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« Personne n’est préparé à un séisme », selon la Dre Joanne Liu

Joanne Liu regarde directement dans l'objectif de la caméra.

Joanne Liu a été présidente de l'organisme Médecins sans frontières de juin 2013 à septembre 2019.

Photo : AFP/Getty Images / Fabrice Coffrini

Radio-Canada

Les observateurs qui critiquent le niveau de préparation de la Turquie et de la Syrie face au séisme meurtrier qui les a dévastées lundi devraient tourner leur langue sept fois avant de parler, selon la Dre Joanne Liu.

Je crois que personne n’est préparé à un séisme et à avoir des milliers et des milliers de blessés et de gens décédés en quelques minutes, affirme la pédiatre, professeure et ex-présidente de l'organisme Médecins sans frontières (MSF), en entrevue à l’émission Tout un matin.

La Syrie et la Turquie ont été frappées par un séisme de magnitude 7,8 dans la nuit de dimanche à lundi. De puissantes répliques ont ensuite frappé les deux pays du Proche-Orient. Le dernier bilan fait état de plus de 7800 morts, un nombre qui est appelé à augmenter.

Selon la Dre Liu, les secours sont difficiles pour plusieurs raisons, surtout en Syrie, où l'autorité est divisée entre le régime de Bachar Al-Assad et les différents groupes rebelles.

« Je crois qu’il faut être indulgent. C’est pour ça que la solidarité internationale entre en jeu. »

— Une citation de  Dre Joanne Liu, ex-présidente de Médecins sans frontières

Les résidents d'une ville comme Montréal seraient tout aussi démunis que ceux d'ailleurs, ajoute la Dre Liu.

Moi, honnêtement, je ferais attention à la critique, parce que voyant comment ça s’est passé chez nous pendant la COVID-19 et comment on n'a pas été complètement prêts… Et ça ne s'est pas passé rapidement comme un séisme, lance-t-elle. Je ne critiquerais pas parce que je ne voudrais pas que ça arrive à Montréal. Je ne pense pas qu’on serait prêts. Je pense qu’il manquerait de pelles mécaniques, affirme la Dre Liu.

Cela dit, on constate une activité sismique relativement faible dans l’est du Canada. Selon Ressources naturelles Canada, environ 450 séismes se produisent dans l'est du pays chaque année. De ce nombre, seulement quatre, en moyenne, dépassent la magnitude 4, les autres étant d’intensité inférieure.

Au cours d'un cycle de 10 ans, 3 séismes en moyenne dépassent la magnitude 5, peut-on lire sur le site web du ministère fédéral. Fait à noter, un séisme de magnitude 5 marque, en général, le seuil pour qu'un événement provoque des dommages.

L'aide humanitaire s'organise

Une personne monte les marches et transporte un sac.

L'aide humanitaire à la suite des violents tremblements de terre en Turquie et en Syrie commence à s'organiser au centre communautaire turc de Montréal, dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Selon la Dre Liu, l'aide humanitaire s'est rapidement mobilisée dans les deux pays frappés par le séisme. La tâche n'est pas facile, surtout du côté syrien, mais, paradoxalement, l'état de guerre civile en Syrie a permis un déploiement plus rapide des ressources.

L’avantage, c’est qu'il y a déjà un dispositif humanitaire sur place. La Turquie accueillait déjà des millions de réfugiés syriens et, dans le nord de la Syrie, il y a aussi un montage d’aide humanitaire déjà sur place, souligne-t-elle.

Lorsqu'un tel dispositif est absent, il est très difficile pour un organisme de se mobiliser en temps opportun.

Secours après une catastrophe : une organisation complexe et des décisions déchirantes

ÉMISSION ICI PREMIÈRE • Tout un matin

Tout un matin, ICI Première.

Erme Köksalan, un résident de la ville de Gaziantep, en Turquie, et professeur à l'université du même nom, a aussi livré son témoignage au micro de Tout un matin. Après les premières heures particulièrement difficiles, d'importantes ressources ont pu être mobilisées, selon lui.

[Dans les 24 heures suivant le séisme], il y avait peu d’organisation, malheureusement. Il y a eu un grand choc. Les routes étaient détruites, alors les gens ne pouvaient pas arriver dans les villes. Maintenant, les organisations [humanitaires] commencent à mieux opérer. Il y a beaucoup de choses à faire, mais ça commence à se faire, affirme-t-il.

Portrait de Mehmet Sozen, debout derrière une table sur laquelle des vêtements sont déposés.

Mehmet Sozen fait partie des gens de la communauté turque qui s’implique pour aider à recueillir les dons.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

M. Köksalan s'est d'abord réfugié à l'Université de Gaziantep avant de se rendre chez des amis. Il prévoit d'aller chez des proches dans l'ouest de la Turquie, dans un secteur qui n'a pas été touché par le séisme.

Le gouvernement Trudeau a annoncé une aide humanitaire d'urgence de 10 millions de dollars pour la Turquie et la Syrie.

Quant aux citoyens canadiens, la Dre Liu estime que les dons sont d'une grande utilité, mais que les sommes devraient être envoyées aux organismes qui sont déjà sur place afin que l'aide se rende rapidement aux victimes.

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