Champ de tir : Bleuets NB déplore un rendez-vous manqué avec le maire de Tracadie
Des manifestation à l'ancien champ de tir de Tracadie, comme celle de dimanche dernier, ne plaisent pas à l'agence Bleuets N.-B..
Photo : Gracieuseté
Le directeur général de l'agence Bleuets Nouveau-Brunswick, Donald Arseneault, déplore que le maire de Tracadie, Denis Losier, n'ait pas donné suite à une demande de rencontre, il y a un an.
Nous, on voulait rencontrer le maire pour avoir un peu ses doléances et ce qu'il recherchait et si on pouvait jouer un genre de rôle de médiateur pour essayer de trouver un terrain où tout le monde serait d'accord jusqu'à un certain point
, affirme Donald Arsenenault.
Des producteurs de bleuets sauvages de la Péninsule acadienne espèrent pouvoir faire la culture dans des parties de l'ancien champ de tirs militaires de Tracadie. Le gouvernement provincial, propriétaire des lieux, veut d'abord que les travaux de décontamination de la Défense nationale puissent être complétés.
Ces travaux ont été interrompus, la semaine dernière, à la demande du gouvernement provincial. Ce projet de bleuetières rencontre une forte opposition dans la région. Plusieurs amateurs de chasse, de pêche et de plein air préféreraient voir d'autres utilisations du territoire et empêcher les coupes à blanc.
Le directeur général de Bleuets N.-B. nous a fait parvenir un échange de courriels dans lequel il demande cette rencontre avec le maire Losier, qui n'a jamais eu lieu.
Le maire de Tracadie aime bien critiquer le secteur du bleuet, qui rapporte beaucoup à sa communauté
, avance Donald Arseneault.
« Je n'ai pas de problème à avoir une mésentente avec quelqu'un. Mais, est-ce qu'on peut avoir une discussion? Si on ne peut pas résoudre cette mésentente, c'est correct. On a dit nos points et on va respecter ça. »
Joint au téléphone, Denis Losier a admis qu'il n'avait pas un souvenir très clair de cette demande de rencontre. Mais, il ne semble pas très emballé à l'idée d'une telle réunion. Il fait de plus allusion au fait que Donald Arseneault réside dans la région de Fredericton.
Monsieur Arseneault, qui représente les Bleuets Nouveau-Brunswick, veut faire avancer un dossier
, mentionne-t-il. Nous, on n'est pas redevables aux gens de l'extérieur. On est redevables à nos citoyens ici.
Dans la boîte arrière d'une camionnette
Dimanche dernier, durant une manifestation des protestataires sont montés dans la boîte arrière d'une camionnette jaune pour dire au micro leur opposition au projet de bleuetières.
Cela n'a pas échappé au directeur général de Bleuets N.-B., qui n'a pas trouvé cette façon de faire très « professionnelle ».
Comme ancien ministre, c'est sûr que moi... c'est comme ceux qui étaient dans la rue à Ottawa, l'an dernier
, commence-t-il à expliquer. Est-ce que ce sont des gens que tu veux vraiment rencontrer?
Il souligne que les Canadiens sont choyés
d'avoir le droit de manifester.
Mais, c'est sûr qu'on est tous humains
, dit-il. La ministre [de l'Agriculture, Margaret Johnson], n'est peut-être pas plus apte à rencontrer ces gens-là que quelqu'un qui est prêt à avoir une rencontre, quand même, plus professionnelle on pourrait dire.
Le maire de Tracadie est monté à l'arrière de cette camionnette jaune.
On va dire au gouvernement Higgs dehors les bleuets
, s'est-il écrié.
Il n'est pas le seul élu qui a grimpé sur cette estrade de fortune. Les libéraux Isabelle Thériault, Keith Chiasson et Serge Cormier l'ont fait également.
Mais, le maire de Tracadie ne semble pas se formaliser des commentaires du directeur général de Bleuets N.-B.
« Bien, je veux dire ce n'est pas la première manifestation qu'un élu se présente que ce soit dans une boite de camion ou sur une estrade improvisée. »
La « mauvaise communication »
Donald Arseneault ne cache pas que des manifestations comme celle de dimanche dernier à l'ancien champ de tir de Tracadie peuvent mettre à mal l'image de l'industrie du bleuet sauvage aux yeux du public.
Le fait qu'il y ait encore des gens qui manifestent, ça signifie qu'il y a quelqu'un qui n'a pas communiqué assez et dans ce cas-ci, c'est la province du Nouveau-Brunswick
, avance-t-il. Moi, je suis un ancien politicien du nord du Nouveau Brunswick et je n'ai jamais vu ce que je vois présentement.
« Là où j'accepte un peu les doléances de la communauté, c'est que la province doit mieux communiquer avec les intervenants, avec la population. »
La Péninsule, capitale mondiale du bleuet sauvage?
Le directeur général de Bleuets N.-B., explique à quel point la transformation de certains secteurs de l'ancien champ de tir est un enjeu important pour les producteurs.
Le bleuet rapporte beaucoup pour l'économie,
insiste-t-il. Les gens ne réalisent pas que le bleuet sauvage est très unique, qu'il pousse seulement dans le Canada atlantique, le Québec et le Maine.
« C'est un produit unique et la Péninsule acadienne peut se faire valoir comme la capitale du bleuet sauvage à travers le monde. »
Il fournit des chiffres sur la croissance de cette industrie.
Quand on regarde le PIB, en 2017, ça rapportait 10,5 millions $ seulement dans la Péninsule acadienne. En 2021, c'étaient 35,6 millions $
, dit-il avec enthousiasme.
Le maire de Tracadie, Denis Losier, met toutefois un bémol.
Ce sera à la population de Tracadie et de la Péninsule acadienne de décider de quoi elle veut être la capitale.