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La deuxième vie de skieur d’Alex Beaulieu-Marchand

Durant un saut, il agrippe l'un de ses skis dans les airs.

Alex Beaulieu-Marchand consacre maintenant sa vie aux films de ski avec le collectif Blank­.

Photo : Gracieuseté

Un peu plus d’un an après sa retraite de la compétition, Alex Beaulieu-Marchand file le parfait bonheur à tracer la poudreuse de l’arrière-pays d’un bout à l’autre de la planète. Dans sa deuxième vie de skieur, l’adrénaline des flancs de montagne escarpés a remplacé celle des Jeux olympiques.

C’était un rêve d’enfance d’aller au Japon. C’est une des plus belles places pour faire du ski de poudreuse sur la planète, lance l’athlète de 28 ans au bout du fil de son domicile de Whistler.

Avec ses comparses du collectif Blank, celui qu'on surnomme « ABM » revient de quelques semaines de tournage sur l’île d’Hokkaido, dans le nord du Japon. Un endroit mythique chez les skieurs pour la qualité et la quantité de sa neige.

Un écran de neige se soulève devant lui alors qu'il skie. On ne voit que sa main et son casque en sortir.

Alex Beaulieu-Marchand dans la neige poudreuse de l’île d’Hokkaïdo, au Japon

Photo : Gracieuseté

La poudreuse, c’est vraiment quelque chose de phénoménal là-bas. Elle se compacte assez rapidement, mais elle est aussi vraiment, vraiment légère et elle vole dans les airs, décrit l’ex-olympien avec le sourire de quelqu’un qui s’est enfoncé dans la neige jusqu’aux oreilles.

Skier dans la neige poudreuse est une discipline en soi, précise-t-il. Malgré sa collection de médailles des X Games, il a encore tout à apprendre dans le deuxième acte de sa carrière. Celui où il gagne sa vie à skier devant la caméra dans l’arrière-pays.

Tourner le dos aux JO

Alex Beaulieu-Marchand avait une place qui l’attendait aux Jeux olympiques de Pékin quand, à la fin de l’été 2021, il a plutôt décidé de quitter l’équipe nationale et d'arrêter la compétition.

Il parle à la caméra après l'annonce de sa retraite.

Alex Beaulieu-Marchand au moment de sa retraite de la compétition, à l'automne 2021.

Photo : Radio-Canada / Steve Breton

Une décision pouvant paraître surprenante, mais le natif de Saint-Augustin-de-Desmaures l’avait bien mûrie. Il y a longtemps qu’il voulait rejoindre dans le monde des films de ski son ancien coéquipier de l’équipe nationale Alexi Godbout, cofondateur de Blank Collective Film.

La discipline a beau s’appeler ski libre, Beaulieu-Marchand se sentait parfois coincé lors de compétitions, ces dernières années. Surtout lorsque, au moment de s’élancer des dizaines de pieds dans les airs en multipliant les périlleux, le vent soufflait dangereusement.

Un skieur libéré

Dans une compétition, tu es toujours en train de repousser les limites pour battre les autres athlètes et tu es obligé de skier dans des conditions qui ne sont pas idéales, souligne-t-il. C’est vraiment la personne qui veut prendre le plus de risques qui finit par gagner.

Des risques que le médaillé de bronze des JO de Pyeongchang a longtemps été prêt à prendre. C’est ce qui lui a permis de connaître autant de succès sur la scène internationale. Mais en regardant les plus récents X Games du confort de chez lui, il ne ressentait aucune nostalgie. Seulement de l’admiration pour les jeunes skieurs qui continuent de repousser les limites de son sport.

Il célèbre avec un drapeau du Canada sur les épaules.

Alex Beaulieu-Marchand après sa troisième place à l'épreuve de slopestyle à Pyeongchang.

Photo : Radio-Canada

Après les 2160°, je ne sais pas si les sauts vont être assez gros pour faire encore plus. Mais on a dit ça quand on faisait des 1440° il y a 10 ans et ils sont rendus à des 2160°. Ça va être impressionnant de voir ce qui va arriver. J’espère juste qu’il ne va pas y avoir de grosses blessures.

De nouveaux dangers

Les blessures, Beaulieu-Marchand en a eu sa part en une décennie de compétition. Il en porte encore les marques. J’ai de belles grosses cicatrices sur les deux épaules, les genoux un peu bousillés, le dos usé.

Mais il ne peut prétendre qu’il repose désormais son corps. Dans le récent long métrage de Blank, on le voit multiplier les sauts dans la poudreuse et descendre à toute vitesse le flanc d’une immense montagne, une coulée de neige prête à l’engloutir filant derrière lui.

Il dévale le flanc d'une immense montagne enneigée.

Skier à flanc de montagne dans l'arrière-pays comporte sa part de risque.

Photo : Gracieuseté

Le risque est différent de la compétition et je peux attendre que les conditions soient idéales avant d’y aller, précise le skieur de 28 ans. Le danger est toutefois encore bien présent. Peut-être encore plus grand vu les risques d’avalanche.

Il s’agit donc de bien s’entourer et d’être, dans les circonstances, le plus prudent possible. Il y a toujours du stress, toujours de la peur avant chaque saut et chaque ligne que je fais. Ensuite, c’est de prendre ce stress-là et l’utiliser positivement pour être plus à l'affût et en contrôle. Ça ressemble un peu aux compétitions. Quand tu te mets à descendre, tu oublies tout et tu te concentres sur ton ski.

Une passion qui ne veut pas mourir

Combien de temps encore Alex Beaulieu-Marchand continuera-t-il de tromper les lois de la gravité sur ses skis? Le principal intéressé ne veut pas s’avancer, mais il s’est découvert une passion renouvelée pour son sport.

Je ne savais pas vraiment dans quoi je m’embarquais et si j’allais être capable de bien skier dans la poudreuse, mais j’en apprends chaque jour et je suis vraiment excité pour le futur, décrit celui qui mettra bientôt en ligne un film gratuit regroupant ses prouesses de la dernière année.

Durant un saut, il agrippe l'un de ses skis dans les airs, des montagnes derrière lui.

Alex Beaulieu-Marchand consacre maintenant son temps aux tournages de film de ski dans l'arrière-pays.

Photo : Gracieuseté

« ABM », qui craignait de ne plus être capable de gagner sa vie comme skieur sans la vitrine des grandes compétitions, a plutôt vu son nombre de commanditaires grandir depuis son départ de l’équipe canadienne.

Et il a récemment donné un coup de main comme entraîneur à l’équipe de ski libre de la Colombie-Britannique. Mais pour l’instant, j’aime trop le ski pour être entraîneur, précise-t-il.

Pour bien des athlètes de haut niveau, la retraite laisse un vide. Certains en viennent à s’ennuyer de leur vie structurée autour de l’entraînement et des compétitions. Pour Alex Beaulieu-Marchand, c’est l’inverse. Il est finalement libre de skier sur les plus belles montagnes de la planète.

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