Devant le Congrès, Joe Biden adresse un message d’unité et de justice

Le président des États-Unis, Joe Biden, prononçant son discours sur l'état de l'Union.
Photo : Getty Images / Pool
Le retour du Made in America, et des « emplois bien rémunérés » : Joe Biden, qui envisage de se représenter en 2024, a tenté mardi devant le Congrès d'insuffler un message d'espoir et de prospérité économique à une Amérique morose.
Les États-Unis sont en meilleure position que n'importe quel pays dans le monde
pour relancer leur économie malgré les effets de la guerre en Ukraine et de la pandémie, a assuré le président américain dès le début de son discours sur l'état de l'Union.
Pour cette traditionnelle allocution de politique générale, Joe Biden a promis devant la Chambre des représentants d'œuvrer pour les oubliés
de la croissance. Durant des décennies, la classe moyenne a été écrasée
, a-t-il déploré. Les emplois bien rémunérés partaient à l'étranger, les usines fermaient
, a-t-il énuméré.
« Je me suis présenté pour vraiment changer les choses, pour être certain que l'économie fonctionne pour tous afin que chacun puisse être fier de ce qu'il fait. »
À la peine dans les sondages, Joe Biden a joué la carte du pragmatisme, faisant l'étalage, dans les détails les plus précis, de ses grands projets de loi censés ramener ces emplois en Amérique, améliorer la vie des personnes aînées, supprimer les frais bancaires abusifs...
Visiblement à l'aise depuis le perchoir de la Chambre des représentants, un Joe Biden combatif s'est même payé le luxe d'ironiser sur les républicains, partisans d'une orthodoxie budgétaire, qui ont plus d'une fois hué son discours. Laissez-moi vous dire, j'aime convertir les gens
à mes idées, a-t-il lancé, amusé.
Face aux membres du Congrès, le démocrate a réclamé de pouvoir finir le travail
, en concrétisant les promesses qui l'ont porté à la Maison-Blanche : guérir l'âme
de l'Amérique et unifier le pays
. Quitte à faire des promesses irréalisables avec une majorité républicaine à la Chambre : l'interdiction des fusils d'assaut pour de bon
, une taxe minimale
sur les milliardaires...
Sur cette grande allocution annuelle de politique générale, par laquelle tout président américain remplit son obligation constitutionnelle d'informer le Congrès, plane déjà la perspective de la présidentielle de 2024.
La liste des invités de la Maison-Blanche en donne un aperçu. Étaient présents dans l'hémicycle les parents de Tyre Nichols, jeune homme afro-américain mort après avoir été passé à tabac par des policiers à Memphis; un couple de lesbiennes et une Texane qui a failli mourir des suites d'une fausse couche, les médecins ayant refusé de la traiter de peur de violer une loi limitant l'avortement.
Rare manifestation d'unité dans une Amérique extrêmement divisée : l'entrée de Joe Biden dans l'hémicycle a été, à quelques exceptions près, saluée par une ovation.
Tout au long de son allocution, le dirigeant a tenté d'aborder des sujets susceptibles de mobiliser les Américains, qui selon les sondages ne veulent pas d'un second match entre lui et Donald Trump en 2024.
Déjà en campagne, le milliardaire républicain se présente en homme providentiel, seul capable de sauver l'Amérique d'un déclin
généralisé. Il commentait mardi en direct le discours de Joe Biden sur son réseau social, Truth Social. Il a l'air très énervé, crie dans le micro, alors qu'il tente d'être conciliant
, a-t-il dit d'un ton moqueur.
Joe Biden a au contraire voulu se donner le rôle d'optimiste en chef. Il a assuré que la démocratie américaine, bien que meurtrie
comme l'a montré le 6 janvier 2021 l'assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump, restait préservée et inviolée
.
Le président a aussi vanté son rôle d'architecte de la riposte occidentale face à la Russie, invitant les parlementaires à ovationner l'ambassadrice ukrainienne, présente dans la salle. Les États-Unis soutiendront l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra
, a-t-il promis.
Le président Biden était surtout attendu sur la Chine : l'affaire du ballon abattu samedi après avoir survolé le territoire américain pendant plusieurs jours lui vaut des reproches de faiblesse à droite. L'Amérique agira
si Pékin menace sa souveraineté
, a-t-il ajouté.
En guise de pied de nez, l'élue trumpiste Marjorie Taylor Greene promenait un grand ballon blanc dans les couloirs du Congrès quelques heures avant l'allocution de Joe Biden.