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Des abris d’auto pour faire pousser des légumes verts en hiver

Un soleil d'hiver brille sur les serres.

Les serres passives, à l'ombre de l'église Saint-Eusèbe-de-Verceil dans le Centre-Sud.

Photo : Radio-Canada / Anne-Louise Despatie

Il fait -5 degrés Celsius dehors, mais sous les trois abris d’auto convertis en serres dans le quartier Centre-Sud de Montréal, le thermomètre indique presque 7 degrés au-dessus du point de congélation.

Les différentes variétés de laitue, bok choy, radis et autres légumes, choisies pour leur robustesse, y poussent grâce à la seule chaleur du soleil.

Sur cette rue, avant nos serres, c'était juste des stationnements et maintenant, c'est des légumes qui poussent, lance Héloise Koltuk, conseillère en économie circulaire.

Entre la piste cyclable, la patinoire et les jardins communautaires endormis sous la neige, deux organismes de Montréal expérimentent l’agriculture urbaine en hiver.

Les trois jeunes femmes à l'entrée de l'une de leurs serres

Les trois serres passives, c’est-à-dire non chauffées, se trouvent au cœur de l’arrondissement de Ville-Marie, qui a exceptionnellement permis l’installation d’abris d’auto sur son territoire.

Photo : Radio-Canada / Anne-Louise Despatie

C’est le deuxième hiver que le Carrefour solidaire et le Laboratoire sur l’agriculture urbaine tentent cette expérience potagère, pleine de promesses.

« On est dans une rue, sur l'asphalte, aucune serre n’est chauffée. Ça, c'est assez peu commun. »

— Une citation de   Sylvie Chamberland, codirectrice du Carrefour solidaire

Le Carrefour solidaire n’en est pas à ses premières armes. L’organisme est aussi derrière La promenade des Saveurs, un vaste jardin en pots à ciel ouvert dans le Centre-Sud, où quelque 300 personnes viennent faire de l’autocueillette chaque semaine en été.

Puis, il y a deux ans, une idée a germé : utiliser une partie de ces pots pour cultiver des légumes en plein hiver. Le premier hiver a été somme toute concluant, mais on a dû apporter des ajustements. On a, cette fois, fait les semis sur place et plus tôt dans la saison. Aussi, le choix des variétés est mieux adapté à la culture en serre passive.

Des laitues poussent dans ces serres passives.

Les pots en géotextiles sont déposés sur le sol. Ici, des laitues.

Photo : Radio-Canada / Anne-Louise Despatie

Les légumes en feuilles sont ceux qui résistent le mieux au froid, même qu'ils sont meilleurs après un ou deux gels parce qu’ils deviennent plus sucrés, constate Émilie Klein, coordonnatrice d'agriculture urbaine au Carrefour solidaire.

On trouve plusieurs légumes de la famille du chou et des verdures asiatiques comme de la mizuna, du bok choy, de la bette à carde, du kale et même des radis.

Les récoltes hivernales sont forcément plus modestes que les estivales, mais elles ont lieu à intervalles réguliers. La semaine dernière, laitue, mizuna, pak choy, chou vert et kale provenant de la serre ont été servis en salade dans un centre communautaire du quartier.

« En hiver, autrement, il n'y avait rien sur cette portion de rue. Ce qui nous intéressait, c’est de montrer que les villes et les territoires peuvent être nourriciers et profiter à la communauté. »

— Une citation de  Héloïse Koltuk, conseillère au Laboratoire sur l’agriculture urbaine
De belles récoltes à venir tout autour d'elles.

Entourée de verdure, Héloise Koltuk du Laboratoire sur l’agriculture, avec Émilie Klein et Sylvie Chamberland de l’organisme Carrefour solidaire.

Photo : Radio-Canada / Anne-Louise Despatie

Ces serres passives sont une belle façon de mettre en vitrine un autre aspect de l’agriculture urbaine à Montréal, qui fait déjà bonne figure à ce chapitre avec une quarantaine d’exploitations commerciales et une centaine de jardins communautaires.

C’est surtout que c'est pas mal inscrit dans les politiques publiques. C'est une vraie volonté de la Ville de développer ce secteur, fait remarquer Héloïse Koltuk.

Jusqu’à la semaine dernière, l’hiver 2023 avait été plutôt doux, mais la dernière fin de semaine s'est révélée glaciale. En prévision, les pots et leur contenu avaient été recouverts d'une housse de plastique, mais on était confiant. Après tout, ces serres passives avaient déjà flirté avec succès avec -35 degrés l’an dernier.

Des fois, raconte Émilie Klein, on arrivait après une nuit très, très froide, les plantes avaient la mine basse et si le soleil se montrait, ça revenait tout vert.

Quelques affiches pour expliquer aux passants l’expérience d’agriculture urbaine en cours.

Quelques affiches pour expliquer aux passants l’expérience d’agriculture urbaine en cours.

Photo : Radio-Canada / Anne-Louise Despatie

N'empêche, on croisait les doigts. Alors que le froid s'abattait, personne n'a osé se pointer aux serres, de peur de faire entrer l'air froid.

Puis, lundi, ce cri de joie : Toutes les plantes ont survécu aux froids de la semaine dernière, a-t-elle constaté. Elles sont entrées en dormance pour quelques jours. Il y a eu un peu de dommages à certaines feuilles (brunes et molles), mais mis à part ça, tout est encore bien vivant.

Dès que le soleil revient, c’est incroyable de voir combien la température remonte sous le polycarbonate double, souligne Sylvie Chamberland. De là, l’importance de déneiger régulièrement la structure.

Il faut savoir composer avec l’hiver.

Les Montréalais aiment bien faire pousser des légumes dans les jardins communautaires en été. C'est aussi possible en hiver grâce à des serres urbaines chauffées uniquement par le soleil. Reportage d'Anne-Louise Despatie

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