Isabelle Hudon n’amènera plus son chauffeur lors de ses voyages en avion
La présidente de la Banque de développement du Canada en a fait la promesse devant un comité de la Chambre des communes qui étudie les contrats accordés à la firme McKinsey.

La présidente de la Banque de développement du Canada (BDC), Isabelle Hudon, a témoigné mercredi devant un comité de la Chambre des communes qui étudie les contrats accordés à la firme McKinsey. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
La présidente de la Banque de développement du Canada (BDC) promet qu’elle ne fera plus voyager son chauffeur en avion pour assurer ses déplacements à l’avenir.
Témoignant devant un comité parlementaire, Isabelle Hudon réagissait à un reportage qui a récemment révélé que son chauffeur l’a accompagnée à deux reprises en Colombie-Britannique l’an dernier.
Les deux voyages du chauffeur de Montréal à Vancouver ont coûté plus de 8000 $ au total, incluant les frais de déplacement en voiture dans la province du pacifique.
En réponse aux questions du député néo-démocrate Gord Johns, Isabelle Hudon a dit que cette décision avait été prise en raison de circonstances spéciales
qu’elle n’a pas expliquées plus en détail.
« Je suis devant vous pour dire que j’ose espérer que nous n’aurons plus à prendre cette décision de nouveau. Nous trouverons d’autres options, je le promets. »
Le contrat à McKinsey
Isabelle Hudon témoignait devant le comité parlementaire chargé d'étudier les contrats octroyés par le gouvernement fédéral à McKinsey, un cabinet-conseil basé à New York.
Peu de temps après son arrivée en tant que présidente en 2021, la BDC
a octroyé un contrat de 2,8 millions $ à McKinsey pour collaborer à une revue stratégique du mandat de la société d’État qui dessert les petites et moyennes entreprises du Canada. Le mandat a été prolongé en 2022 au coût de 2,1 millions $.Radio-Canada a révélé le mois dernier que le contrat a soulevé de nombreuses questions au sein de la société d’État. Isabelle Hudon a défendu l’embauche de McKinsey, tout en notant la présence de voix discordantes
au sein de la BDC .
Selon elle, le développement et l’exécution de la nouvelle vision stratégique sont toujours demeurés entre les mains de la BDC
, mais McKinsey a fourni de précieux conseils lors de son élaboration.Je suis très satisfaite du processus
, a-t-elle affirmé, vantant les connaissances de la firme sur le secteur des PME et la situation à l’international.
Premièrement, nos activités courantes étaient déjà bien chargées pour l’ensemble des employés de BDC. Et de pouvoir avoir accès à des données, de l’expertise et du savoir supplémentaires pour venir ajouter à nos capacités à l’interne était, à ce moment-là, la bonne décision
, a-t-elle expliqué.
Isabelle Hudon a aussi défendu la tenue d’un événement le 3 juin dernier qui visait à rassembler les employés dans les bureaux de la BDC
à travers le pays ou en ligne. Selon des documents obtenus en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, l’événement a coûté plus de 320 000 $ en contrats à diverses entreprises.La présidente de la BDCculture d’entreprise
au sein de la société d’État et que le rassemblement était justifié en sortie de pandémie.
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Une pratique courante
Plus tôt dans la journée, la présidente du Conseil du Trésor a affirmé que la valeur des contrats aux firmes de consultants est restée relativement stable depuis 2011 en tant que pourcentage des dépenses du gouvernement fédéral.
Lors de son témoignage devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, Mona Fortier a ajouté que l’utilisation de firmes de consultants est une pratique courante
non seulement au sein de la fonction publique fédérale, mais de gouvernements à travers le monde.
Nous avons un programme très ambitieux
, a-t-elle affirmé pour justifier l’embauche de consultants externes.
Selon Mona Fortier, la fonction publique possède de nombreuses compétences, mais elle croit que le gouvernement doit à l’occasion profiter de l’expertise du secteur privé.
Lors de son témoignage, elle a affirmé qu’elle s’apprête à améliorer le système de divulgation proactive pour offrir plus d’informations aux Canadiens sur les différents contrats accordés par le gouvernement fédéral.
Mona Fortier a promis que la vérification des contrats accordés à la firme McKinsey qui est menée à l’heure actuelle par le gouvernement sera terminée d’ici la fin juin et que le rapport sera rendu public aussi tôt que possible.
Pour l’instant, dit-elle, le gouvernement est convaincu que tous les contrats accordés à McKinsey respectent les règles en matière d’acquisition.
Une série de critiques
Le député conservateur Garnett Genuis, quant à lui, doute de la valeur de la vérification des contrats de McKinsey qui est menée par le gouvernement fédéral.
Cette vérification n’a rien d’indépendante
, a-t-il affirmé, disant qu’il craint que toute conclusion négative puisse être cachée du public.
À plusieurs reprises, Garnett Genuis a demandé à Mona Fortier si elle était d’avis que McKinsey est une firme éthique ou non
, faisant référence à une série de controverses impliquant la firme dans divers pays.
La présidente du Conseil du Trésor a refusé de répondre directement à la question, répétant plutôt que la compagnie est admissible à recevoir des contrats fédéraux selon le régime d’intégrité en place. Le régime empêche l’octroi de contrats seulement lorsque des firmes sont reconnues coupables d’avoir commis certaines infractions spécifiques.
Le député néo-démocrate Gord Johns a critiqué l’approche du gouvernement en matière de consultants externes, affirmant que la pratique coûte trop cher et mine l’expertise au sein de la fonction publique fédérale.
C’est très néfaste pour le moral [des fonctionnaires]
, a-t-il lancé.