Le taux de suicide toujours en baisse au Québec, malgré la pandémie
Cet indicateur a atteint en 2020 son plus bas niveau depuis près de 40 ans. Cependant, la situation se complique chez les jeunes femmes, davantage en proie aux pensées suicidaires.

Chez les hommes, qui affichent un taux de suicide trois fois plus élevé que les femmes, la situation continue de s'améliorer depuis le sommet de 35,3 suicides par 100 000 habitants atteint en 1999. (Photo d'archives)
Photo : iStock
Malgré la détresse psychologique qu’elle a provoquée dans la population, la pandémie de COVID-19 n’a pas fait flamber le taux de suicide au Québec selon les données ajustées de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) pour l’année 2020.
Dans son rapport intitulé Les comportements suicidaires au Québec, l’INSPQ
rapporte que 1055 personnes se sont enlevé la vie au Québec en 2020, ce qui correspond à un taux de 12,3 suicides par tranche de 100 000 habitants.En termes plus simples, on recense environ trois suicides par jour dans la province.
Selon la dernière mise à jour du Bureau du coroner en chef pour l’année 2021, le 16 décembre dernier, au moins 1008 suicides ont été commis au Québec cette année-là. Ce qui s’annonce moindre qu’en 2020.
Ces données sont encourageantes dans la mesure où elles continuent de baisser au Québec, et ce, malgré l’impact du confinement prolongé de la pandémie.
Statistiquement, le taux de suicide n’a jamais été aussi bas en près de 40 ans au Québec, autant chez les hommes que chez les femmes, soulignent les analystes de l’INSPQ
.Le suicide est actuellement la huitième cause de décès au Québec. Le cancer, les maladies du cœur et les maladies chroniques des voies respiratoires étant les trois premières.
Les hommes toujours surreprésentés
Chez les hommes, qui affichent un taux de suicide trois fois plus élevé que les femmes, la situation continue de s'améliorer depuis le sommet de 35,3 suicides par 100 000 habitants atteint en 1999.
Depuis le début des années 2000, le taux de suicide chez les hommes a beaucoup diminué, mais sa progression vers le bas a ralenti depuis quelques années. La donnée de 2020 indique que le taux ajusté de suicide chez les hommes était 18,8 par 100 000 personnes. C’est le taux le plus bas observé depuis 40 ans
, écrit l'INSPQ .
Un recul particulièrement marqué
a aussi été constaté chez les jeunes hommes de 20 à 34 ans qui ont vu leur taux de suicide passer de 47,5 à 18,4 par 100 000 habitants de 1999 à 2020, souligne le rapport de l’Institut.
C’est en contrepartie chez les hommes de 50 à 64 ans qu’on dénombre le plus de suicides, avec un taux de 24 par 100 000 habitants. À titre de comparaison, chez les femmes du même groupe d’âge – qui est aussi le groupe le plus touché dans les statistiques féminines – le taux de suicide est de 7 par 100 000 habitants.
Vous avez besoin d'aide pour vous ou un proche?
- Sur le web : www.suicide.ca(Nouvelle fenêtre) (Nouvelle fenêtre)
- Par téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553)
- Par texto : 535353
Les jeunes femmes davantage en proie aux pensées suicidaires
Après avoir atteint un sommet en 1999, le taux de suicide chez les femmes a constamment diminué pour atteindre en 2020 le taux ajusté le plus bas depuis le début des années 1990, soit 5,9 par 100 000 personnes
, souligne l'INSPQ .
Bien que le taux de suicide chez les femmes soit à son plus bas niveau depuis 30 ans, les données sur les comportements suicidaires des jeunes femmes et des adolescentes préoccupent les chercheurs de l’INSPQ
.Les adolescentes fréquentent beaucoup plus les urgences lors de crises suicidaires
, ont constaté les analystes de l’INSPQ qui citent une récente enquête sur le suicide de leurs collègues de l’Institut national de la Statistique du Québec (Nouvelle fenêtre).
Le fait qu'elles consultent davantage les ressources médicales avant de passer à l'acte par rapport aux hommes est une bonne chose en soi. Ce qui préoccupe, par contre, c'est qu'elles sont de plus ne plus nombreuses à le faire chaque année.
« Selon la dernière Enquête québécoise sur la santé de la population, 11 % des adolescentes de 15 à 19 ans et 6 % des jeunes femmes de 20 à 34 ans mentionnent avoir eu des idées suicidaires sérieuses. C'est presque deux fois plus qu'il y a cinq ans. »
Ce sont les adolescentes de 15 à 19 ans qui présentent la hausse la plus marquée du taux d’hospitalisations pour tentative de suicide qui a atteint 204,9 par 100 000 habitants en 2021 alors qu’il était de 73,5 en 2008 pour cette tranche d’âge.
La situation est aussi inquiétante chez les adolescentes de 10 à 14 ans dont le taux d’hospitalisations pour tentative de suicide est passé de 25,5 à 60,2 par 100 000 habitants en 2019.
Chez les femmes de 20 à 34 ans, le taux d’hospitalisations pour tentative de suicide est quant à lui passé de 45 à 75,7 par 100 000 habitants entre 2008 et 2021.
En 2021, le taux global d'hospitalisations pour tentative de suicide au Québec était de 46,4 par 100 000 habitants, ce qui correspond à 3780 hospitalisations. Le taux d’hospitalisations pour tentative de suicide chez les femmes était de 59,7 par 100 000 habitants, contre 34 par 100 000 habitants pour les hommes.