Fermeture du marché MelLau : quel avenir pour les PME de Sept-Îles?

Le marché MelLau, à Sept-Îles (photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Après la Cage - Brasserie sportive et le pub St-Marc, l’annonce de la fermeture du marché MelLau ravive les inquiétudes quant à l’avenir des petites et moyennes entreprises (PME) de la ville de Sept-Îles.
Laurence Bérubé a du mal à croire qu’elle devra bientôt mettre la clé sous la porte du marché qu’elle a établi, il y a 13 ans.
« La fatigue, la surcharge de travail est vraiment très lourde. »
J’ai pas beaucoup de temps à moi. Je travaille entre 10 et 16 heures par jour, 5 à 6 jours par semaine, parfois même 7
, ajoute l’entrepreneure.
C’est une fatigue insurmontable qui aura finalement eu le dessus de son rêve. Une fatigue exacerbée par le manque de main-d’œuvre, et par une charge de travail qui ne semble désormais que grandir.
Dans les débuts, il me semble qu'on voyait toujours une lumière au bout du tunnel. Puis là, on dirait que c'est vraiment juste comme un grand trou noir. On ne voit pas les solutions
, se désole Laurence Bérubé.
Le commerce offre des plats préparés à emporter, mais fait aussi office d’épicerie fine. Dans cette catégorie de service, le marché MelLau faisait depuis plusieurs années cavalier seul dans ce domaine, à Sept-Îles.
Une offre de services de plus de plus en mince
La fermeture de l’épicerie fine s’ajoute aux fermetures de deux autres commerces en ville depuis le début de l’année, la Halte et le Lokma Choco. Un peu plus tôt cet automne, Sept-Îles a aussi perdu le restaurant La Cage - brasserie sportive et le Pub St-Marc.
C'est un peu triste pour la ville, la région, parce que pour être ‘’attractive’’, une petite ville comme Sept-Îles a besoin des PME
, insiste la propriétaire du pub St-Marc, Isabelle Ross.
« La clientèle est là, la demande est là. Mais j’ai l’impression que l’offre manque pour satisfaire la clientèle présente à Sept-Îles. »
De son côté, la Chambre de commerce s'inquiète de voir ces fermetures au cours des derniers mois. Son directeur général, John-James Blanchette, estime que les Septiliens devraient encourager davantage les commerces locaux.
Il craint que seules les franchises survivent dans le climat économique actuel.
Pour Isabelle Ross, la vitalité même d’une ville et l’attrait pour les gens qui choisissent de s’y installer dépendent pourtant en partie de la présence des petites et moyennes entreprises.
L’immigration, seule solution ?
Le maire de la ville, Steeve Beaupré, reconnaît que Sept-Îles vit une période difficile, mais pense avoir la clé pour y remédier. Il estime que l’immigration économique et le recrutement des travailleurs étrangers sont des solutions.
Une solution qui n’aurait pourtant rien changé à la fermeture du marché MelLau. Ce n'est pas un facteur intéressant parce que les délais pour avoir un employé, c’est dans 6 mois. Pour moi, c'est du concret, présentement, dont j'ai besoin
, conclut Laurence Bérubé, en plus de souligner les coûts importants associés à la pratique.
Aux yeux d’autres commerçants, comme Marie-Pier Johnson, co-propriétaire de la microbrasserie La Compagnie, le mentorat et le développement du potentiel entrepreneurial des jeunes pourraient atténuer le problème.
« Des jeunes avec des idées et du potentiel entrepreneurial, il y a en a beaucoup! Et ici à Sept-Îles, tout est à faire. Et c’est ça qui est génial : il y a de la place pour tous ces projets-là. »
L’entrepreneure demeure optimiste, même si elle constate que la fatigue post-pandémique y est sans doute pour quelque chose parmi les facteurs qui expliquent cette vague de fermeture. C’est une période qu’on a à passer, les gens sont épuisés
, de désole-t-elle.
De son côté, John-James Blanchette, fait valoir que la Chambre de commerce fera la promotion de l’achat local, et assure vouloir pousser les services et offres des PME dans les prochains mois et années
.
Laurence Bérubé ne s’est pas prononcée sur la date officielle de fermeture du marché MelLau.
Avec les informations de Lambert Gagné-Coulombe