Séisme mortel en Turquie et en Syrie : vives réactions à Ottawa

C'est le séisme le plus meurtrier des dernières années. Le bilan des victimes est déjà lourd, et les recherches ne font que commencer. Rebecca Kwan est allée recueillir des réactions dans la région.
Photo : AP
Les communautés turque et syrienne d'Ottawa sont sous le choc quelques heures après un séisme qui a fait plus de 3000 morts, selon des bilans provisoires. À l'ambassade de Turquie au Canada, le téléphone ne dérougit pas. Un vague de solidarité se fait sentir.
Lundi, un puissant séisme de magnitude 7,8 a frappé le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie. Des dizaines de répliques se sont succédé avant qu'un deuxième séisme de magnitude 7,5 ne survienne.
Nous sommes profondément attristés
, a commenté l'ambassadeur de la Turquie au Canada, Kerim Uras. Nos pensées accompagnent ceux qui ont perdu la vie ainsi que les blessés.
Selon M. Uras, la communauté turque au Canada est très sensible à ce qui se passe en ce moment
. L'ambassade reçoit des dizaines d'appels depuis que le jour s'est levé sur cette triste nouvelle.
« Il y a une forte demande de nos citoyens qui veulent soutenir les travaux réalisés dans les provinces touchées par le tremblement de terre. »
Les personnes qui souhaitent faire un don pourront le faire
, a-t-il ajouté. M. Uras estime à 70 000 le nombre de Turcs qui vivent désormais au Canada.
La Turquie a déclenché un état d'urgence de niveau 4, ce qui signifie que ce pays peut recevoir de l’aide humanitaire, a expliqué M. Uras.
Ce dont nous avons besoin, ce sont des équipes de sauvetage et des équipes médicales
, a-t-il demandé. L'ambassadeur a soutenu que la température est une autre menace pour les sinistrés et qu'il faut y voir rapidement.
La neige et le froid, un problème de taille
La pluie, la neige et le froid compliquent les opérations de sauvetage en cours afin de sortir les survivants coincés sous les décombres.
L'hiver, surtout dans cette partie du pays, est très dur
, confirme Fatos Baudouin, vice-présidente de l'Association des femmes turques du Canada. Elle s'inquiète de ces milliers de personnes et tout particulièrement de ces enfants qui se retrouvent à la rue, sans chauffage ni électricité.
Mme Baudouin se dit habitée par un sentiment d'impuissance et de tristesse profonde. Je n'ai presque pas dormi hier soir, je pensais aux gens qui vont avoir besoin d'aide
, confie-t-elle en entrevue.
« C’est une sensation très difficile à expliquer, vous savez... Cette sensation d’être loin et de ne presque rien pouvoir faire. »
La présidente de l'Association culturelle syrienne de l'Université d'Ottawa, Joëlle Makdessi, a tenté de contacter sa famille dès qu'elle a appris la nouvelle. Mais ce qui est arrivé, c’est qu’en même temps, il y avait une grosse tempête [de neige]
, explique-t-elle. C’était très difficile d’entrer en contact avec eux.
Elle n'a réussi à contacter que ceux qui ont accès à des données mobiles. Pour l'instant, tout le monde va bien, mais ils ont eu peur, dit-elle. Ma famille pensait que c’était la fin du monde
, indique l'étudiante.
Dans un pays ravagé par une guerre civile qui perdure depuis une douzaine d'années, tout se retrouve fragilisé, soutient-elle.
Pour sa part, Efe Kemal Koç, membre de l’Association étudiante turque de l’Université d’Ottawa, dit avoir du mal à rester concentré depuis qu’il a appris la tragique nouvelle.
La famille de mes amis est directement affectée. Ils ont perdu des grands-parents, des amis. C’est terrible. [...] J'essaie de suivre, et en même temps, j'essaie de travailler pour mes examens
, confie-t-il.
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Fater Youssef, un Canadien d'origine syrienne et un producteur agricole, fait état des mêmes préoccupations. Il souligne que les conditions météorologiques sont horribles
en Syrie. Tout est retardé, même les sauvetages
, poursuit-il.
Lorsqu'il a appris la nouvelle, tard dimanche soir, il s'est empressé de contacter sa famille, toujours en Syrie. J’étais mort de peur, j’ai passé toute la nuit à suivre ce qui s’est passé
, raconte-t-il.
M. Youssef se désole de voir une autre tragédie frapper un pays qui a déjà beaucoup souffert. Les gens, depuis une dizaine d’années, ne font que survivre
, illustre-t-il. Ils manquent de tout.
Il n’y a pas de moyens. Je ne sais pas ce qu’ils peuvent faire, ces gens-là
, conclut-il. Le séisme vient encore en ajouter une couche de plus, une couche qui est hors de notre contrôle.
Avec les informations de Rebecca Kwan et de Gabriel Le Marquand Perreault