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Faut-il parler de la tragédie de Laval aux enfants? Si oui, comment?

Une rose blanche a été planté dans le neige et un ourson rose a été placé à côté.

Des gens sont venus déposer des fleurs et des peluches devant la garderie où s'est produit le drame à Laval.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Radio-Canada

Le drame survenu mercredi à Laval touche particulièrement les enfants, mais faut-il nécessairement en parler avec eux? Si oui, comment le faire? La psychologue Deborah Ummel et la psychiatre Marie-Eve Cotton sont unanimes : il faut tenir compte de l’âge et du niveau de développement de l’enfant.

Les deux spécialistes se sont exprimées en entrevue sur ICI RDI à la suite de la tragédie qui a frappé Laval lorsqu’un homme a volontairement percuté avec son bus une garderie dans le quartier de Sainte-Rose, tuant deux jeunes enfants et en blessant plusieurs autres.

Selon Deborah Ummel, qui est également professeure en psychoéducation à l’Université de Sherbrooke, chaque enfant aura une interprétation différente de la tragédie, selon son niveau de langage et de développement.

Elle conseille avant tout aux parents d'être à l’écoute de leurs enfants pour mieux comprendre comment un tel drame a pu les affecter.

« Moi, je n’aurais pas tendance à aborder d’emblée la question avec les enfants; j’attendrais que ça vienne d’eux [...], et puis d’observer s’il y a quelque chose qui a changé dans leur comportement. »

— Une citation de  Deborah Ummel, psychologue

Même constat pour Marie-Eve Cotton, médecin psychiatre : Ça dépend vraiment de l’âge des enfants. [...] Qu’est-ce qu’ils sont en mesure de comprendre?

Les enfants plus jeunes n’ont pas à connaître tous les détails morbides de l’actualité, explique-t-elle. Je pense que ça peut être facilement submergeant.

« Il faut spécifier que ce sont des événements extrêmement rares et que la société va mettre en place les mesures pour faire en sorte que ça ne se reproduise plus. »

— Une citation de  Marie-Eve Cotton, médecin psychiatre

Elle conseille aux parents de rassurer leurs enfants : Il faut leur rappeler que vous les aimez et qu’ils sont en sécurité, parce que, bien sûr, c’est traumatisant pour tout le monde comme événement.

La psychologue et professeure en psychoéducation à l'Université de Sherbrooke, Deborah Ummel, explique la façon d'évoquer de telles tragédies avec les enfants.

Incompréhension et impuissance

Aux yeux de Deborah Ummel, le plus difficile dans ce genre de situation est l’incompréhension face à la tragédie.

Un autobus qui fonce dans une garderie, on ne comprend pas ça, ça n'a pas de sens, dit-elle. On n’arrive pas à donner une explication à ce qui arrive. [...] Cela peut devenir traumatisant.

Selon elle, ce sont surtout les parents qui risquent d’être traumatisés en réaction à de tels drames. On est un peu démunis, et ça nous amène dans l’impuissance. [...] Et quand on est impuissants, on peut avoir tendance à surréagir.

Un garçon tend des fleurs à un policier en service qui les prend.

Un garçon est venu porter des fleurs à un policier de Laval, tout près de la Garderie éducative Ste-Rose, en fin de journée mercredi.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Les parents vont ainsi se poser des questions comme : comment je vais faire avec mon enfant? ou est-ce qu’il a entendu parler de ce qui s’est passé?

Mais ça, c’est notre besoin à nous, les adultes, mais ce n’est pas nécessairement le besoin de l’enfant, nuance Mme Ummel.

La psychologue rappelle par ailleurs que les enfants n’ont pas la même conception de la mort que les adultes. Nous, on sait que si quelqu’un décède, c’est irréversible. Pour les jeunes enfants, le concept de la mort n’est pas nécessairement acquis [...]; il faut l’expliquer avec des mots qui sont adaptés à leur âge, dit-elle.

Très jeune, l’enfant peut penser que la mort est contagieuse. [Il va se dire que] si grand-papa est tombé malade et qu’il est mort, donc, moi aussi je vais mourir [parce que] j’ai mal au ventre, affirme encore Mme Ummel. C’est pour cela qu’il faut d’abord comprendre les craintes de l’enfant avant de lui donner des informations qui sont adaptées à son âge.

Les enfants sont très créatifs, ajoute-t-elle. Si on ne leur donne pas de réponse, ils vont la chercher ou la créer, et des fois, ce n’est pas nécessairement une réponse réaliste.

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