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Baisse de salaire : l’exode du personnel se concrétise au Centre antipoison

La direction médicale craint une rupture de services et demande au premier ministre d'intervenir.

Un bâtiment allongé.

Le Centre antipoison du Québec embauche une vingtaine d'infirmières.

Photo : Radio-Canada / Hans David Campbell

Il est minuit moins une pour sauver l'expertise et éviter les ruptures de services au Centre antipoison du Québec, avertit sa directrice médicale. Bientôt privées d'une prime salariale de 14 %, de plus en plus d'infirmières spécialisées quittent leurs fonctions ou songent à changer d'emploi.

Radio-Canada rapportait le mois dernier que la vingtaine d'infirmières du Centre antipoison du Québec allaient perdre leur bonification salariale dès le 31 mars.

Le ministère de la Santé exige en effet que leur employeur, le CIUSSS de la Capitale-Nationale, cesse de leur verser une prime de soins critiques, jugée non conforme, puisque non conventionnée dans leur contrat de travail. Cette prime leur était consentie depuis une dizaine d'années avant l'intervention de Québec.

Actuellement, 22 des 27 postes d'infirmières sont comblés au Centre antipoison. Mais la situation risque de se compliquer à l'approche de la date butoir.

Déjà en janvier, la directrice médicale du Centre, Dre Maude St-Onge, craignait un exode de son personnel vers d'autres postes dans le réseau de la santé. Selon des données fournies par la direction du Centre antipoison, corroborées par le CIUSSS de la Capitale-Nationale, au moins deux infirmières ont annoncé leur départ en lien avec la perte de leur prime salariale.

Une femme portant des lunettes se tient debout dans un espace de bureaux.

La Dre Maude St-Onge craint un exode des infirmières si la prime est abolie le 31 mars.

Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc

Toujours selon les données transmises à Radio-Canada lundi, 18 membres du personnel infirmier ont appliqué sur d'autres postes à la fin du mois de janvier. Le tiers du personnel compte faire l'essai des postes. Au moins trois personnes ayant plus de 10 ans d'expérience m'ont souligné avoir trouvé un poste à salaire égal sans fin de semaine et voudraient y rester s'ils perdaient la prime, indique Dre St-Onge.

Cette dernière rappelle qu'il n'existe aucune formation spécialisée en toxicologie pour les infirmières au Canada. Toutes les infirmières du Centre antipoison du Québec sont donc formées à l'embauche. Cette formation peut s'étirer sur un an. La moitié du personnel compte également une certification obtenue aux États-Unis.

Lettre à François Legault

Devant la situation, Dre St-Onge et les sept autres médecins toxicologues du Centre antipoison du Québec ont écrit une lettre au premier ministre François Legault ainsi qu'au ministre de la Santé, Christian Dubé. Datée du 6 février, l'équipe y déplore l'absence de proposition concrète du gouvernement pour dénouer l'impasse.

L'équipe médicale craint de ne pas pouvoir remplir sa mission si le personnel démissionne massivement.

Nous pouvons assurément dire que cela induira une rupture de services dont nous aurons de la difficulté à nous relever, considérant le minimum de personnel requis pour être capable d'en former d'autres. [...] Dans l'intérim, nous anticipons une atteinte significative de la qualité des services, écrivent-ils.

« Il y a urgence d’agir et vous êtes en position pour faire la différence. Nous estimons que l’expertise unique du personnel infirmier oeuvrant au Centre antipoison du Québec doit être reconnue et rémunérée à sa juste valeur. »

— Une citation de  Extrait de la lettre des médecins toxicologues
Christian Dubé et François Legault.

La direction du Centre antipoison du Québec réclame une intervention du ministre Christian Dubé (à gauche) et du premier ministre François Legault. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Mathieu Potvin

Statut national

Dre Maude St-Onge et son équipe réclament un statut national pour le Centre antipoison et une rémunération en conséquence pour son personnel infirmier. Car bien qu'il soit sous l'égide du CIUSSS de la Capitale-Nationale, le Centre répond aux appels de tout le Québec.

En 2021, pas moins de 50 945 dossiers ont été traités par le Centre antipoison. Du nombre, 13 999 étaient des cas d'assistance aux milieux de soin. Quant aux 36 218 cas provenant du grand public, seuls 3960 ont été envoyés vers les urgences de la province.

Une femme portant un casque micro se tient debout devant trois écrans d'ordinateur.

Le personnel du Centre antipoison du Québec a traité plus de 50 000 appels en 2021.

Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc

Parmi ses critères de rendement, le Centre antipoison du Québec doit répondre à 80 % des appels en moins de 30 secondes.

Certaines interventions nécessitent en effet une intervention immédiate. Dans certains cas, poursuit la Dre St-Onge, des infirmières peuvent être appelées à assister le personnel hospitalier dans des situations de vie ou de mort lorsqu'une toxine est présente.

De tous les appels entrées au Centre antipoison en 2021, 90 % ont été traités par les infirmières.

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