La guerre de la neige se poursuit entre la Ville de Châteauguay et ses cols bleus
Les trottoirs encombrés de neige forcent les piétons et les écoliers à marcher dans les rues et les boulevards.
Les citoyens, privés de déneigement depuis des jours, font ce qu'ils peuvent pour dégager les accès aux rues et trottoirs.
Photo : Radio-Canada / Rowan Kennedy/CBC
Depuis plusieurs jours, les citoyens de Châteauguay doivent marcher dans les voies de circulation en raison de la neige non ramassée qui encombre les rues, les boulevards, les trottoirs et les voies piétonnières.
Les rues sont si enneigées par endroits que des voies à double sens, comme le boulevard Albert-Einstein, sont devenues à sens unique.
Il y a des citoyens, des enfants qui doivent marcher dans la rue pour se rendre à l’école et revenir de l’école. C’est inacceptable, dénonce le maire de la Ville, Éric Allard. Ça met ces gens-là en danger parce que c’est sur des boulevards bien souvent qu’ils doivent marcher.
Recours au privé
C’est le recours par la Ville à des ressources privées pour accélérer le déneigement lors des tempêtes de janvier qui a mis le feu aux poudres chez les cols bleus qui assurent en temps normal 100 % du déneigement municipal.
Il y a eu deux tempêtes l’une à la suite de l’autre dernièrement. C’était beaucoup de neige. Et voyant que c’était ralenti et qu’on n’arrivait pas à voir le bout rapidement, on a voulu utiliser une clause qui est dans la convention collective
, a expliqué mercredi matin le maire Allard au micro de l’Émission Tout un matin.
Ça a été signé et accepté il y a quelques années. Il y a une clause qui nous permet d’appeler des camions externes pour le ramassage de la neige, seulement et uniquement le ramassage de la neige. Et pendant ce temps-là, le plan c’était d’envoyer nos équipes continuer à nettoyer les rues. Donc, c’était une façon d’être plus efficace. Ça n’a pas plu à certaines personnes.
Depuis, les bris d’équipement suspects se sont multipliés, des gestes d’intimidation à l’endroit de superviseurs et de cadres ont été rapportés et les cols bleus refusent depuis sept jours de faire des heures supplémentaires et de travailler le soir et les fins de semaine.
Plusieurs actes de sabotage sont dénoncés par l’administration municipale, dont la destruction de l’horodateur au garage municipal et des barres de fer enfoncées dans des bancs de neige qui ont gravement endommagé des souffleuses lors des opérations de chargement.
On a dû aller au Tribunal administratif du travail, notamment parce qu’il y avait aussi eu des refus de réparer des bris d’aqueduc
causés par les grands froids des derniers jours, a déploré le maire.
« Pour remplir un camion, quand on fait le chargement de la neige, normalement ça prend quatre minutes. Et là, on est à quatre ou cinq fois plus long pour remplir un camion, donc il y a du ralentissement du travail. »
Une corde avec un nœud de pendu accrochée bien en vue dans un local fréquenté par des superviseurs et des contremaîtres a aussi été retrouvée. Ce message-là est totalement inacceptable en 2023
, s’est indigné le maire Allard.
Un problème de gestion interne, selon le syndicat
De son côté, le syndicat des cols bleus, affilié au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affirme ne pas être du tout en conflit avec l’employeur et que c’est plutôt la gestion défaillante à la Ville de Châteauguay
qui est en cause dans cette crise.
Dans un courriel envoyé à CBC News, la représentante Marie-Christine Morin affirme que le syndicat a essayé de trouver des solutions avec l'administration municipale pour superviser les opérations de déneigement, mais malgré cela, la Ville a voulu faire [à sa tête] et a fait appel au secteur privé pour faire le travail
.
La Ville veut économiser de l'argent et ils essaient de couper les coins et maintenant ils blâment le syndicat. Cela n'a aucun sens
, a ajouté Mme Morin en ajoutant que le syndicat a hâte de discuter de la question avec le tribunal.
Une audience devant le Tribunal administratif du travail est prévue mercredi pour tenter de trouver une issue rapide à cette crise.