Le moment est venu de parler des méfaits de l’alcool, selon le Dr Robert Strang

Selon le médecin hygiéniste en chef de la Nouvelle-Écosse, les gens doivent avoir l'information la plus à jour pour prendre de bonnes décisions sur leur consommation d'alcool.
Photo : courtoisie / Sadegh Mahjoon
Le médecin hygiéniste en chef de la Nouvelle-Écosse, Robert Strang, estime que le moment est venu de discuter de l’alcool à la suite d’une étude récente qui énumère les risques pour la santé quand on prend plus de deux consommations par semaine.
Le rapport d’étude intitulé Repères canadiens sur l’alcool et la santé prévient le public des risques d'avoir plusieurs types de cancer quand on prend de trois à six consommations par semaine.
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L’étude pilotée par le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances souligne aussi que la consommation d’alcool peut mener à des blessures, de la violence et des problèmes sociaux.
La majorité des consommateurs d’alcool se trouve déjà dans la catégorie de risque indiquée dans le rapport, selon le Dr Strang.
Il faut s’assurer que les gens puissent maintenant mettre ces renseignements dans le contexte des autres décisions qu’ils prennent et qu’ils soient bien informés des risques qu’ils courent
, affirme Robert Strang.
Le Dr Strang a fait partie du comité consultatif du groupe de scientifiques qui ont formulé le rapport. Il précise qu’il ne se prononce pas contre l’alcool et qu’il ne veut pas donner de directives au public non plus, mais il estime que le moment est venu pour le public d’accepter les risques associés à l’alcool.
Des milliers de décès par année
L’étude présente des données qui lient la consommation d’alcool à la mort d’environ 7000 personnes par année au Canada qui ont eu un cancer pour cette raison.
Il s’agit dans la majorité des cas de cancer du sein et du côlon. Suivent ensuite les cancers du rectum, de la bouche et de la gorge, du foie, de l'œsophage et du larynx.
En tenant compte de toutes les autres maladies et de tous les problèmes sociaux engendrés par l’alcool, ce produit a causé la mort de 18 000 personnes en 2017, souligne le rapport.
Une pression sur le système de santé
La consommation d’alcool est souvent écartée parce qu'elle est intégrée à la société
, explique Mark Asbridge, professeur au Département de santé et d’épidémiologie de l'Université Dalhousie, qui fait partie du groupe d’experts qui a produit le rapport.
Il souligne que le nombre de décès causés par l’alcool surpasse largement le nombre de morts causées par les opioïdes et que la consommation d’alcool n’est pas considérée comme étant une crise, contrairement à la consommation d’opioïdes.
Le public doit aussi tenir compte de l’impact de la consommation d’alcool sur le système de santé, selon M. Asbridge. Il dit que les urgentologues reçoivent souvent des patients qui demandent une consultation liée à leur consommation d’alcool.
De la violence, des chutes qui causent des blessures, des bagarres dans des bars, des personnes ivres qui conduisent, etc. Tout cela est dominant dans les salles d’urgence les soirs la fin de semaine et épuise absolument le système de santé
, affirme Mark Asbridge.
Discussions sur de possibles étiquettes d’avertissement
La Nouvelle-Écosse discute des conclusions de l’étude avec le gouvernement fédéral, ce qui mène à l’idée de placer des étiquettes d’avertissement sur les produits d’alcool.
Le Dr Strang rappelle que ce genre d’étiquettes figure sur les produits du tabac et du cannabis et il dit croire que ce serait approprié pour l’alcool aussi.
Santé Canada a financé l’étude et se penche sur ses conclusions en ce moment.
Des représentants de l’industrie de l’alcool disent être au courant de l’étude, mais ils doutent qu’elle entraîne une baisse importante des ventes.
L’un d’eux, Gordon Stewart, le directeur général de l’Association des restaurateurs de la Nouvelle-Écosse, qui compte plus de 3000 membres, croit que les conséquences sur son industrie seront minimales.
L'Association des restaurateurs, ajoute M. Stewart, ne s’oppose pas à l’idée d’une étiquette d’avertissement. La directrice générale de l’Association des brasseurs de bière artisanale de la Nouvelle-Écosse, Debbi MacDonald, partage son avis. Nous préconisons la modération de toute façon
, dit-elle.
La Société des alcools de la Nouvelle-Écosse dit compter déjà un bon nombre d’initiatives sur la consommation responsable et travailler avec les autorités provinciales sur la suite des choses, y compris sur l’idée des étiquettes d’avertissement.
Le Dr Strang ajoute que les autorités provinciales vont aborder le sujet avec de nombreux groupes communautaires afin de poursuivre la discussion.
D’après un reportage de Gareth Hampshire, de CBC