Des usagers d’OC Transpo se sentent délaissés dans un secteur d’Orléans

Natalie Chan, résidente d'Orléans, dénonce la situation.
Photo : Radio-Canada / Georges-Etienne Nadon-Tessier
Des usagers du transport en commun de Bradley Estates et Trailsedge, dans l’est d’Ottawa, se sentent « complètement abandonnés » par OC Transpo.
Rareté des horaires, itinéraires détournés, accès dangereux à l'arrêt d'autobus le plus proche… Des résidents de l’est de la ville réclament des changements au transporteur municipal.
Notre quartier a été complètement oublié
, déplore Lucia Stefanescu, qui vit à Bradley Estates, une communauté dans le sud-ouest d'Orléans.
Le quartier est niché derrière le boulevard Brian Coburn, près de Chapel Hill Sud, où se trouve un stationnement incitatif de plusieurs millions de dollars qui reste vide toute l'année. Le secteur se trouve à un peu moins de 10 kilomètres de la station Blair, qui est actuellement la connexion de train léger la plus proche.
Il faut environ 10 minutes en voiture pour atteindre le train léger, mais les résidents de Bradley Estates et du développement immobilier adjacent, Trailsedge, disent qu'il leur faut près d'une heure en autobus pour le rejoindre, après un parcours sinueux à travers l'ouest d'Orléans. Et cela ne fonctionne que dans les bons jours, à condition que l’autobus soit à l'heure.
Se rendre à l'épicerie la plus proche en transport en commun, à seulement cinq kilomètres, peut prendre tout autant de temps.
Des résidents regrettent que les options de transport en commun soient si rares.
Une ligne de bus régulière - la 34 - passe toutes les 30 minutes, fait 48 arrêts et arrête de circuler vers 22 heures. Une autre ligne circule six heures par jour, depuis le stationnement incitatif.
Une ligne express ne passe qu'une poignée de fois aux heures de pointe, le matin et l'après-midi, et s'arrête le long du chemin Navan, que les résidents décrivent comme très dangereux
pour les piétons, car il ne s’y trouve pas de trottoirs et que de gros camions y circulent à grande vitesse.
Les effets des changements de 2019
La situation n’a pourtant pas toujours été la même. Selon des résidents, d'autres itinéraires plus efficaces étaient en place, en 2019, avant qu’OC Transpo ne procède à des changements majeurs dans l’optique de l’ouverture du train léger.
Une ligne de bus de quartier particulièrement appréciée, la 225, a été supprimée pendant la pandémie.
Le service de transport en commun est vraiment mauvais et OC Transpo ne nous démontre aucune considération
, a écrit un résident dans un sondage mené par l'association communautaire locale en réponse aux changements de trajets.
Des impacts concrets pour les résidents
Natalie Chan a passé les six derniers mois à chercher un emploi. Dans ses recherches, elle a dû ignorer la plupart des offres d’emploi qui s'offraient à elle dans l'ouest d'Ottawa, car il lui faudrait environ deux heures pour s'y rendre en transport en commun.
Ce qui s'est passé ici n'a tout simplement aucun sens
, estime celle qui a déménagé dans la communauté de Trailsedge juste avant la pandémie.
« Je me sens prise au piège. C'est vraiment frustrant. »
Elle compare le système de transport en commun d'Ottawa à celui des autres villes où elle a vécu.
Pour Mme Chan, l'arrêt d’autobus près de chez elle est inutile pendant une grande partie de la journée, car la ligne ne fonctionne qu'aux heures de pointe. Elle marche souvent un quart d'heure jusqu'au parc-o-bus voisin pour y prendre un autre autobus.
OC Transpo peut faire mieux!
Anik Tracey a commencé à faire la navette entre son domicile et son lieu de travail il y a un mois, mais elle réfléchit déjà à d'autres options avec son mari, qui va lui aussi bientôt commencer à travailler en ville.
Je ne comprends même pas. Nous sommes si proches de Blair
, dit Mme Tracey. Il doit y avoir un moyen de rendre les choses plus efficaces.
OC Transpo peut faire mieux!
lance-t-elle qui pense que la Ville peut et doit trouver une solution.
En attendant, certains ont décidé d’abandonner le transport en commun comme Lucia Stefanescu, du quartier Bradley Estates. Elle l’utilisait encore l'an dernier, quand elle n'avait pas encore de voiture. Mais désormais, elle se rend au travail à Gatineau en voiture. Le même trajet en transport en commun lui prendrait deux heures et nécessiterait plusieurs correspondances.
Quelle est la solution ?
La conseillère municipale du quartier Orléans-Sud-Navan, Catherine Kitts, reconnaît que la Ville a laissé tomber ses électeurs en matière de transport en commun.
OC Transpo a expliqué à la conseillère municipale que le nombre d'usagers était trop faible pour justifier l'ajout de lignes. Mais les résidents de son quartier lui disent que les niveaux de service actuels sont insuffisants et peu pratiques.
C'est la poule et l'œuf
, illustre Mme Kitts, qui remarque que les demandes de développement immobilier se multiplient rapidement
dans la zone.
La conseillère préconise le rétablissement de la ligne 225, qui offrait une route plus directe vers le stationnement incitatif vide qu'elle appelle un éléphant blanc
.
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Aucune nouvelle ligne n'est prévue, selon la Ville
La Ville a refusé une demande d’entrevue sur le sujet. Mais par courriel, mardi en fin d'après-midi, elle explique qu'elle n'a pas de fonds réservés pour rétablir les itinéraires suspendus tels que la ligne 225.
Aucun nouveau trajet n'est prévu dans cette zone, cette année
, peut-on lire dans le courriel.
La Ville envisage de relier la ligne 228, qui ne circule que trois fois le matin et l'après-midi sur le chemin Navan, au stationnement incitatif. OC Transpo promet également d'ajouter un abribus à l'arrêt situé à l'angle des chemins Navan et Pagé, cette année, afin de répondre à certaines préoccupations en matière de sécurité soulevées par les résidents.
Le budget du transport en commun de cette année, qui doit trouver 39 millions de dollars pour être équilibré, sera à l’ordre du jour de la réunion de la Commission du transport en commun jeudi. Le public aura également l’occasion de donner son avis.
Avec les informations de Priscilla Ki Sun Hwang, de CBC News