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Des dentistes formés à l’étranger peinent à obtenir le droit d’exercer leur métier

« Ce qu’ils exigent de nous surpasse de loin ce qu’ils demandent des dentistes formés au Canada », dit Luca Salvador.

Une femme tient une pancarte qui dit "les Canadiens ont besoin de professionnels expérimentés comme nous. Laissez-nous travailler».

Hadeen dit qu'elle a des années d'expérience et de pratique en dentisterie en Jordanie, au Qatar et au Royaume-Uni.

Photo : Radio-Canada / Mirna Djukic

Des dentistes canadiens qui ont été formés à l’étranger disent se heurter à une série incroyable d’obstacles pour faire reconnaître leurs compétences au pays. Ils demandent au Bureau national d’examen de la dentisterie de revoir le coût, le nombre et la difficulté des examens auxquels ils sont soumis.

Ils étaient une trentaine au square Dundas de Toronto, dimanche, agitant des pancartes avec des slogans comme Laissez-nous travailler ou Tout ce qu’on demande c’est une évaluation équitable. C’était presque tous des dentistes formés en Iran, en Pologne, ou ailleurs, qui tentaient de faire reconnaître leurs compétences au Canada.

Pour y arriver, ils doivent compléter un processus d’équivalence administré par le Bureau national d’examen dentaire du Canada (BNED). Cela inclut trois examens et des milliers de dollars en frais.

Généralement, moins de la moitié des gens inscrits au premier examen obtiennent la note de passage, selon les données du BNED. En 2022, le taux de réussite du troisième examen était de 14 %.

Une des manifestantes, Hadeen, vient d’apprendre qu’elle l’a échoué. Elle peine à contenir sa frustration.

« Je ne sais même pas quoi dire. C’est dévastateur. J’ai payé 9000 $ pour cet examen. »

— Une citation de  Hadeen, dentiste formée à l'étranger

Elle explique qu’elle a étudié neuf ans, en Iran et au Royaume-Uni. Elle a également traité des centaines de patients alors qu’elle travaillait pour le gouvernement du Qatar.

Tout de même, il lui a fallu quatre ans pour passer à travers les premières étapes du processus d’équivalence au Canada. Elle raconte qu’elle a étudié huit heures par jour et suivi toutes les formations possibles pour se préparer à l’examen final.

Elle était certaine d’avoir parfaitement réussi les épreuves, mais on lui a dit qu'elle en avait échoué une. Elle ne sait toujours pas quelle était son erreur.

L'examen consite en sept épreuves cliniques ainsi que dix mises en situation.

Deux fillettes tiennent des pancartes, entourées de manifestants.

Les manifestants, dont plusieurs étaient accompagnés de leurs enfants, scandaient des slogans dimanche au square Dundas.

Photo : Radio-Canada / Mirna Djukic

Mahsa Khodaparast, elle, n’a même pas pu s’inscrire au deuxième examen. Elle dit que, à peine une minute après le début de la période d’inscription, toutes les places étaient remplies.

C’est comme une loterie. C’est insensé que cela arrive dans un pays développé comme le Canada, croit-elle.

Elle comprend mal pourquoi le processus d’équivalence est si compliqué, alors qu’une pénurie nationale de dentistes se profile à l’horizon.

J’ai des amis qui travaillent au Tim Hortons ou pour Uber, mais nous sommes dentistes!

C’est ridicule. C’est de la torture. Nos familles souffrent et nous ne pouvons pas joindre les deux bouts, dit Anthony Rwaga, un autre manifestant.

Au pays depuis un peu plus d’un an, il ne peut pas entamer le processus d’équivalence tant qu’il ne fait pas parvenir ses accréditations, obtenues en Afrique du Sud, au BNED. Or, cela prend plus de temps que prévu. Il a manqué la période d’inscription pour le premier examen.

Le processus d’équivalence a été amélioré, selon le BNED

Radio-Canada n’a pas réussi à entrer en contact avec le BNED avant la publication de cet article.

Selon les informations disponibles sur son site Internet, le processus d’équivalence a cependant été révisé récemment. 

Dans la première des trois évaluations, le nombre de questions est passé de 300 à 200 en 2021. La troisième évaluation a également été modifiée.

Les candidats pouvaient auparavant y obtenir une note de passage s’ils échouaient une des douze épreuves. Ils n’ont plus le droit à l’erreur. Par contre, ils peuvent se réinscrire à l’examen un nombre illimité de fois, alors qu’ils étaient auparavant limités à trois. Le pourcentage de réussite à cette troisième épreuve était de 34 % en 2019. Il a chuté à 14 % en 2022.

« Le BNED [...]est convaincu que ces changements amélioreront la prestation continue d’évaluations justes, valides et fiables de la compétence des praticiens en médecine dentaire débutants au Canada. »

— Une citation de  site web du Bureau national d'examen dentaire du Canada

Trop peu de dentistes pour les besoins au Canada

Le Système de projection des professions au Canada prévoit qu’entre 2019 et 2028, le nombre d’ouvertures d’emplois en dentisterie totalisera 12 200, mais qu’il y aura seulement quelque 7000 dentistes à la recherche d’un poste.

Cela signifie que la dentisterie sera confrontée à une situation de pénurie de main-d'œuvre au cours de la période 2019-2028 au niveau national, indique le SPPC sur son site web.

Le président de l’Association canadienne des dentistes formés à l’étranger (ITDAC), Luca Salvador, affirme qu’il a tenté sans succès d’obtenir une rencontre avec le BNED pour parler du processus d’équivalence.

Nous avons proposé des solutions qui ne coûteraient rien et qui pourraient être implantées avec un simple vote, dit-il.

Il suggère par exemple d’augmenter le nombre de places pour les examens, et de revenir à une formule qui tolère une certaine marge d’erreur dans la troisième évaluation.

L’ITDAC demande également au BNED de vérifier si les dentistes formés au Canada seraient capables de passer des examens aussi sélectifs.

Ils affirment que d’après leurs normes, 100 % des diplômés canadiens devraient être en mesure de réussir ces évaluations sans préparation. Mais ils ne l’ont jamais démontré, affirme M. Salvador.

C’est bien que [le BNED] évalue nos compétences. Mais, il devrait le faire de façon raisonnable et équitable. C’est tout ce qu’on demande.

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