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Paroisse Saint Kizito : un visage africain de l’église catholique à Winnipeg

L'église de la paroisse Précieux-Sang à Winnipeg en janvier 2023.

L’édifice hélicoïdal de la paroisse Précieux-Sang accueille la communauté de Saint Kizito, principalement le dimanche à 12h30.

Photo : Radio-Canada / Godlove Kamwa

Depuis plus de 13 ans, cette communauté rassemble des immigrants qui veulent particulièrement vivre leur foi dans un contexte culturel africain.

Dans le stationnement de la paroisse Précieux-Sang, Placide Kabanda a du mal à faire débarquer sa grande famille de leur véhicule. Ils sont régulièrement interrompus par d’autres familles qui s’adonnent à des civilités presque interminables : accolades, poignées de main, échanges de nouvelles, etc. Le ballet des voitures se prolonge et plusieurs autres personnes présentes reproduisent la scène dans un froid de tous les diables.

Parmi ces fidèles, originaires d'Afrique subsaharienne pour la grande majorité, certains baragouinent l’anglais ou le français, mais communiquent mieux dans plusieurs langues africaines : lingala, kirundi-kinyarwanda, kiswahili ou d’autres langues bantoues peu connues. À l’intérieur de l’église, les textes des chants interprétés par la chorale apparaissent sur un grand écran. Quand ils ne sont pas dans les langues liturgiques que sont le français et l’anglais, ils sont écrits dans ces langues africaines.

C’est une question d’inclusion parce qu’il y a beaucoup de nationalités représentées au sein de la chorale Saint-Jean-Baptiste, explique sa directrice technique, Emeline Sorel Ngayak Essembion, d’origine camerounaise. En effet, les choristes viennent d’Afrique, d’Inde et des Caraïbes, mais ils chantent et dansent sans distinction de culture.

Selon Mme Ngayak, un choriste est un citoyen universel, il apprend la prononciation pour ne pas écorcher les mots en chantant, puis il se met dans un esprit de louange, et c’est le plus important.

C’est la même Église catholique partout, mais nous y ajoutons notre manière africaine, renchérit Pacifique Muhire, secrétaire du conseil paroissial de pastorale. Ici, je me sens au Rwanda, mon pays d’origine, et je pense que beaucoup partagent ces sentiments.

La chorale Saint-Jean-Baptiste de la paroisse Saint Kizito, en janvier 2023.

La chorale Saint-Jean-Baptiste, qui chante dans plusieurs langues, organise une séance de répétition tous les vendredis.

Photo : Radio-Canada / Godlove Kamwa

La parabole du bon berger

À l’origine, quelques immigrants se regroupent une fois par mois. La messe en Afrique, ça bouge, ça danse et ça crie, je crois que c’est ce qu’ils recherchaient en 2007, raconte Placide Kabanda au sujet des débuts de ce qu’il considère comme une famille . Elle s’est officieusement consolidée à la paroisse Sainte-Marie, rue Des Meurons.

En 2010, l’archevêque de Saint-Boniface crée la paroisse Saint Kizito à la demande de ces fidèles qui voulaient vivre leur foi conformément à leurs cultures.

J’ai accueilli, à l’époque, une dame qui ne parlait que le swahili, raconte Monseigneur Albert LeGatt, décrivant une église d’accueil plus joviale qui célèbre Dieu avec toute la richesse de l’âme africaine, sans trop s’inquiéter du temps. On le voit encore chaque dimanche. Les paroissiens s’éternisent dans des retrouvailles et de longues conversations après la messe.

Le prêtre franciscain Frère Germain Kpakafi de la paroisse Saint Kizito en janvier 2023.

Le prêtre franciscain Germain Kpakafi célèbre la messe en français et en anglais à la paroisse Saint Kizito.

Photo : Radio-Canada / Godlove Kamwa

Depuis que je suis là, il y a eu des anniversaires et des naissances qui sont célébrés. Cela est porté à la connaissance de la communauté et tout le monde y participe, raconte le nouvel administrateur paroissial, frère Germain Kpakafi. Une messe est toujours une fête, selon ce prêtre franciscain, par ailleurs aussi curé de la cathédrale de Saint-Boniface, qui accueille beaucoup d'Africains.

Selon Albert LeGatt, le défi consiste à être une église d’accueil qui identifie les nouvelles familles et les contacte pour leur faire savoir qu’il existe un lieu où elles pourront faire partie de ce qui leur est déjà connu dans leur nouveau pays. C’est un peu à l’image de la parabole de la brebis égarée attribuée à Jésus dans la Bible : le berger doit aller à sa recherche, et s’il la trouve, elle lui cause plus de joie que les nombreuses autres qui ne se sont pas égarées. Albert LeGatt assure que les nouveaux arrivants changent la vie de l’église en l’enrichissant.

Ils ont une chorale fantastique, dit-il, ajoutant qu'il est impressionné par leur sens du partage.

Le prélat voit aussi cette expansion multiculturelle sous le prisme de la cicatrisation de certaines blessures sociales, comme le génocide rwandais.

On voit un Hutu aux côtés d’un Tutsi, et d’ailleurs il est arrivé qu’on ait l’intercession dans 26 langues, se réjouit-il, même s’il reconnaît qu’avec le temps d’autres paroisses, comme celle de la cathédrale, accueillent aussi une forte communauté africaine.

Monseigeur Albert LeGatt pose devant un portrait du pape François à Winnipeg, le 5 avril 2022.

L’archevêque de Saint-Boniface, Albert LeGatt, a créé la paroisse de Saint Kizito à la demande des familles qui voulaient vivre leur foi selon leurs cultures.

Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

À la mémoire du plus jeune martyr africain

Quelques familles d’origine nigériane s’étaient désolidarisées du lancement du projet, pour créer leur propre paroisse qui est devenue, entre-temps, une autre forte communauté catholique africaine à Winnipeg.

La paroisse Saint Kizito, elle, s’emploie à la rétention des jeunes adultes. Elle compte d'ailleurs une population moins vieillissante que dans la plupart des autres paroisses du diocèse. Plus de 40 à 50 % de notre congrégation est jeune, explique le président du conseil paroissial de pastorale, Hector Gaglo.

Cette paroisse porte d'ailleurs le nom d'un enfant. L’appellation paroisse Saint Kizito catholique africaine est un hommage au plus jeune martyr africain : Kizito, qui a été brûlé, à l'âge de 14 ans, en 1886, en Ouganda, pour sa foi chrétienne. Il a été canonisé en 1964 et est considéré comme un saint par l’Église catholique. C’est la communauté elle-même qui a donné ce nom à la paroisse, explique Monseigneur LeGatt, séduit par les conversions qu’inspire cette histoire tragique.

Toutefois, pour faire face aux dépenses de son église, dont la tour hélicoïdale est en forme de tipi, la communauté doit s’associer à une paroisse hôte. En attendant de céder sa place à celle de Nuestra Señora, la paroisse Précieux-Sang est la communauté d’accueil.

Hector Gaglo reconnaît que, financièrement, la communauté de Saint Kizito aimerait faire mieux, mais pour l’avenir il s’en remet à la foi : On est des croyants.

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