Rencontre des premiers ministres : Scott Moe reste vague sur les transferts en santé
Scott Moe se dit heureux de cette rencontre avec Justin Trudeau, car selon lui, les dirigeants provinciaux et territoriaux ont attendu près de 18 mois pour qu'elle soit possible. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a participé mardi à la rencontre où le gouvernement fédéral a dévoilé son offre concernant le Transfert canadien en matière de santé (TCS). Il a déclaré qu'il a besoin de temps pour analyser cette nouvelle annonce.
Ottawa propose une enveloppe de 46,2 milliards de dollars de plus pour les dix prochaines années, sans aucune condition, dont 2 milliards de dollars dès 2023.
Nous avons besoin de quelques jours pour digérer ce qui a été présenté aujourd'hui. Et quel impact cela pourrait avoir sur nos systèmes de soins de santé provinciaux respectifs
, précise Scott Moe.
Or, l'offre du fédéral ne répond pas aux attentes des premiers ministres provinciaux et des territoires. Selon la première ministre du Manitoba, Heather Stefanson,la proposition d’Ottawa « déçoit » les provinces.
De son côté, mardi, avant le dévoilement de l'offre du gouvernement fédéral, la cheffe de l'opposition néo-démocrate en Saskatchewan, Carla Beck, a affirmé par courriel que le gouvernement fédéral doit respecter le contrôle provincial sur le secteur de la santé
.
Elle ajoute qu’il est important que ces fonds soient alloués aux services de première ligne avec des consultations auprès des experts.
Selon Carla Beck, cela empêcherait qu'un modèle américain de soins de santé à but lucratif soit adopté en Saskatchewan.
Pour sa part, le professeur d’histoire émérite de l’Université de Regina et observateur de la scène politique en Saskatchewan, Stephen Kenny, interroge la division de 25 milliards de dollars entre les provinces.
Selon lui, les priorités et les besoins sont différents pour chaque province. Alors l'argent va être distribué à l'intérêt des exigences de chaque province
, précise Stephen Kenny.
« Le gouvernement fédéral exige des conditions et il semble que les provinces ou au moins certaines provinces sont prêtes à accepter ces conditions. Il faut mettre au dessus de tout la nécessité de faire face à la crise de santé au Canada. »
La présidente du Syndicat des infirmières de la Saskatchewan (SUN), Tracy Zambory, était également à Ottawa pour participer à la rencontre des premiers ministres.
La priorité est de s’assurer qu'il existe des plans concrets de ressources humaines dans le domaine de la santé, soutenus par des investissements financiers suffisants
, écrit-t-elle dans un courriel.
Tracy Zambory souhaite voir des fonds alloués à des solutions visant à recruter et à retenir les infirmières et à faire revenir sur le marché du travail celles qui ont quitté la profession.
Selon le gouvernement fédéral, une première livraison rapide et inconditionnelle de 2 milliards de dollars répondra aux pressions dont les systèmes de santé font face partout au pays.
Les attentes de la Saskatchewan
Avant son départ à Ottawa, le premier ministre de la Saskatchewan avait bon espoir que le fédéral fournira un financement durable pour améliorer le système de santé à travers le Canada.
Il a déclaré dimanche qu’il espère que le gouvernement fédéral accordera une hausse de 28 milliards de dollars à l’ensemble des provinces pour leur permettre de gérer les défis qui leur sont propres.
« Notre plus grand espoir est que le gouvernement fédéral sera un partenaire financier important pour s’assurer que ces financements soient durables pendant des années dans le futur et non seulement pour répondre aux besoins immédiats. »
Scott Moe souhaitait qu’une grosse partie de la somme accordée soit remise à travers le Transfert canadien en matière de santé.
Selon lui, c’est de cette façon que le gouvernement fédéral accorde traditionnellement des fonds en soins de santé aux provinces .
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Le premier ministre de la Saskatchewan a affirmé qu’en province, le gouvernement saskatchewanais a mis en place plusieurs plans pour améliorer le système de santé. Il espère que le financement d’Ottawa viendra appuyer ces projets.
En septembre 2022, la province a établi un plan de recrutement afin de contrer la pénurie de professionnels de la santé.
Le gouvernement de Scott Moe a entre autres annoncé un investissement de 60 millions de dollars pour combattre ce problème.
En décembre dernier, le ministre de la Santé, Paul Merriman, a présidé une mission aux Philippines, dans le cadre de ce plan, afin d’attirer du personnel qualifié dans le milieu de la santé en Saskatchewan.
Scott Moe espèrait aussi que le financement d’Ottawa permettra à la province d’augmenter des services de soins en santé mentale et d’augmenter des lits de traitements pour mieux aider les personnes souffrant de dépendance aux drogues à se faire soigner.
Le premier ministre de la Saskatchewan a affirmé qu’il y aura du travail à faire si le gouvernement fédéral n’accorde pas l’aide financière sollicitée par les provinces.
Scott Moe a également indiqué, lundi, que le soutien financier accordé par Ottawa aux provinces et aux territoires devrait être permanent.
Avec les informations d’Ernst Jeudy et Bryanna Frankel