L’Alberta dépend trop des agences de placement infirmier, disent des critiques

En Alberta, le taux horaire des infirmières syndiquées varient entre 38 $ et 51 $. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Patrick Lacelle
Les hôpitaux et les centres de santé albertains sont devenus de plus en plus dépendants des agences de placement en santé pour trouver des infirmières et des employés pour assurer leurs services. Certains estiment que cette dépendance aura pour effet d'éroder la force de travail du système de santé.
Les données contractuelles publiées par Services de santé Alberta (AHS) montrent que le plus grand fournisseur de soins de santé de la province a plus que décuplé ses dépenses en agences de placement au cours des sept dernières années.
Cela indique à quel point les choses vont mal
, dit Heather Smith, présidente du Syndicat des infirmières unies de l’Alberta. Il n'y a pas de solution miracle pour résoudre la situation du jour au lendemain.
Elle ajoute qu’on demande régulièrement aux 30 000 infirmières en psychiatrie de faire des heures supplémentaires. Elles reçoivent aussi des appels désespérés leur demandant de venir travailler durant leurs jours de congé.
Elle précise que, parallèlement, des recruteurs les contactent pour leur offrir des emplois dans des agences de placement avec des conditions avantageuses, comme un meilleur salaire et la garantie que leurs vacances ne seront pas annulées.
De leur côté, des infirmières communiquent aussi avec les agences de placement.
Nous recevons de plus en plus de demandes [d'infirmières]
, affirme Heather Pringle, propriétaire de l'agence de recrutement Nurse Relief. Elles veulent prendre en main leur propre carrière et être leur propre patronne.
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Une dépendance qui a fortement augmenté ces dernières années
Nurse Relief fournit des infirmières, des infirmières auxiliaires et des aides-soignantes aux établissements de plusieurs provinces. Depuis deux ans, l'entreprise est l'un des principaux fournisseurs de personnel d’AHS
.Durant l’exercice financier 2015-2016, AHS
a payé 400 000 $ pour deux contrats de 12 mois avec deux agences de placement en santé. Cependant, durant l’exercice financier 2021-2022, AHS a signé 15 contrats avec 10 agences de placement pour une valeur totale de 5,2 millions de dollars.Ces contrats ne tiennent pas compte du recours aux agences des centres de santé catholiques, gérés par Covenant Health.
Durant l’exercice financier 2021-2022, Covenant Health avait des contrats avec cinq agences de placement en soins de santé pour un coût total de 259 000 $, mais entre avril et décembre 2022, l’organisation a dépensé 2,2 millions de dollars pour des contrats avec sept agences.
Heather Smith dit que les infirmières des agences de placement étaient normalement envoyées dans les centres de santé en milieu rural.
Cependant, lorsqu'elles sont devenues de plus en plus présentes dans les hôpitaux d’Edmonton et de Calgary, le syndicat a demandé à AHS
de fournir les informations sur le recrutement des infirmières placées par des agences.Selon le syndicat, les agences avaient placé 41 infirmières à l’Hôpital régional de Grande Prairie, 39, à l’Hôpital universitaire d’Edmonton, et une vingtaine, à l'Hôpital régional de Red Deer.
Une forte volonté de recruter du personnel infirmier
Les directions d’AHS
et de Covenant Health veulent recruter plus d'employés et, surtout, les retenir pour ne plus être dépendantes des agences de placement.Steve Buick, l’attaché de presse du ministre de la Santé, Jason Coping, dit que cette dépendance va se résorber au fur et à mesure que des infirmières sont formées.
Le gouvernement subventionne 2500 étudiants dans le domaine des soins de santé. Il subventionne également un programme de transition pour les infirmières formées à l'étranger.
En date du 1er février, AHS
affichait près de 2300 offres d’emplois, dont 78 % sont des emplois de première ligne.Avec des informations de Janet French