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L’absence de refuge et de fourrière à Matane préoccupe des citoyens

Deux petits chatons dans une cage en attente d'adoption.

Le refuge Fortin D'Amour a fermé ses portes à la fin du mois de janvier. (Photo d'archives)

Photo : Gracieuseté:Refuge Fortin D'Amour

Certains Matanais ont des préoccupations entourant la gestion des animaux domestiques et errants sur le territoire de la Ville.

La Ville de Matane fait face à un problème. Après la fermeture du seul refuge pour animaux domestiques et errants à la fin du mois de janvier, il n'y a plus aucun endroit pour accueillir les animaux retrouvés, soit un refuge ou un service de fourrière.

Le Salon de toilettage et refuge Fortin D’Amour, ayant pignon sur rue au centre-ville de Matane, a dû fermer ses portes, faute de ressources financières suffisantes.

L’entreprise de toilettage était mandataire de Ville de Matane pour opérer le service de fourrière.

Dans le modèle actuel, la Ville rembourse un nombre maximal de jours de garde à la fourrière, soit 15 $ par jour pour un chat et 25 $ par jour pour un chien. Des frais de capture de 50 $ sont également prévus.

 Après des recherches raisonnables et un délai de 7 jours, si le gardien du chat n’a pas pu être rejoint, le chat peut être cédé à un nouveau propriétaire ou euthanasié, peut-on lire sur le site de la Ville de Matane.

Pour éviter l’euthanasie des animaux après ce séjour de garde, l’administration du salon de toilettage avait donc décidé de garder les animaux, à ses frais, et donc d’offrir le service de refuge.

 On a décidé d’ouvrir la place et de garder les animaux puis de s’en occuper pour les mettre en adoption par la suite […] Et c’était un peu la fourrière qui finançait le refuge en partie, mais le reste était à nos frais , précise Aude Juan, bénévole au refuge depuis 2021 et membre du conseil d’administration.

Selon la bénévole, l’OBNL a reçu une lettre de la Ville en octobre dernier, pour annoncer que le bâtiment serait vendu le 1er décembre 2022 pour taxes impayées.

 Le bâtiment a été vendu à un nouveau propriétaire et il nous a dit que si on était prêts à payer un loyer, qu’il nous laissait le bâtiment, mais on savait très bien à ce moment-là que c’était fini, qu’on serait incapable de payer ce loyer, explique Aude Juan.

L’entreprise de toilettage a déclaré faillite au début de l’année 2023, ce qui privait donc le refuge de sa principale source de revenus.

« Ce n’est pas par manque de volonté, c’est juste que ce n’était plus viable, alors on a décidé de tout arrêter. »

— Une citation de  Aude Juan, bénévole et membre du conseil d’administration du refuge Fortin D’Amour

Aude Juan indique qu’au moment d’annoncer la fermeture du refuge, 30 chats s’y trouvaient.

Mme Juan affirme que tous les chats ont trouvé un toit et qu’aucun n’a été euthanasié. La plupart ont été adoptés et d’autres ont été pris en charge par l’organisme Animaux de la seconde chance à Matane et par un refuge de Rimouski.

Responsabilité municipale

À la lumière de cette situation, la Ville de Matane a organisé une consultation citoyenne mardi soir. Une soixantaine de citoyens y étaient pour échanger sur cette question.

Des gens assis à des tables qui écoutent une présentation.

Une soixantaine de citoyens étaient présents lors de la rencontre publique de mardi soir.

Photo : Radio-Canada / Marguerite Morin

La Ville a pu entendre les préoccupations et les attentes des citoyens, mais en a aussi profité pour rappeler ses rôles et ses responsabilités.

 Nous n’avons pas d’obligations, mais nous avons des pouvoirs, affirme Nicolas Leclerc, directeur général de la Ville de Matane.

La loi sur les compétences municipales donne des droits aux villes en matière de salubrité, de sécurité et de nuisance, soit ce qui  porte atteinte à la santé publique ou au bien-être général de la collectivité .

En ce sens, la Ville de Matane indique avoir les pouvoirs municipaux de déclarer un chien potentiellement dangereux, d’exiger l’examen d’un médecin vétérinaire ou encore d’ordonner l’euthanasie à la suite d’une attaque sur une personne.

En plus du service de fourrière, la Ville a instauré un système de médaille, une manière de répertorier les animaux domestiques sur le territoire.

 Est-ce qu’il y a place à l’amélioration, certainement, et c’est pour ça qu’on est là ce soir , a mentionné le directeur général aux citoyens présents mardi soir.

La consultation s’est faite sous forme d’atelier, avec l’accompagnement d’un conseiller en consultation citoyenne, où la Ville prenait en note toutes les idées et les pistes de solutions proposées par les personnes présentes.

Des gens écrivent sur une grande feuille de papier collée à une table.

Les citoyens étaient invités à faire part de leurs idées entourant la question de la gestion animalière sur le territoire de la Ville de Matane.

Photo : Radio-Canada / Marguerite Morin

Pour le maire de Matane, Eddy Métivier, cette consultation citoyenne était une première étape dans la recherche de solution.

 On est encadré de contraintes réglementaires sur cette question-là et pour nous, [cette rencontre] était une priorité avant de prendre des décisions sur ce qu’on va faire , explique M. Métivier.

Des préoccupations et des attentes

Un service de fourrière et de refuge absent, un manque de ressource financière, la difficulté de recruter des bénévoles : les préoccupations sont nombreuses auprès des citoyens.

 On ne peut même pas appeler la Ville pour signaler un animal qui se promène sur notre terrain, on ne peut pas appeler nulle part, affirme la néo-Matanaise Laurence Petit, qui s’est déjà impliquée comme bénévole au refuge.

« On sent le volcan qui bouillonne, on sent les questions et les gens veulent savoir ‘’mais là, on fait quoi ?’’. »

— Une citation de  Laurence Petit, résidente de Matane et ancienne bénévole du refuge Fortin d’Amour

Du financement adéquat, des services fiables et l’implantation d’un système de fourrière pérenne font partie des attentes et des solutions souhaitées par les citoyens.

 Avoir un service de fourrière actuellement, c’est le plus urgent parce que ça inquiète beaucoup de monde, même ceux qui ne sont pas nécessairement concernés, soit les gens comme moi qui n’ont pas d’animaux, mais qui se soucient quand même de leur bien-être , ajoute Élise Hallot, résidente de Matane.

 Ça vient de sauter et il n’y a plus de service ou s’il y en a, il faut avoir les moyens de se les payer, parce que sinon, en termes d’accessibilité et de gratuité, oubliez ça, il n’y en a plus , ajoute le Matanais Sylvain Dubé.

Lui qui est également coordonnateur de l’organisme en défense des droits des locataires Action logement de l’Est, M. Dubé a également exprimé ses inquiétudes face aux critères demandés par les propriétaires de logements en ce qui concerne les animaux.

 Les animaux, surtout les chats et les chiens, sont devenus des enjeux de négociations pour les propriétaires qui refusent de les accepter dans leur logement, affirme-t-il. Vous n’avez pas idée du nombre d’animaux qui ont été abandonnés ou euthanasiés dans un contexte où une personne a besoin d’un logement.

Pour sa part, Aude Juan indique que les problèmes soulevés lors de la consultation ne sont pas nouveaux.

 Ça fait des années et des années qu’on demande de l’aide et qu’on fait des démarches dans ce sens-là et sans succès, mais c’est une fois qu’on ferme qu’il se passe quelque chose, clame Mme Juan.

« C’est un pas dans la bonne direction, mais qui est fait trop tard. »

— Une citation de  Aude Juan, bénévole et membre du conseil d’administration du refuge Fortin D’Amour

Mode solution

Ayant en main les pistes énoncées mardi, la Ville tentera de définir les besoins à court, moyen et long termes.

 On va prendre le temps d’analyser toutes les bonnes idées qui sont ressorties [mardi] soir pour regarder quelles sont nos options basées sur les préoccupations des gens pour prendre une bonne décision , ajoute Eddy Métivier.

Une solution à court et moyen terme serait d’ouvrir un refuge temporaire. Mais il ne s’agit pas d’une tâche simple selon le directeur de la sécurité publique de la Ville de Matane puisqu’il faut trouver le bâtiment adéquat.

 Il y a plusieurs choses à prendre en considération comme par exemple un grand terrain pour faire sortir les chiens deux fois par jour, il faut le moins possible que le bâtiment soit dans un secteur avec des résidences privées qui pourraient être touchées par les jappements , explique-t-il.

M. Brunet indique encore être en recherche dans le but de trouver le local idéal pour un refuge.

Aude Juan propose pour sa part de récupérer le bâtiment du Refuge Fortin D’Amour.  Il est encore là le bâtiment et il est aux normes et on a encore le matériel, donc pour moi, c’est une solution temporaire, mais ça ne semble pas [l’être] à leurs yeux , affirme-t-elle.

Mme Juan ignore toutefois si le conseil municipal considérera cette proposition.

Sur le long terme, le maire Métivier indique la possibilité de regrouper les services de fourrière et de refuge avec les MRC de la Matapédia et de la Mitis, mais qu’il s’agit seulement d’un projet embryonnaire pour le moment.

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