Drame de Wilno : que feront les gouvernements avec les 86 recommandations?
Anastasia Kuzyk, Nathalie Warmerdam et Carol Culleton ont été tuées le 22 septembre 2015. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Les gouvernements de l’Ontario et du Canada doivent partager, vendredi, leurs réflexions en ce qui a trait aux 86 recommandations en matière de violence conjugale formulées par le jury mandaté lors d’une enquête publique de trois semaines sur le meurtre de trois femmes dans les environs de Wilno, dans le comté de Renfrew.
La grande majorité des recommandations de l’enquête est destinée au gouvernement de l’Ontario, qui n’est pas tenu d’exécuter ces recommandations. C’est aussi le cas des autres instances interpellées, comme le gouvernement fédéral, le Commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de l'Ontario ainsi que le contrôleur des armes à feu de la province.
Le bureau du coroner en chef de l'Ontario leur demande toutefois de partager, dans les six mois qui suivent, les recommandations sur lesquelles ils vont agir, et de fournir une explication pour toutes les recommandations non retenues.
Bien que les suggestions aient été lues le 28 juin, les instances concernées les ont finalement reçues au mois d’août, ce qui explique pourquoi le délai de six mois arrive à échéance ce vendredi.
Nous sommes optimistes et nous nous préparons à examiner quelque chose cette semaine
, a lancé l’avocate Kirsten Mercer, qui a représenté End Violence Against Women Renfrew County durant l'enquête.
Lundi après-midi, aucun groupe n'avait fourni de réponse au bureau du coroner.
Une tragédie qui a ébranlé une communauté
Les recommandations découlent d’une enquête du coroner qui a eu lieu à Pembroke, l’été dernier. Pendant un mois, l’enquête publique s’est penchée sur les meurtres de Carol Culleton, 66 ans, Anastasia Kuzyk, 36 ans, et Nathalie Warmerdam, 48 ans. Ces femmes ont été assassinées la même journée par Basil Borutski à trois endroits différents dans la région du comté de Renfrew, à l'ouest d'Ottawa.
Au-delà de cette tragédie, l’objectif était aussi de lutter contre la violence conjugale dans cette région ontarienne.
Le meurtrier aurait défié à plusieurs reprises son ordonnance de probation et avait des antécédents connus de violence envers des femmes. Il a été déclaré coupable de trois chefs d’accusation de meurtre et il est en prison pour le reste de ses jours.
Certaines des 86 recommandations :
- Apporter des améliorations au service de probation qui surveille les personnes à haut risque de violence conjugale;
- Améliorer la collaboration entre le personnel correctionnel et le personnel de probation lors de la planification de la réhabilitation d'un agresseur après sa libération;
- Un meilleur traitement pour les agresseurs avant qu'ils ne soient inculpés ou qu'ils n'entrent dans le système de justice pénale;
- Programmes d'éducation pour les élèves de l'école primaire et au-delà sur les signes de violence sexiste, y compris les formes subtiles d'abus non physiques connues sous le nom de contrôle coercitif;
- Augmentation du financement des refuges, des centres d'aide aux victimes d'agression sexuelle et d'autres organisations qui aident les survivantes;
- Demander à la province d'explorer l'idée d'obliger les personnes accusées ou reconnues coupables de violence conjugale à porter des bracelets électroniques.
Un comité nécessaire immédiatement
Le jury a également demandé au gouvernement provincial de mettre sur pied immédiatement
un comité de mise en œuvre des recommandations qui exercerait une certaine pression sur les gouvernements au moment où ils se penchent sur les suggestions.
Il était suggéré que le comité soit composé de hauts fonctionnaires du gouvernement, dont les ministères sont au cœur de la violence conjugale et des experts communautaires
en la matière.
Une autre idée du jury proposait d’ajouter des mesures, comme le financement de chambres sûres dans les maisons de survivantes à haut risque, en plus de permettre aux victimes de témoigner devant le tribunal par vidéo.
Pour Kirsten Mercer, de savoir que, lundi, rien n’indiquait que la province avait donné suite à cette recommandation était une déception.
Chaque journée qui passe me préoccupe. Dans le comté de Renfrew, il y a eu plus d’un féminicide depuis l’enquête.
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En effet, des commémorations pour deux femmes tuées dans le comté ont eu lieu samedi dernier.
Le préfet du comté de Renfrew, Peter Emon, n’exclut pas la possibilité de recourir à une résolution locale, au printemps, pour déclencher une action provinciale.
Nous voudrions nous assurer que ce type d'organisme de surveillance ait une représentation locale parce que nous pensons vraiment que le caractère unique de l'Ontario rural devrait être reflété.
CBC a contacté la province pour obtenir des commentaires, mais n'a pas reçu de réponse.
Avec les informations de Guy Quenneville, de CBC News