La moitié des terres agricoles pourraient disparaître d’ici 2050 à l’Î.-P.-É.

Les producteurs de pommes de terre de l'Île-du-Prince-Édouard préparent leurs champs pour la semence.
Photo : Gracieuseté/Brian McInnis
La disparition des terres agricoles s'accélère à l'Île-du-Prince-Édouard depuis 50 ans.
Selon Statistique Canada, entre 2016 et 2021, la perte des terres s'établit à 12,3 %. Il s'agit de la deuxième baisse annuelle en importance depuis 1971. À cette époque, elle était de 13,3 %. Plus récemment, la baisse s'était maintenue à 3,6 % entre 2006 et 2016.
À ce rythme, la moitié des terres cultivables insulaires aura disparu d'ici 2050.
« J'ai été surpris par l'importance de cette baisse. Nous avons constaté une baisse constante dans les trente dernières années, mais la vitesse semble maintenant s'accroître. »
Trois facteurs pour expliquer le phénomène
Plusieurs éléments permettent d'expliquer cette perte de terres agricoles, dont le nombre de fermiers qui ne cesse de baisser à l'Île-du-Prince-Édouard. D'environ 14 000 en 1900, ils sont aujourd'hui 1195. Un chiffre qui n'avait jamais été aussi bas, excepté au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Ensuite, il y a le phénomène de l'urbanisation. Selon, les données de Statistique Canada, la plus grande diminution de terres agricoles cultivables a eu lieu dans le comté de Queens, principalement autour de Charlottetown. La capitale insulaire a besoin de nouveaux logements pour faire face à la crise du logement, du coup elle s'étend. De nouvelles constructions voient ainsi le jour en lieu et place des terres agricoles.
Enfin, le développement du tourisme a également un impact sur les terres. De nombreux agriculteurs vendent leurs terres proches des côtes insulaires à des propriétaires désirant construire des chalets ou autres maisons.
« La demande en hausse pour le résidentiel, les chalets, combinées au vieillissement de la population agricole sont probablement à l'origine de cette significative augmentation. »
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Impacts majeurs sur les agriculteurs
Tous ces facteurs se répercutent sur les agriculteurs insulaires. Car si le nombre de terres, de fermiers et de bétails diminue, certains continuent d'investir massivement dans le secteur. Toutefois, ces investissements sont de plus en plus compliqués, car coûteux.
Et il est difficile aujourd'hui de prendre de l'expansion, explique Dennis Hogan, un producteur bovin et président de l'Association des producteurs bovins.
« Il y a 10 ans, un acre coûtait 2500 à 3000 $. Aujourd'hui, c'est le triple, cela ne vaut plus la peine d'investir. »
Le gouvernement tarde à réagir
Pour inverser cette tendance, les producteurs insulaires ont soumis leurs demandes au gouvernement provincial.
Selon Donald Killorn, ces demandes sont :
- la mise en place d'une politique pour classer les terres agricoles (plus cher à l'achat pour changer le zonage);
- une meilleure cohérence pour l'aménagement du territoire;
- plus d'aide pour les petits exploitants.
Mais pour le moment la réponse du gouvernement à ces demandes se fait toujours attendre, le gouvernement n'a pas encore suivi nos recommandations sur la façon de gérer cela
, explique Donald Killorn.
Pourtant l'aménagement du territoire est nécessaire et facile à mettre en place, selon Josh MacFayden, professeur à l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard.
« Il faut encourager les insulaires à vivre de manière plus rapprochée. Les nouvelles constructions pour faire face à la crise du logement doivent être plus denses, plus hautes et moins dispersées sur l'île comme à l'heure actuelle. »
De son côté, le gouvernement provincial a répondu par voie de communiqué de presse. Le ministère de l'Agriculture et des Terres a travaillé et continue de travailler pour répondre aux recommandations formulées dans le rapport final sur les questions foncières.
Actuellement, la division des terres traverse une modernisation passionnante qui comprend de nouveaux services, ainsi que de nouveaux postes de dotation pour aider à la fois avec les demandes élevées de permis et de terres à travers l'Î.-P.-É.