium, d’arsenic, de plomb, de cuivre, de chrome et de zinc ont été mesurés. Dans certaines résidences, la présence de ces contaminants dépasse les seuils jugés sécuritaires par Québec pour les sols extérieurs.
L’un des autres participants, Jean Garant, qui est aussi titulaire d’une maîtrise en hygiène industrielle, est conscient qu’il ne s’agit pas d’une enquête scientifique, même si les participants ont suivi un protocole rigoureux
C’est une amorce, une bougie d’allumage. Nous autres on veut dire "regardez, on a payé de notre poche", l’État aurait dû le faire dans le passé, ils ne l’ont pas fait. Dans les résultats qu’on a, il y a des choses que nous jugeons alarmantes, qui vont affecter peut-être nos enfants, la valeur de revente de nos maisons, etc. On a donné tout le dossier à la santé publique et on demande : est-ce qu’on a raison d’être inquiets ?
, se questionne-t-il.
Par courriel, Sarah Charbonneau, responsable des communications au CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue, confirme que la Direction de la santé publique (DSPu) a reçu les données.
La DSPu procède à l’analyse de ces informations et veillera dans les meilleurs délais à répondre aux préoccupations des citoyens. Cependant, pour le moment, il n’est pas possible d’accorder une entrevue à ce sujet
, écrit-elle.
Des solutions temporaires ?
Les citoyens rencontrés sont préoccupés par la présence de contaminants, dont certains cancérigènes, dans leur environnement intérieur.
Maintenant qu’on sait que nos intérieurs sont contaminés, avec des seuils qui dépassent souvent les seuils autorisés pour les sols extérieurs, c’est quand même parlant. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Est-ce que la santé publique peut nous aider à défrayer certains coûts ? Qui va prendre ça en main ?
Julie Fortier ajoute que des solutions temporaires pourraient être mises en place, en attendant une baisse des émissions atmosphériques.
Dans les habitations qui sont très contaminées : est-ce qu’on peut offrir du nettoyage régulier, trois ou quatre fois par année ? Peut-être défrayer des aspirateurs qui ramassent bien les poussières
, donne-t-elle en exemple.

Jean Garant se questionne sur les métaux qui se retrouvent dans la poussière.
Photo : Radio-Canada / Annie-Claude Luneau
Ils attendent aussi avec impatience les détails de l’autorisation ministérielle qui sera délivrée à l’entreprise. Selon nos informations, Québec entend entre autres proposer l’instauration d’une zone tampon.
Une mesure qui ne rassure pas Jean Garant, puisque sa résidence et toutes celles qui ont été testées dans le cadre de cette initiative citoyenne ne se trouvent pas dans la zone tampon envisagée.
Les maisons sont toutes au sud de l’avenue Carter et il y a des résultats inquiétants. Même s’ils expropriaient au nord de Carter, ça ne règlerait pas le problème. En plus, ça va tuer le quartier, ça va déraciner les gens, ça va nuire aux commerces
, soutient Jean Garant.
Les détails de l’autorisation ministérielle devraient être dévoilés d’ici la fin février. Le ministre de l’Environnement Benoît Charrette a déjà indiqué qu’il se rendrait à Rouyn-Noranda pour l’occasion.