Québec solidaire réclame maintenant le départ d’Amira Elghawaby
La principale intéressée aurait refusé de rencontrer le parti avant son entrée en fonction, le 20 février.
Amira Elghawaby fait l'unanimité contre elle à Québec.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
L'Assemblée nationale est maintenant unanime à demander la démission d'Amira Elghawaby, nommée conseillère spéciale de la lutte contre l'islamophobie au gouvernement fédéral malgré ses nombreuses déclarations controversées au sujet des Québécois.
Le seul parti qui s'était abstenu de voter en faveur de la motion caquiste exigeant son départ la semaine dernière, Québec solidaire (QS), a fait savoir mardi qu'il ne faisait plus cavalier seul dans ce dossier.
La formation, qui forme le second groupe d'opposition au Parlement, souhaite maintenant que Mme Elghawaby soit relevée de ses fonctions.
Si vous nous demandez si c'est la bonne personne pour mener la lutte à l'islamophobie au Québec, la réponse, c'est non
, a déclaré son co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois, mardi avant-midi, à la Tribune de la presse.
Avant de prendre position sur le sujet, QS
s'était engagé la semaine dernière à discuter avec la conseillère de ses déclarations passées et de sa vision de la lutte contre l’islamophobie dans le contexte québécois.Mais après avoir tout d'abord accepté le principe d'une rencontre, Mme Elghawaby aurait indiqué aux dirigeants du parti qu’elle n’allait pas les rencontrer avant le 20 février, date de son entrée officielle en fonction.
Or, on ne peut pas dialoguer seul
, a souligné M. Nadeau-Dubois mardi. Devant cette impasse, le caucus solidaire a décidé unanimement
lundi de ne pas appuyer la nomination de Justin Trudeau, a-t-il poursuivi.
Motion refusée par le gouvernement
Pour ramener le débat au Québec
, comme le disait plus tôt Gabriel Nadeau-Dubois, QS a déposé une motion à l'Assemblée nationale, mardi après-midi, pour que le Québec se dote de son propre plan de lutte contre l'islamophobie. Le gouvernement caquiste a toutefois refusé de donner son consentement pour en débattre.
La motion déposée par le député de Laurier-Dorion, Andrés Fontecilla, demandait que l'Assemblée nationale du Québec reconnaisse l'existence de l'islamophobie au Québec
. Elle appelait également le gouvernement Legault à mettre en place rapidement un plan de lutte contre l'islamophobie.
Le rôle du gouvernement est de protéger tous les Québécois, peu importe leur religion
, a soutenu M. Nadeau-Dubois en mêlée de presse, après la période des questions.
« L'attentat à la mosquée de Québec, c'était un attentat islamophobe. Le reconnaître ne veut pas dire faire le procès du peuple québécois. Ça veut dire reconnaître que le problème existe. »
Une candidature qui dérange
La nomination d'Amira Elghawaby fait des remous depuis son annonce le 26 janvier, notamment parce qu'elle écrivait en 2019 qu'une majorité de Québécois
étaient animés d'un sentiment antimusulman
.
À Ottawa, tant le Parti conservateur du Canada que le Bloc québécois ont exigé sa démission.
À Québec, le gouvernement Legault a fait de même. La CAQ a même fait adopter une motion à l'Assemblée nationale pour réclamer le départ de Mme Elghawaby, motion derrière laquelle libéraux et péquistes se sont rangés. Seul QS. avait mis sa décision en suspens
La principale intéressée a depuis présenté ses excuses aux Québécois. Mais la controverse refuse de s'éteindre. Lundi, plus de 200 personnes ont écrit à Justin Trudeau pour réclamer le départ de Mme Elghawaby et l’abolition de son poste.
Le premier ministre, lui, continue de défendre sa nomination, et ce, malgré l'embarras de certains de ses députés. Le NPD de Jagmeet Singh s'est lui aussi montré satisfait des excuses présentées par Mme Elgahwaby, qui a reçu l'appui d'une trentaine de personnalités, vendredi dernier.