Rencontre des premiers ministres : Scott Moe est « déçu » mais motivé

Mardi, Ottawa a proposé une enveloppe de 46,2 milliards de dollars de plus pour les 10 prochaines années, sans aucune condition, dont 2 milliards de dollars dès 2023. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui
Au lendemain de la réunion des premiers ministres à Ottawa, le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, affirme qu’il est « déçu » concernant l’annonce du gouvernement fédéral au sujet de l’offre de financement des soins de santé, mais ne compte pas baisser les bras.
Bien que la proposition de financement fédérale soit décevante, elle n'empêchera pas notre gouvernement d'aller de l'avant avec son ambitieux plan de ressources humaines en santé
, précise Scott Moe dans une déclaration adressée à CBC /Radio-Canada.
Mardi, Ottawa a proposé une enveloppe de 46,2 milliards de dollars de plus pour les 10 prochaines années, sans aucune condition, dont 2 milliards de dollars dès 2023.
Dans la déclaration, Scott Moe rappelle que son gouvernement prévoit l'ajout de plus de 1000 nouveaux travailleurs de la santé, ainsi que d'importants investissements en santé mentale et en toxicomanie, la réduction des temps d'attente en chirurgie, la construction et la rénovation d'établissements de santé et de nombreuses autres priorités en matière de soins de santé.
« Notre objectif demeure de fournir les meilleurs services de santé possibles à la population de la Saskatchewan, malgré le manque d'engagement du gouvernement fédéral à fournir sa part du financement des soins de santé. »
Le Conseil de la Fédération devrait se réunir à nouveau dans les jours à venir afin d'évaluer la proposition, note Scott Moe.
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Un accueil mitigé et de nombreuses attentes
À la suite de l'annonce, la cheffe de l'opposition néo-démocrate en Saskatchewan, Carla Beck, indique que la province doit s’attaquer à un des défis majeurs auxquels son système de santé est confronté, à savoir la rétention du personnel en soins de santé.
Nous avons besoin d'un investissement accru de la part du gouvernement fédéral et les fonds qu'il nous envoie doivent être dépensés en première ligne
, précise Carla Beck en ajoutant qu’elle espère que l’argent du gouvernement fédéral sera utilisé pour faire face à ce défi.
D’après une experte des politiques en santé, Cheryl Camillo, la Saskatchewan doit créer un plan d'action concret en matière de rétention et définir des objectifs à respecter.
Le plan d'action doit contenir les détails des investissements prévus, y compris les détails des investissements financiers, et le rapport doit indiquer si ces mêmes investissements financiers ont été réalisés ou modifiés
, indique Cheryl Camillo.
La professeure titulaire au Département de santé publique et d’épidémiologie de la Faculté de médecine de l’Université de la Saskatchewan et la présidente de la Société Santé en français, Dre Anne Leis, se dit satisfaite par l’offre du gouvernement fédéral. Elle pense ainsi que les attentes des provinces sont irréalistes
.
On a un système de santé où il y a des professionnels de santé épuisés [...] il faut s’assurer que l'argent qu’on va recevoir sera investi dans les bons endroits
, précise Dre Anne Leis lors d'une entrevue accordée à l'émission Point du jour.
Dans un courriel envoyé à Radio-Canada, la directrice générale du Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS), Frédérique Baudemont, précise que le nouveau financement annoncé par le gouvernement du Canada est un pas en avant, mais elle le juge insuffisant
par rapport à l’état des systèmes de santé à travers le pays.
Pour Frédérique Baudemont, ce financement va contribuer à soutenir les travailleurs de la santé et réduire les arriérés de chirurgies. Il aidera ainsi à accroître l'accès à des services de qualité en matière de santé mentale et de consommation de substances.
La directrice générale du RSFS
rappelle aussi l’importance des services en français en matière de santé et la nécessité d’accroître les investissements en la matière.« En tant que réseau membre de la Société Santé en français, le RSFS réaffirme la nécessité d’inclure au sein de ces transferts en santé des clauses linguistiques, qui permettraient d’augmenter l’accès à des services de santé pour les minorités de langues officielles du Canada. »
Selon Frédérique Baudemont, des consultations publiques menées par Santé Canada au début de 2022 indiquent que 77 % des répondants francophones vivant en situation minoritaire éprouvent encore des difficultés à accéder à des services de santé en français.
Selon l’analyste des politiques de santé à l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, Steven Lewis, cet investissement ne réglera pas les problèmes fondamentaux du système de santé.
Depuis 2000, il y a eu une augmentation de 27 % de la population canadienne et une augmentation de 106 % en termes réels des dépenses de santé. Est-ce que cela a réglé les problèmes ? Non
, constate Steven Lewis.
Si le système était en pleine forme et que le Canada avait un système de santé très performant, on pourrait dire que les provinces n'ont pas besoin d'un coup de pouce ou qu'elles n'ont pas besoin qu'on leur impose des conditions, mais ce n'est pas le cas
, ajoute-t-il.
Avec les informations de Bryanna Frankel