Blessée par « un élève en crise », une enseignante de Gatineau en arrêt de travail

Une enseignante de l'école primaire du Lac des Fées dans le secteur de Hull à Gatineau a dû être transportée à l'hôpital le 31 janvier. Elle a été blessée après avoir reçu au visage un objet lancé par un élève. Le syndicat dénonce et s'inquiète de la violence subie par les enseignants dans les salles de classe.
Photo : Radio-Canada / Claudine Richard
Une enseignante d’une école primaire de Gatineau a subi, le 31 janvier, une lacération à la tête après avoir reçu « un objet lancé par un élève en crise », explique la police de Gatineau, qui s’est rendue sur place.
Des sources ont confirmé à Radio-Canada que l’agression est survenue dans une classe spécialisée où cinq enfants sont accompagnés par trois professionnels de l’enseignement.
L’enseignante a été transportée à l’hôpital pour y recevoir des soins. Un rapport de police a été rédigé. L’élève ayant lancé l’objet est âgé de 6 ans et, donc, il ne peut y avoir d’accusation criminelle. Un signalement à la Direction de la protection de la jeunesse a cependant été effectué
, explique la porte-parole du corps policier, Andrée East.
Le directeur de l'école primaire du Lac-des-Fées, Martin Auger, a envoyé une lettre aux parents d'élèves pour les informer qu'un incident était survenu dans l'établissement situé dans le secteur de Hull.
Une enseignante a dû quitter en ambulance en raison d’une blessure résultant d’un accident. Nous avons communiqué avec elle et elle se porte bien. Lors de l’incident, l’enseignante saignait abondamment et plusieurs élèves en ont été témoins
, a écrit Martin Auger, prévenant également les parents que certains élèves pourraient être ébranlés.
L'enseignante est rentrée à la maison, a confirmé la présidente du Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais, Nathalie Gauthier.
Je ne lui ai pas parlé, mais la vice-présidente a communiqué avec elle. [L’enseignante] était chez elle. Elle est en arrêt de travail pour quelques jours, au minimum
, dit-elle.
Le Centre de services scolaire des Portages-de-l’Outaouais (CSSPO) a laconiquement commenté l’événement, le qualifiant de déplorable
.
Le CSSPONous apportons tout le soutien nécessaire aux personnes touchées par cet événement
, a écrit une porte-parole par courriel.
Un problème plus large
Par souci de confidentialité ou par manque d’informations, Mme Gauthier ne peut s’étendre de long en large sur les détails entourant l’agression.
Mais, selon elle, cet événement met en lumière un problème nettement plus large : le phénomène de la violence dans les écoles, qui se vit au quotidien
, que ce soit entre les élèves ou envers les enseignants.
« La violence physique, c’est une chose. Mais on a des enseignants qui ont parfois l’âme brisée. Ils ont peur de retourner au travail. Ils vivent des crises d’angoisse et d’anxiété. »
Selon elle, des enseignants hésitent même à rapporter certains incidents, par l’entremise d’un formulaire à remplir. Certains se disent que ça fait partie du travail, [ils] ont peur de la réaction de la direction, que ça peut arriver dans une classe spécialisée. Mais il ne faut pas banaliser cela.
Nathalie Gauthier précise que de tels incidents surviennent de l’école préscolaire jusqu’à la formation aux adultes et à la formation professionnelle. Ce sont des gestes, des paroles et même parfois de l’intimidation.
Pas assez de ressources
Dans une entrevue accordée à l’émission radiophonique Sur le vif, Mme Gauthier ajoute que la société est continuellement en réaction face à la montée de la violence dans les écoles. Elle exhorte les décideurs à s’y pencher sérieusement.
Selon Mme Gauthier, face à la situation, il faudrait ajouter des ressources pour soutenir le corps enseignant.
Est-ce qu’on peut mettre le doigt sur le bobo? C’est difficile, parce qu’il y a trop d’éléments. On a la pénurie du personnel enseignant qui fait qu’il y a beaucoup de gens qui ne sont pas légalement qualifiés dans les salles de classe
, commente-t-elle.
Mme Gauthier plaide également en faveur d'une augmentation du nombre des psychologues dans les écoles et d’orthophonistes, en plus de revoir les règles qui devraient permettre aux enseignants de travailler dans un environnement sécuritaire
.
Avec les informations de Claudine Richard et de Benjamin Vachet