Une étape décisive est franchie dans le dossier du sauna du quai MacPherson

Encore cette semaine, le projet de sauna flottant du quai MacPherson a attiré de nombreux citoyens au conseil municipal de Magog.
Photo : Radio-Canada / Emy Lafortune
Une majorité d’élus de Magog persiste et signe. Lundi, cinq élus sur huit ont voté pour la modification réglementaire qui autorise l'installation d'un sauna au quai MacPherson.
Comme lors du dernier vote dans ce dossier, le conseiller Jean-Noël Leduc a demandé le vote. Lui et ses collègues Josée Beaudoin et Nathalie Laporte ont voté contre. Les conseillers Bertrand Bilodeau, Samuel Côté, Sébastien Bélair, Jean-François Rompré et Jacques Lorendeau ont quant à eux voté pour.
Il s'agit d'un projet unique en Amérique du Nord qui va faire rayonner la ville de Magog. Je vote également pour, car le site du quai fédéral est le seul endroit où nous autorisons de l'activité commerciale aquatique. [...] Pour ma part, je ne crois pas à l'argument d'obstruer la vue, car la pointe Merry est tellement longue et large qu’il y a beaucoup d'endroits où nous allons voir
, a notamment souligné Samuel Côté, en ajoutant avoir lu toutes les communications des opposants.
Le projet fait en effet controverse depuis plusieurs mois à Magog. Une soixantaine de citoyens se sont d'ailleurs déplacés lundi pour marquer leur opposition. Pendant la période du vote, des membres de l’assemblée ont émis des commentaires ou applaudi à quelques reprises, ce qui a poussé la mairesse à les ramener à l’ordre et à leur rappeler les règles de décorum.
Moi, je suis contre parce que le sondage qui a été fait me laisse un peu perplexe, j’ai plus ou moins confiance. Ensuite, on n'a pas besoin de ce sauna-là sur le lac Memphrémagog, et je crois qu’il est inutile. Pour la Ville, il n'y a aucun avantage pécuniaire. Je ne vois vraiment pas pourquoi les conseillers insistent à avoir ce cet encombrant-là sur notre lac
, a quant à lui martelé Jean-Noël Leduc.
Objections citoyennes
Une dizaine de citoyens ont eu le temps de prendre la parole contre le projet à la fin de la séance, pendant la période des questions. Certains d’entre eux avaient demandé une dérogation pour poser leurs questions avant le vote des élus, ce qui a été refusé par la mairesse pour des questions de décorum.
L’enjeu le plus souvent soulevé a été celui de l’environnement. Des citoyens ont notamment demandé pourquoi la consultation environnementale liée au dossier avait été réalisée par un biologiste travaillant pour une entreprise embauchée par les entrepreneurs derrière le projet.
Cet expert avait conclu que le projet ne représentait pas de danger pour l’environnement ni pour la frayère de poissons Touladis située à proximité. Son rapport n'a toutefois pas convaincu l'ensemble des citoyens.
Par principe de précaution, ce que je propose et que je vous dis, c’est peut-être de trouver une alternative, de relocaliser [le projet]. [...] Par principe de précaution, pour la faune, la pêche est très importante à Magog, même plus que d’avoir un sauna au quai MacPherson
, a notamment souligné François Pelletier, un technicien de la faune qui est derrière Unis pour la faune
, un organisme à but non lucratif.
C’est [le biologiste derrière la consultation environnementale] quelqu’un qui a plus de 25 ans d’expérience, qui va témoigner comme expert à la cour, qui a une certaine crédibilité. [...] Ce sont des professionnels qui ont des codes d’éthique, de déontologie, des ordres professionnels. Il a parlé au ministère de la Pêche
, a répondu la mairesse, Nathalie Pelletier.
Des opposants ont soulevé d’autres objections, dont la perte d'accès au quai MacPherson pour amarrer des bateaux en cas d'urgence. Ils ont aussi dénoncé ce qu’ils jugent être un manque de consultation citoyenne.
On a un projet qui se veut rassembleur
Le cofondateur de Solstice sauna et entrepreneur derrière le projet, Frédérik Nissen, a qualifié d’étape importante
le vote de lundi soir, qu’il a suivi à distance. Il s’est toutefois dit surpris par la soixantaine d’opposants présents.
« On ne pense pas que notre projet mérite autant de controverse. On a de bons objectifs. On a un projet qui se veut rassembleur pour les familles, pour les résidents, pour les visiteurs. »
Il souligne surtout que l’environnement représente un enjeu clé pour son équipe.
Toute la question sur l'environnement, on trouve que ça commence à devenir de la désinformation de la part des opposants. [...] On a engagé un biologiste pour valider qu'il va y avoir zéro impact. Si on avait eu un impact, on aurait arrêté le projet dès le début, ça aurait été non conforme avec les valeurs de notre entreprise
, soutient-il.
Il est également catégorique : le sauna n’aura aucun impact sur la frayère. L'entreprise compte s’assurer de donner tout l’espace nécessaire aux poissons pendant la période du fraie, qui dure quelques semaines.
Comme la frayère se passe dans la période nocturne, donc la nuit, nous, on va fermer dès 16 h 30. Donc dès qu'il fait noir on arrête, on ferme toutes les lumières, c'est terminé. Durant la période de frayère, ce ne sera pas possible de se baigner en eau libre
, soutient-il.
Il invite tout de même les opposants à le contacter pour discuter. On ne veut vraiment pas être perçu comme un espèce de promoteur capitaliste. On est vraiment à l'écoute pour continuer à améliorer notre projet
.
Étapes finales
Dans les prochaines semaines, la Ville devra signer un bail et approuver le plan d'implantation et d'intégration architecturale (PIIA) liée aux bâtiments du sauna. Transport Canada et le ministère de l’Environnement devront aussi donner leur accord final.
La mairesse soutient que la négociation du bail permettra à la Ville de se protéger et de se préparer à toute éventualité. Ce n’est pas quelque chose de permanent, on y va avec cinq ans, qui va être renouvelable par la suite avec des conditions
, assure-t-elle.
On s’est fait rassurer sur l’impact environnemental, mais si des fois, la science et nos études n’avaient pas donné toutes les informations, il n’y a rien qui nous empêche de mettre des conditions dans le bail
, ajoute-t-elle.