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Nouvelle entente, nouveau départ pour Renault et Nissan

Logo de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi

L'Alliance Renault-Nissan repart sur des bases « rééquilibrées » et de nouveaux projets industriels, électriques notamment, et dans de nouveaux pays. (Photo d'archives)

Photo : The Associated Press / Thibault Camus

Agence France-Presse

Un « nouvel esprit », moins fusionnel et plus égalitaire : l'Alliance Renault-Nissan repart sur des bases « rééquilibrées » et de nouveaux projets industriels, dans l'électrique et dans de nouveaux pays, après 24 ans de mariage et des rumeurs de divorce.

Alors que Renault détenait 43,4 % de Nissan, les entreprises vont conclure un nouvel accord de 15 ans selon lequel elles auront une participation croisée de 15 %, ont annoncé leurs patrons lundi lors d'une conférence de presse à Londres.

Longues négociations

Renault, Nissan ainsi que Mitsubishi, entrée dans l'alliance en 2016, ont négocié pendant de longs mois les détails de cet accord, validé dimanche soir par le conseil d'administration de Renault, et lundi matin par celui de Nissan. Il devrait entrer en vigueur avant la fin de 2023.

C'est la fin d'une longue domination française, entreprise en 1999 avec l'entrée de Renault au capital de Nissan.

La relation avait été compliquée par la montée surprise de l'État français au capital de Renault, en 2015, puis par la spectaculaire chute de Carlos Ghosn, alors patron de l'alliance, et arrêté fin 2018 au Japon pour des accusations de malversations financières.

Carlos Ghosn parle aux journalistes.

L'ex-PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, qui affirmait avoir fui le Japon pour éviter un complot ourdi contre lui par le constructeur Nissan. Il a été arrêté en 2018. (Photo d'archives)

Photo : afp via getty images / JOSEPH EID

Les discussions achoppaient notamment autour de la question des brevets technologiques de Nissan, selon des sources proches de l'alliance.

Besoin de transparence

Le patron de Nissan, Makoto Uchida, a souligné lundi que ce rééquilibrage était nécessaire pour reconstruire une culture de transparence et de respect entre les constructeurs.

Le PDG du groupe Nissan Makoto Uchida.

Selon le patron de Nissan, Makoto Uchida, l'entente était nécessaire pour rééquilibrer les forces. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / Kim Kyung Hoon

À la base de cet accord, il y a la réactivation des initiatives commerciales et industrielles lancées avec l'Alliance, a souligné le directeur général de Renault, Luca de Meo.

Nous serons cohérents, concentrés sur les résultats, généreux et équitables, comme nous l'avons été pendant ces négociations, a-t-il assuré à M. Uchida.

Changement à l'actionnariat

La presse japonaise, à l'image du quotidien Mainichi, se félicitait lundi de la fin des traités inégaux, une expression faisant référence aux traités imposés au Japon par les puissances occidentales au 19e siècle et qui désavantageaient Tokyo.

Le groupe français va attendre avant de vendre le reste de ses actions de Nissan (28,4 %), car elles valent aujourd'hui beaucoup moins qu'à l'origine et que ce qui est inscrit dans ses comptes. Renault continuera d'en toucher les dividendes.

Dans le cadre de cette alliance aux 375 000 salariés, Renault, Nissan et Mitsubishi collaborent déjà pour de nombreux véhicules, avec des économies à la clé.

Des Renault et Nissan partagent des moteurs, et des Renault sont vendues sous la marque Mitsubishi.

Visées en Inde et en Amérique du Sud

Le nouvel accord s'accompagne de grandes ambitions sur les marchés indien et sud-américain, qui pourraient leur rapporter des centaines de millions ou des milliards d'euros chaque année, a lancé M. de Meo.

Nissan, qui a une usine en Inde, va y commercialiser de nouveaux VUS, dont un dérivé de la petite Dacia Spring.

Au Mexique, où Nissan est un des leaders du marché, le constructeur japonais fabriquera une Renault dans son usine. En Argentine, c'est Renault qui lancera de nouveaux pickups pour Nissan.

Logo de Nissan devant une voiture

Nissan va produire au Mexique une voiture Renault à la suite de la conclusion de la nouvelle entente. (Photo d'archives)

Photo : Associated Press / Carlos Osorio

Les constructeurs envisagent également de lancer sur ces marchés, où leur marge de progression reste énorme, deux petits véhicules électriques communs.

S'il n'y a pas eu de surprise du côté de la gouvernance, tout le monde salue le pragmatisme de ces annonces, a souligné l'analyste Michael Foundoukidis, du cabinet Oddo BHF.

« Ce ne sont pas des projets très éclatants, mais plutôt simples à mettre en œuvre. On repart sur une base moins ambitieuse qu'il y a quelques années. »

— Une citation de  Michael Foundoukidis, analyste au cabinet Oddo BHF

L'objectif était d'essayer de convaincre que les sujets sur la gouvernance ont été traités. Ça va prendre du temps, a poursuivi l'analyste. L'opinion des investisseurs sur l'Alliance est relativement négative, ça ne peut qu'aller mieux.

Réactions mitigées des marchés

L'action de Nissan était en légère hausse lundi à la clôture de la Bourse de Tokyo, tandis que l'action Renault accusait une légère baisse à Paris.

Après cette longue période de troubles, les groupes japonais doivent encore préciser leur implication dans les grands projets de Renault. Nissan a indiqué lundi qu'il allait acheter jusqu'à 15 % des parts d'Ampere, la future filiale électrique du Losange, tandis que Mitsubishi a annoncé son intention de s'y joindre.

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